Nucléaire : doublement du volume de déchets
radioactifs d'ici 2030
Selon l'inventaire des
matières et déchets radioactifs publié par l'Andra, les déchets issus de
l'activité nucléaire doubleront d'ici 2030. Le démantèlement de centrales et
d'autres sites devrait fortement contribuer à l'augmentation de ces volumes.
Stockage
de fûts métalliques au Centre de stockage des déchets de faible et moyenne
activités de l'Aube
Comme tous les trois ans,
l'Andra a publié ce 11 juillet un inventaire national des matières et déchets
radioactifs. Celui-ci dresse une photographie des déchets produits à fin 2010
par différentes activités (parc électronucléaire, recherche, défense, industrie
non nucléaire, secteur médical) et permet d'envisager l'avenir grâce à des scénarios
prospectifs de poursuite et d'arrêt du nucléaire. Fait nouveau : pour cette
édition, des représentants de la société civile ont été associés à cet
inventaire : France Nature Environnement, Robin des bois, l'association
nationale des commissions locales d'information (CLI)… Certains sujets font
également l'objet d'un zoom spécifique : les sites pollués et les déchets
immergés après-guerre.
Un doublement des
déchets d'ici 2030
Fin 2010, 1,32 million de
mètres cubes (Mm3) de déchets radioactifs, hors déchets historiques,
ont été produits en France. Ces déchets sont conditionnés en vue de leur
entreposage et stockage. En volume, la plus grande part des déchets est de
faible et moyenne activité à vie courte (FMA-VC, 830.000 m3),
essentiellement issus de l'exploitation et du démantèlement des centrales
nucléaires, des installations du cycle du combustible et de centres de
recherche ; et de très faible activité (TFA, 360.000 m3), issus de
l'exploitation, de la maintenance et du démantèlement des centrales nucléaires.
Mais ce sont les déchets de haute activité, malgré des volumes bien moindres
(2.700 m3), qui constituent 96 % du niveau de radioactivité de
l'ensemble de ces déchets (110 M TBq au total).
Selon un scénario de poursuite du nucléaire (se basant sur une durée d'exploitation des
centrales de cinquante ans), la France comptera 1,9 Mm3 de déchets
radioactifs en 2020 et 2,7 Mm3 en 2030. Alors que les déchets de
très faible activité (TFA) devraient augmenter rapidement avec le démantèlement
des premières centrales et de centres de recherche (de 360.000 m3 fin
2010 à 762.000m3 en 2020 et 1,3 Mm3 en 2030), la plus
grande partie des déchets de moyenne activité à vie longue, issus du traitement
du combustible usé, a déjà été produite aujourd'hui, indique l'Andra. Alors
qu'ils constituent un volume de 40.000 m3 fin 2010, ils devraient
représenter 45.000 m3 en 2020 et 49.000 m3 en 2030.
L'arrêt
des centrales transforme le combustible usé en déchet
Mais ces prévisions
pourraient changer en cas d'arrêt progressif de la production nucléaire en
France. C'est pourquoi l'Andra a étudié deux autres scénarios au delà-de 2030,
jusqu'à la fin de vie et au démantèlement des installations nucléaires : l'un
porte sur une poursuite du nucléaire avec une durée de fonctionnement des centrales
de 50 ans et sur le traitement de l'ensemble des combustibles afin d'alimenter
le nouveau parc ; le second porte sur un non-renouvellement du parc nucléaire
avec une durée de vie des centrales de 40 ans et un arrêt du traitement des
combustibles usés en 2019. Pour le premier scénario, les déchets de haute
activité représenteront 10.000 m3 alors que pour le second, ils
seront répartis entre 3.500 m3 de déchets vitrifiés, 50.000
assemblages (un assemblage est équivalent à 0,2 m3) d'oxyde
d'uranium, 1.000 assemblages de réacteurs à neutrons rapides et 6.000
assemblages de MOX.
De nouvelles capacités
de stockage seront nécessaires
Des centres de stockage
existent pour 90 % des déchets radioactifs produits chaque année, indique
l'Andra. Fin 2010, 72 % du volume de déchets radioactifs produits étaient
définitivement stockés. Pour les déchets de faible et moyenne activité à vie
courte, deux centres de stockage existent. L'un, dans la Manche, est désormais
fermé car les volumes stockés ont atteint la capacité maximale du site (520.000
m3). Le second, dans l'Aube, est en cours d'exploitation. Sa
capacité de stockage de 1 million de mètres cubes (250.000 m3 stockés
fin 2011) "sera suffisante pour accueillir les déchets de
démantèlement", indique Marie-Claude Dupuis, directrice générale de
l'Andra.
En revanche, pour les
déchets de très faible activité, qui augmenteront au fur et à mesure des
démantèlements, le seul centre de stockage de Morvilliers (630.000 m3)
ne suffira pas. Avec un volume de 35.000 m3 de déchets réceptionnés
chaque année, il devrait avoir atteint sa capacité en 2025. L'Andra envisage de
créer un nouveau centre de stockage. Elle étudie également plusieurs pistes
pour réduire le volume des déchets stockés (meilleur compactage des déchets,
valorisation de certains déchets comme les aciers, qui pourraient être
réutilisés dans des centrales nucléaires).
Pour les déchets de faible activité à vie longue, l'Andra devrait, d'ici la fin de
l'année, rédiger des préconisations pour la création d'un nouveau centre de
stockage, après le retrait des candidatures des communes d'Auxon et de
Pars-lès-Chavanges.
En cas de
non-renouvellement du nucléaire, 90.000 m3 de combustible usé
devront être stockés. Le projet de stockage géologique Cigéo (30 km2)
devrait pouvoir accueillir ces déchets selon l'Andra : les déchets de haute et
moyenne activité à vie longue (HA-VL et MA-VL) du parc actuel (58 réacteurs en
exploitation et 1 EPR) ne devrait occuper que la moitié de la capacité de
stockage. "Le projet a été conçu de sorte à ne pas fermer la porte à
des options différentes de politique énergétique. Il est flexible et
adaptable", souligne Marie-Claude Dupuis. En revanche, une décision de
fermeture anticipée de centrales nucléaires pourrait poser des problèmes de
calendrier : le site devrait ouvrir en 2025.
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France
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Nota :
Les
déchets historiques immergés Entre 1942 et 1986, la France a immergé 17.400 tonnes de
déchets radioactifs : 14.200 tonnes dans l'Atlantique et 3.200 tonnes dans le
Pacifique. Plusieurs sites de stockage se situent près des côtes françaises. En
1969, 9.000 tonnes de déchets ont été immergés dans l'Atlantique, à 900 km des
côtes bretonnes par la Belgique, la France, le Royaume-Uni, l'Italie, les
Pays-Bas, la Suède et la Suisse. De 1971 à 1982, 123.000 colis ont été immergés
dans la Manche, à 1.000 km des côtes françaises par la Belgique, le
Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Suisse. Dans l'Atlantique, des campagnes de
surveillance menées dans les années 80 "n'ont montré aucune
augmentation importante des concentrations des radionucléides représentatifs
des déchets immergés", indique l'Andra. La surveillance a donc été
suspendue. En revanche, dans le Pacifique, la surveillance a été maintenue même
si elle n'a pas permis de constater d'élévation de la radioactivité.
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