Pussy Riot n'en finit pas de faire des vagues dans
la Russie de Poutine
(Photo : Trois
membres du groupe punk Pussy Riot, Nadezhda Tolokonnikova (c), Maria Alyokhina
(d) et Yekaterina Samutsevich (g) pendant une audience à Moscou le 20 juillet
2012 Natalia Kolesnikova)
Le 21 février, cinq jeunes
femmes se sont avancées sans bruit dans la cathédrale du Christ-Sauveur à
Moscou, avant d'enfiler des cagoules et d'entonner une chanson contre Vladimir
Poutine. Ce coup d'éclat du groupe Pussy Riot n'a duré qu'une minute, mais n'a
pas fini de faire des vagues.
A la suite de ce petit
"concert" improvisé, trois d'entre elles ont été arrêtées et sont
depuis quatre mois derrière les barreaux. Elles encourent jusqu'à sept ans de
prison pour "hooliganisme" à l'issue de leur procès, entamé le 23
juillet et dont la prochaine audience aura lieu lundi dans la capitale russe.
Le chanteur du groupe de
rock américain Red Hot Chili Peppers, Anthony Kiedis, et le Britannique Sting
ont pris la défense des jeunes femmes, Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina
Samoutsevitch, 29 ans, et Maria Alekhina, 24 ans. Cependant qu'Amnesty
International les considère comme étant des "prisonnières d'opinion".
Une célébrité
embarrassante pour Poutine et l'Eglise russe
En réagissant de façon si
sévère, les autorités ont apporté une immense notoriété à ce groupe de punk
rock il y a peu encore obscur et cela risque fort de se retourner en fin de
compte contre Vladimir Poutine et l'Eglise orthodoxe, relèvent certains
observateurs.
Le tribunal moscovite
chargé de l'affaire Pussy Riot, qui a ordonné le maintien en détention des
trois prévenues jusqu'en janvier 2013, a à cet égard rejeté sans surprise la
requête des avocats de la défense en vue de faire citer en tant que témoins à
la fois le président russe et le patriarche de Moscou et de toutes les Russies,
Kirill.
Les enquêtes d'opinion
montrent que les Russes éprouvent de plus en plus de sympathie pour la cause de
ces femmes qui avaient interprété avec guitares et sonorisation une
"prière punk" intitulée "Marie mère de Dieu - chasse Poutine
!" afin notamment de dénoncer la collusion de l'Eglise et de l'Etat dans
leur pays.
Selon un sondage réalisé
ce mois-ci par le centre indépendant Levada, 50% des gens en Russie ont une
vision "négative" de ce procès, contre 36% qui approuvent la
comparution des accusées devant les juges, alors même qu'en mars, 46%
estimaient qu'elles devaient être jetées en prison.
En juin, plus de cent acteurs et autres
représentants du monde de la culture de premier plan, dont certains ont
officiellement soutenu Vladimir Poutine dans le cadre de la dernière élection
présidentielle, en mars dernier, ont signé une lettre ouverte appelant à leur
libération.
Une des Bouranovskie
Babouchki, les vieilles villageoises qui ont représenté la Russie à
l'Eurovision-2012, s'est elle aussi indignée du sort réservée aux jeunes
femmes.
De très sérieux
commentateurs ont été jusqu'à établir un parallèle entre le cas des trois
membres de Pussy Riot et celui de Mikhaïl Khodorkovski, l'ex-richissime homme
d'affaires et détracteur du régime emprisonné depuis 2003.
"Trois filles hardies sont à l'origine d'une grandiose affaire judiciaire
comparable à l'affaire Ioukos", du nom de la compagnie pétrolière dont M.
Khodorkovski était le patron, écrivait ainsi jeudi le journal économique
Vedomosti. Pussy Riot pour une «prière anti-Poutine»
Le procès de trois jeunes
femmes, membres du groupe de punk Pussy Riot, en détention depuis plus de
quatre mois pour une «prière anti-Poutine» dans la principale cathédrale de
Moscou, s'est ouvert ce vendredi dans la capitale russe.
Nadejda Tolokonnikova, 22
ans, Ekaterina Samoutsevitch, 29 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, qui encourent
jusqu'à sept ans de prison pour «hooliganisme», sont apparues souriantes dans
la cage des prévenus au début de cette audience au tribunal Khamovnitcheski de
Moscou, selon une journaliste de l'AFP.
Elles risquent sept ans de prison
De nombreux journalistes
se sont bousculés dans les locaux du tribunal qui doit notamment fixer vendredi
les dates des audiences suivantes et décider si celles-ci seront ouvertes au
public ou se dérouleront à huis clos.
Les trois jeunes femmes
sont poursuivies pour avoir improvisé le 21 février, encagoulées, avec guitares
et sonorisation, une «prière punk» intitulée «Marie mère de Dieu - chasse
Poutine !» à l'intérieur de la cathédrale du Christ-Sauveur, dans la capitale
russe.
Elles encourent sept ans
de prison pour «hooliganisme». Les 100 artistes russes qui ont pris la défense
de ces jeunes femmes en publiant une lettre ouverte dans laquelle ils
appelaient à leur libération, estimant que de telles poursuites «discréditaient
le système judiciaire russe».
Motivations politiques
«La décision du tribunal
ne dépendra pas de la loi mais de ce que veut le Kremlin», estime Lioudmila
Alexeïeva, militante historique des droits de l'homme qui dirige le groupe
Helsinki de Moscou. Les audiences auront lieu dans le tribunal où le magnat du
pétrole Mikhaïl Khodorkovski a été condamné en 2010. Le procès de l'ancien
dirigeant de la compagnie Ioukos s'apparentait déjà, selon de nombreux hommes
politiques occidentaux, à une tentative du Kremlin pour écarter une
personnalité représentant une menace politique.
Si les deux tiers des 142
millions de Russes appartiennent à l'Eglise orthodoxe, le nombre de pratiquants
est cependant bien moindre. Pour les partisans des prévenues, ce procès a
surtout des motivations politiques. «Elles sont en prison pour avoir fait
quelque chose d'inoffensif», a dit Sergueï Khramov, employé au palais de
justice où se tiendra le procès. Cette affaire, a-t-il ajouté, l'a poussé à
participer jeudi dernier à son premier rassemblement de l'opposition car «notre
Etat nous fait honte». La manifestation de «Pussy Riot» était destinée à mettre
en lumière les liens étroits entre l'Eglise orthodoxe et Vladimir Poutine,
alors Premier ministre et qui avait reçu le soutien du patriarche Cyrille dans
la campagne à l'élection présidentielle du 4 mars. «Nous n'avons pas prononcé
de mots insultants à l'égard des croyants, de l'Eglise ou de Dieu», ont assuré
les prévenues dans une déclaration lue à haute voix par l'avocate Violetta
Volkova au cours de cette nouvelle audience retransmise en direct sur le site
internet du tribunal Khamovnitcheski, situé dans la capitale russe.
«Nous n'avons procédé à
aucune agression (...), nous n'étions animées que par l'envie d'améliorer la
situation politique», insistent-elles. Réagissant à l'énoncé de l'acte
d'accusation, dans lequel il est écrit que les trois femmes ont été guidées par
«la haine de la religion», Samoutsevitch et Tolokonnikova ont plaidé
non-coupable, tandis qu'Alekhina a affirmé à plusieurs reprises «ne pas
comprendre les chefs d'accusation».
Le sort des trois jeunes
femmes, dont deux sont mères de jeunes enfants, a fait les gros titres des
journaux. Plusieurs gouvernements étrangers et des associations de droits de
l'homme, ainsi que des musiciens, à l'image de Sting ou des Red Hot Chili
Peppers, ont fait part de leur inquiétude sur l'issue de ce procès. Amnesty
International a dénoncé lundi un procès «ayant des motivations politiques» et
réclamé la «libération immédiate» des trois jeunes femmes. Pour sa part, le
Premier ministre russe Dmitri Medvedev a exhorté à ne pas dramatiser cette
affaire et à garder son «calme», en attendant «la fin de l'enquête et le
jugement».
Bien que la justice ait
promis un procès public aux trois jeunes femmes, autorisant la retransmission
en direct des audiences, le tribunal a interdit - pour des raisons de sécurité
- la prise d'images vidéo et de photos pendant l'intervention des témoins, à la
demande du parquet.
MCD-APL
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