La hargne de l’opposition face au tranquille M. Ayrault
Autant
que la déclaration de politique générale du premier ministre, ce sont
les premiers pas de l’opposition que l’on guettait cette semaine à
l’Assemblée nationale. Côté spectacle, tout y était : grognements,
lazzis, invectives et pour finir départ en masse de l’hémicycle.
C’était aussi agité qu’était soporifique
le long discours du premier ministre. Côté efficacité politique , on
peut en revanche douter car tout paraissait surjoué dans les critiques
de l’UMP contre Jean-Marc Ayrault et son gouvernement, accusés
d’organiser « l’affaiblissement de la France », le «déclassement économique et social des français » ou encore « l’asphyxie de l’industrie. »
La droite laissait transpirer contre le
tranquille M Ayrault une sorte de hargne, comme si , une fois de
plus, elle ne pouvait se résoudre à la victoire de la gauche, trouvait
illégitime l’élection de François Hollande dont certains se complaisent à
souligner qu’il n’a disposé que de 49,5% des voix des Français, eu
égard à l’ampleur de l’abstention et des votes blancs et nuls .
En réalité, l’UMP a un problème de
calendrier. En théorie, elle dispose de quatre ans pour sélectionner un
nouveau leader par le biais de la primaire . C’est amplement suffisant
pour mener l’inventaire du sarkozysme, clarifier ses valeurs, définir
une ligne et se ranger derrière un nouveau champion .
Sauf que la guerre Copé/ Fillon a déjà
commencé, aussi rapide que brutale, avec comme première échéance la
présidence de l’UMP fin novembre, première étape vers la
présidentielle. Tout le parti se trouve électrisé par cette compétition
qui amène les deux camps à vouloir souder leurs troupes sur le dos du
gouvernement socialiste en agitant le lance flammes sur toutes ses
annonces.
Or, M .Ayrault est le parfait décalque
de François Hollande. Plus cela s’annonce dur, plus il fait le dos rond,
évite les attaques, invoque l’intérêt général, joue le temps long pour
renvoyer l’opposition à sa propre violence et à sa propre impatience .
L’arroseur arrosé
Un qui l’a bien compris est Jean- Louis
Borloo . Sur le double échec de Nicolas Sarkozy et de François Bayrou,
le député du Nord tente de repositionner le centre sur ses fondamentaux:
les pieds bien à droite mais la tête plus à gauche. Lui pratiquera
l’opposition constructive, il combattra le gouvernement en général mais
lui apportera un soutien ponctuel lorsque « l’intérêt général » sera en
jeu.
C’est une opposition adaptée au temps de crise qui laisse la porte
ouverte à de possibles recompositions . Elle n’est pas sans rappeler
celle qu’avait pratiquée Raymond Barre, après la victoire de François
Mitterrand en 1981 avec le résultat que l’on sait : sept ans plus tard,
le centriste n’avait pas peu contribué à la réélection du président
sortant.Françoise Fressoz
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