À l’heure où ces lignes sont écrites,
Loukas Papadémos vient de former le nouveau gouvernement dit « d’entente
nationale » appelé à succéder à celui du démissionnaire Georges
Papandréou. Il a fallu plusieurs jours de tergiversations et d’âpres
négociations entre le PASOK (social-démocrate), toujours majoritaire au
Parlement, et la Nouvelle Démocratie (ND, opposition de droite), sans
oublier le rôle particulièrement actif de l’extrême droite du LAOS
[Rassemblement Populaire Orthodoxe], pour arriver à ce résultat.
Au final, un gouvernement dont les
principaux portefeuilles économiques et sociaux restent aux mains du
PASOK, la droite se cantonnant à deux ministères « régaliens » (Défense,
Affaires étrangères). Un gouvernement également marqué par la
participation de l’extrême-droite, pour la première fois depuis la chute
du régime militaire (1974), qui se voit attribuer un ministère
(Transports et Travaux publics) et trois secrétariats d’État.
Mais, bien plus que ces manœuvres
politiciennes, ce sont les pressions des gouvernements allemands et
français et de ce qu’on appelle les « marchés » qui ont permis d’aboutir
à ce résultat. Ancien vice-président de la Banque Centrale Européenne
(BCE), de 2002 à 2010, Papadémos, membre de la Commission Trilatérale,
fut directeur de la Banque Centrale de Grèce entre 1994 et 2002 et, de
ce fait, l’un des architectes de l’entrée de la Grèce dans l’euro, aux
côtés de son mentor en politique, l’ancien Premier ministre
social-démocrate « moderniste » Costas Simitis, le principal architecte
du néolibéralisme en Grèce, considéré comme particulièrement proche des
milieux d’affaires allemands.
Autant dire qu’avec ce nouveau Premier
ministre, ce sont de façon quasiment directe les milieux financiers
européens, et secondairement grecs, ainsi que les pays du directoire de
l’Union Européenne (UE) qui gouvernent le pays, au mépris de tout mandat
populaire, dans ce qui peut être considéré comme le premier « coup
d’État blanc » conçu et mis en œuvre par cette même UE et les banquiers
dont elle est le fondé de pouvoir. Les formulations de Marx à propos de
la monarchie de Juillet, selon laquelle cette dernière est le « règne
d’une fraction seulement de la bourgeoisie, l’aristocratie financière »
et le régime tout entier une « société par actions pour l’exploitation
de la richesse nationale » [1] retrouvent ainsi une nouvelle
jeunesse. À ceci près que cette aristocratie financière est à présent
essentiellement multinationale, et avant tout européenne, les
spéculateurs et profiteurs d’aujourd’hui siégeant dans les conseils
d’administration des banques (et institutions financières) allemandes,
françaises et de la BCE [2].
Comment comprendre de façon plus
profonde ce bouleversement spectaculaire du paysage politique, qui a vu
en une dizaine de jours l’ex-Premier ministre Papandréou annoncer un
référendum, se rétracter, gagner un vote de confiance au Parlement pour
finalement démissionner et laisser la place à un gouvernement
d’« entente nationale » aux ordres des financiers et de l’UE ?
Précisons d’entrée de jeu ceci :
contrairement à une impression largement répandue dans et par les médias
internationaux, ce n’est pas l’annonce d’un référendum portant sur les
décisions du sommet européen du 27 octobre 2011 qui a précipité les
événements, mais la situation pré-insurrectionnelle dans laquelle la
Grèce a plongé depuis les journées du 19 et 20 octobre et, de façon
encore plus nette, depuis les émeutes qui ont accompagné les
commémorations de la fête nationale du 28 octobre. C’est du reste
précisément à cette situation que venait répondre l’initiative à haut
risque, et qui s’est révélée fatale pour son sort, de Papandréou [3].
En ce sens, les derniers événements
doivent être compris comme le prolongement logique des tendances qui
sont apparues en juin dernier, lorsque la mobilisation du « peuple des
places » atteignit un pic et déclencha la première phase de la crise
politique [4]. Papandréou s’est alors placé pour quelques heures en
position de démissionnaire à la recherche d’un accord de gouvernement
d’« entente nationale » avec le dirigeant de l’opposition de droite
Antonis Samaras [de la ND]. Si cet épisode s’est rapidement clos par un
simple remaniement gouvernemental, il n’en a pas moins mis en évidence
les trois principaux déterminants de la séquence qui débouche sur la
situation présente :
une montée des mobilisations, qui prennent l’allure d’un véritable soulèvement populaire ;
l’accentuation de la crise du système politique et sa transformation en crise de l’État » ;
le rôle de type néocolonial de l’UE devenue acteur de premier plan de la scène politique du pays.
l’accentuation de la crise du système politique et sa transformation en crise de l’État » ;
le rôle de type néocolonial de l’UE devenue acteur de premier plan de la scène politique du pays.
Une brève analyse de ces trois facteurs
s’avère donc nécessaire avant d’aborder la question des perspectives de
la gauche radicale dans cette conjoncture nouvelle.
Le soulèvement populaire
La grève générale de 48 heures des 19 et
20 octobre [voir documentaire sur A l’Encontre TV] a confirmé que le
cycle de mobilisation entamé dès le vote, le 5 mai 2010, du Mémorandum
entre le gouvernement grec et la désormais fameuse « Troïka » (UE, BCE,
FMI) était entré dans une nouvelle phase. L’ampleur et la combativité
des manifestations, leur diffusion dans l’ensemble du territoire [5], la
composition sociale élargie des participants (salariés du public et du
privé, chômeurs, jeunes, petits commerçants et entrepreneurs,
retraités), mais aussi la préparation de ces deux journées par toute une
série d’actions aux formes souvent inédites (occupations de bâtiments
publics, y compris des sièges de ministères et de préfectures, refus de
payer les nouvelles taxes, grèves prolongées dans certains secteurs
comme les éboueurs ou le personnel hospitalier), tous ces éléments
dressent le tableau d’une mobilisation ouvrière et populaire ascendante,
disposant d’importantes réserves et de l’appui majoritaire du corps
social.
Pour le dire autrement, ce à quoi nous
avons assisté dans les rues d’Athènes et des villes du pays, c’est à la
convergence du « peuple des places » du printemps dernier (dont la masse
se composait d’électeurs révoltés des deux « partis de gouvernement »,
PASOK et ND) et du mouvement populaire organisé. Le renforcement du rôle
joué par ses composantes traditionnelles, syndicales et politiques, a
joué dans ce sens, notamment la mobilisation du Parti Communiste Grec
(KKE) et de son front syndical (PAME). Sous la pression de sa base et de
son environnement social, ce parti s’est démarqué de la routine qu’il
affectionne, qui consiste à faire défiler ses propres cortèges de façon
soigneusement distinctes du reste des manifestants, et a voulu occuper
le terrain de façon visible et prolongée, en organisant l’encerclement
du Parlement le 20 octobre 2011. Certes, il s’y est pris avec son
sectarisme coutumier, refusant une fois de plus toute unité d’action
avec les autres forces de la gauche radicale. Cela ne saurait toutefois
justifier en aucune façon l’attaque militarisée, à visée meurtrière
(cocktails molotov lancés contre le service d’ordre et les cortèges du
PAME), dont il fut la cible de la part d’une partie de la mouvance Black
Bloc et qui s’est soldée par la mort d’un ouvrier du bâtiment, militant
du PAME, et par l’hospitalisation d’une quarantaine de manifestants
issus de ses rangs, dont trois dans un état grave [6].
Malgré ces incidents, qui ont laissé un
goût amer, une dynamique d’action de rue s’était mise en place, qui a
resurgi lors des manifestations qui ont éclaté à l’occasion des
commémorations du 28 octobre [7]. Des manifestations que l’on peut
considérer comme l’équivalent sur le plan symbolique d’une « prise de la
Bastille » à la grecque. En ce jour de confirmation des autorités de
l’État dans leur rôle de représentant de la nation, appelée à défiler
sous leur regard, celles-ci sont un peu partout chassées de leur place
physique et symbolique, à savoir des tribunes officielles [8], aussitôt
envahies par la foule. Une foule qui déclare de la sorte qu’elle est la
seule incarnation légitime du tout social. Cette conquête symbolique de
la place vide, ou plutôt vidée, du pouvoir par le peuple « en personne »
s’est également exprimée par la multiplicité des significations qui ont
marqué cette journée : slogans liant le « non » de 1940 avec la
situation présente et assimilant les gouvernants actuels aux
« collabos », reprise de chants de la Résistance et de la lutte contre
la dictature des colonels, drapeaux allemands et de l’UE brûlés devant
des foules en liesse. Comme a pu le constater le correspondant du Monde,
« la journée s’est transformée en journée du non à la « Troïka » et à l’austérité »[9].
Tout cela indique que pour de larges secteurs sociaux émerge un récit
national et populaire alternatif à celui du pouvoir, qui fait converger
la dimension sociale et la dimension nationale de la protestation et
relie le présent avec la mémoire populaire de la « longue durée »
historique.
Un seuil symbolique a ainsi été franchi
et il semble peu probable de voir la mobilisation retomber, même si sa
reprise passera par une période d’adaptation à la situation nouvelle
crée par le bouleversement au sommet de l’État. D’autant que la
situation économique du pays, déjà dramatique, ne cesse d’empirer : le
taux de chômage a officiellement atteint 18,4%, mais est plus proche des
25% dans la réalité ; les salarié·e·s et les retraité·e·s ont perdu
environ un tiers de leur revenu ; les taxes exorbitantes récemment
votées achèvent de saigner les ménages ; les services publics sont en
ruine ; le taux de suicide, traditionnellement l’un des plus faible
d’Europe, a bondi de 40 % en un an ; tandis que la situation sanitaire
de la population se détériore de façon dramatique, comme le révèle une
étude publiée dans la prestigieuse revue médicale The Lancet [10], qui
conclut à une « tragédie grecque ».
Dans ces conditions, il apparaît tout
simplement impensable qu’un gouvernement s’apprêtant à administrer à une
population exsangue une nouvelle potion d’austérité puisse tenir
longtemps.
L’approfondissement de la crise politique
Par son ampleur et son aspect inédit, à
savoir l’entrée en scène de masses jusqu’alors relativement passives et
dépourvues de culture politique cohésive, le « mouvement des places » du
mois de juin créait les conditions de la transformation de la crise
économique et sociale en crise politique généralisée. Une crise que nous
pouvons, en référence aux analyses de Gramsci, qualifier de « crise
organique ». La montée en puissance de la protestation populaire
révélait un moment de rupture des rapports établis de représentation
entre les principaux groupes sociaux et leurs formes d’expression
partidaire qui se traduit par « le passage soudain [de
ces groupes] de la passivité politique vers une forme d’activité et de
revendication qui, dans leur unité non-organique constituent une
révolution ». Cette crise, poursuit le révolutionnaire italien, devient
alors « une crise de pouvoir, et c’est en cela exactement la crise
d’hégémonie ou crise de l’État dans son ensemble »[11].
Confronté à une situation de crise
généralisée, le système politique tend à s’autonomiser des rapports de
représentation et des règles de l’alternance parlementaire. Gramsci
parlait de tendance au « bonapartisme » ou au « césarisme », qui peuvent
s’imposer même « sans César, sans personnalité héroïque et
représentative ». Dans un régime parlementaire, ces solutions prennent
la forme de gouvernements de « grande coalition », qui lient de façon
directe des intérêts économiques et sectoriels des classes dominantes
avec des fractions du personnel politique détachées de leurs attaches
partidaires antérieures. Différentes en cela du phénomène bonapartiste
personnalisé et circonscrit au XIXe siècle, ces solutions offrent bien
plus de souplesse au prix, cependant, d’une instabilité chronique. Il
n’en reste pas moins qu’il s’agit de formes de construction d’un bloc de
pouvoir qui contournent (et/ou altèrent très significativement) les
médiations de type représentatif et la légitimation électorale, sans
toutefois rompre explicitement avec le cadre parlementaire existant,
même si elles peuvent, le cas échéant, préparer le terrain à une telle
évolution [12].
C’est dans ce cadre qu’il faut situer le
processus de constitution d’un gouvernement d’« entente nationale »,
tel que celui dirigé par Papadémos. L’idée était dans l’air depuis un
certain temps, et elle fut brièvement testée, nous l’avons vu, en juin
2011. Mais l’urgence d’une telle issue ne s’est imposée qu’avec la
tournure explosive prise par la protestation populaire lors la séquence
insurrectionnelle qui s’est déployée entre le 19 et le 28 octobre. Des
indices comme la paralysie quasi-complète de l’administration d’État,
accentuée par la vague d’occupations de bâtiments publics, ou le soudain
remplacement de la totalité de l’état-major militaire, qui ne faisait
pas un secret de son opposition aux coupes budgétaires qui affectent
profondément l’armée, ont également poussé en ce sens, révélant que le
fonctionnement de la machinerie étatique était atteint en son cœur même.
Il est d’usage, dans de telles
circonstances, que les pouvoirs chancelants prennent des initiatives qui
finissent par répandre le feu qu’elles étaient censées contrôler, sinon
éteindre. L’annonce d’un référendum par Papandréou, censé porter sur
l’accord conclu lors du sommet européen du 27 octobre, était
l’exemple-type d’un tel geste qui, indépendamment des intentions de son
auteur, a néanmoins fonctionné comme un test de vérité pour le système
politique grec et pour l’UE tout entière. Le défi lancé par le dirigeant
du PASOK a semé la panique sur les places boursières et provoqué la
colère du directoire franco-allemand, qui, de façon tout à fait
explicable, bondit au seul énoncé du mot de « référendum », l’UE n’étant
guère sortie grandie des précédents épisodes du genre, et ce dans des
conditions incomparablement plus favorables que celles offertes par la
situation de la Grèce. L’humiliation subie par Papandréou au sommet de
Cannes [début novembre], sans précédent pour un dirigeant de pays
européen, était la conséquence logique de cette fausse, car bien trop
tardive, naïveté démocratique.
Sur le front intérieur, le geste de
Papandréou, suivi par les pressions directes exercées par les dirigeants
européens, a sans doute davantage apporté le résultat escompté. Il a
certes révélé que le Premier ministre sortant était contesté au sein de
son propre parti « sur sa droite », par une aile d’intégristes
néolibéraux regroupés autour de ce que l’on qualifie de « talibans du
Mémorandum » ou de « troïka interne » [13], qui a immédiatement rejeté
l’idée du référendum et mis en avant l’idée d’un gouvernement d’« unité
nationale ». S’il a sapé un peu plus la cohésion de son propre parti,
Papandréou a toutefois marqué des points face à l’opposition de droite.
Placée devant la quasi-certitude d’une
victoire du « non » aux accords du 27 octobre et du chantage exercé par
l’UE (un « non » équivaut à la sortie de l’euro), la droite a
vigoureusement combattu la proposition de référendum. Mais, dans la
foulée, elle s’est également vu contrainte de céder aux exigences de
« consensus » formulées dès le début de la crise de la dette par les
milieux d’affaires et les dirigeants européens. De son côté, l’extrême
droite, championne dès le printemps 2010 d’une « entente nationale »
pour mettre en œuvre de façon musclée la « thérapie de choc », s’est
sentie triompher. Son leader, Giorgos Karandzaféris, s’est posé
ouvertement comme le « parrain » du nouveau gouvernement d’« unité
nationale », qui lui permet d’accéder à la respectabilité
institutionnelle tant désirée. Les formations périphériques du
centre-droit (la petite formation ultra-libérale et européiste Alliance
Démocratique de Dora Bakoyanni, challenger de Samaras à la direction de
la ND en novembre 2010) et du centre-gauche (la Gauche démocratique,
issue d’une scission droitière de Synaspismos, et les écologistes) leur
ont emboîté le pas, avec quelques réserves de formes pour ces dernières.
La voie était de la sorte ouverte pour le processus qui a abouti à la
constitution d’un gouvernement dirigé par le banquier Papadémos,
incarnation naturelle d’un bloc au pouvoir entièrement dominé par les
intérêts de la finance européenne.
L’UE en tant que puissance néocoloniale
Le rôle de l’UE dans cette affaire
mérite assurément quelques remarques spécifiques. À supposer en effet
qu’il subsistât encore en Grèce quelques apparences de souveraineté
nationale et de fonctionnement démocratique, fût-il « formel », des
institutions parlementaires, celles-ci appartiennent désormais à un
passé révolu. La façon dont Papandréou fut contraint de se rétracter sur
le référendum, après s’être vu dicter de la façon la plus humiliante
les termes de la question qui serait posée (et même la date de sa
tenue !), les conditions de son départ du pouvoir ainsi que les
manœuvres qui se sont déroulées dans l’opacité la plus totale afin de
constituer le gouvernement d’« entente nationale » constituent au sens
le plus strict un « coup d’État blanc », le premier dont la conception
et la mis en œuvre se sont faites sous la houlette de l’UE.
Faut-il souligner à quel point ce
gouvernement est dépourvu de la moindre légitimité démocratique, dans le
sens le plus banal du terme, telle qu’elle s’est notamment exprimée
dans le scrutin d’octobre 2009 ? Et pourtant, la tâche qui lui est
explicitement confiée (application des accords du 27 octobre, avec des
mesures d’austérité encore plus graves que toutes les précédentes,
accompagnées de la mise sous tutelle permanente et de la vente à l’encan
de la quasi-totalité du patrimoine public restant) engagera le pays
pour les décennies à venir.
Deux éléments donnent une idée du
radicalisme néolibéral qui anime Papadémos et ceux qui l’entourent. Dans
un article publié simultanément dans le quotidien grec To Vima et le Financial Times
le 23 octobre [14], l’actuel Premier ministre avait récusé la
proposition de décote de 50% de la dette grecque détenue par les banques
et autres institutions privées, qui fut finalement adoptée par le
sommet européen du 27 octobre, et voulait s’en tenir à la seule décote
de 21% prévue par le sommet du 21 juillet, sous la pression de Sarkozy,
et quasi-unanimement jugée scandaleusement favorable aux banques et
totalement insoutenable pour le pays. Mieux vaut donc miser sur la
« générosité », ou le réalisme, d’Angela Merkel en matière de paiement
de la dette grecque que sur l’actuel Premier ministre. Par ailleurs,
l’une des principales exigences de Papadémos et de ses soutiens
européens, dans la lignée de leur refus obstiné du référendum, a
consisté à écarter l’idée d’élections anticipées qui étaient pourtant
l’une des conditions que Samaras et la ND avaient posé pour leur soutien
à un éventuel gouvernement d’« unité nationale ». La confusion continue
de régner à ce sujet, Samaras ayant repris dans sa déclaration
postérieure à la formation du gouvernement la date du 19 février qu’il
avait initialement annoncé. Assumant pleinement la logique bonapartiste
évoquée auparavant, Papadémos et l’UE ne veulent pas d’une simple équipe
de transition, chargée d’une mission limitée. C’est bien un
gouvernement de combat qu’ils entendent mettre en place, comme le
souligne, sous couvert d’anonymat, l’un des anciens collègues du Premier
ministre à la BCE : « à la tête du gouvernement grec, il devra apprendre cependant à trancher durement, à faire des mécontents » [15]. Nul doute que, flanqué de ses ministres du LAOS et des zélateurs de la « troïka interne », il apprendra très vite…
Quoi qu’il en soit, les masques sont
tombés : l’UE apparaît pour ce qu’elle est, une menace mortelle pour les
règles démocratiques les plus élémentaires, celles-là même du régime
parlementaire libéral. Car il ne faut pas se tromper : la simultanéité
des changements de gouvernement en Italie et en Grèce, la prise du
pouvoir dans les deux cas par des fondés de pouvoir des banques, sortis
des entrailles de l’Union Européenne (BCE pour Papadémos, Commission
Européenne pour Monti), cultivant les liens directs avec les milieux
d’affaires, n’a rien d’une coïncidence. Depuis que la crise des dettes
souveraines a éclaté, la Grèce est bien un cobaye de la « thérapie de
choc » que les classes dominantes sont décidées à mettre en œuvre, et
cela, comme Naomi Klein l’a très bien vu [16], ne peut se faire dans le
cadre politique et institutionnel existant (du moins pour les normes
d’un pays d’Europe de l’Ouest). Les « thérapies de choc » sont
indissociables des « désastres », conduisant à l’instauration d’un
« état d’urgence » de plus en plus banalisé. Et, dans le cadre européen
des 27 pays qui en font partie, c’est bien l’UE, ses institutions et son
directoire franco-allemand (plus allemand que français à vrai dire) qui
en sont les maîtres d’œuvre. Pourtant, au sein de la gauche européenne,
y compris ses ailes radicales, on s’obstine à vouloir contourner cette
réalité ou à ne pas en mesurer les conséquences [17], en cultivant par
exemple l’illusion d’une « réformabilité » des institutions de l’UE ou
d’un bouleversement sociopolitique simultané dans les principaux pays
européens qui permettrait de se dispenser d’affronter la machinerie de
l’UE en tant que telle.
L’impuissance paradoxale de la gauche radicale grecque
Depuis le début de la crise de la dette,
la gauche radicale grecque se trouve dans une position paradoxale. Elle
se renforce sur le plan électoral, partant d’un niveau qui est déjà le
plus élevé d’Europe (cf. encadré, plus bas). Ses militants sont très
actifs dans les mobilisations, même si le « mouvement des places » a
révélé ses difficultés à s’ouvrir à des secteurs sociaux extérieurs à
ses sphères traditionnelles d’influence. Pourtant, elle peine à
intervenir politiquement dans la situation, à proposer une alternative
crédible aux politiques barbares mises en œuvre et rejetées par la
quasi-totalité de la société. Elle n’arrive pas de ce fait à dégager une
issue politique à la vague de colère populaire, qui risque de connaître
une trajectoire « argentine » : un soulèvement populaire capable de
faire chuter le pouvoir en place, mais dépourvu de solution politique de
rechange.
Deux facteurs pèsent d’un poids
particulier dans cet état de fait. Tout d’abord la profonde division,
plus exactement l’ambiance de guerre intestine, qui règne entre ses deux
principales composantes : le Parti communiste (KKE) d’une part, engoncé
dans une ligne sectaire et nostalgique du passé stalinien, qui reste la
force dominante aussi bien sur le plan électoral que militant, et la
Coalition de la gauche radicale (Syriza), de l’autre, qui prône une
démarche unitaire, mais qui peine à trouver une cohérence interne entre
ses multiples composantes et tendances et tend à se replier sur une
proposition d’unité « a minima », basée sur un simple refus de
l’austérité. Nécessaire à l’unité d’action, une telle base s’avère
toutefois insuffisante quand se pose la question d’une alternative de
pouvoir.
Placées devant ce redoutable défi, ces
formations ont le plus grand mal à formuler des propositions précises et
un tant soit peu audibles sur les questions-clés où se jouent la
légitimité des politiques menées et la possibilité d’une autre logique, à
savoir la dette et la question de l’euro et, plus largement, des
rapports avec l’UE. La ligne majoritaire au sein de Syriza, et, surtout
de sa principale composante, Synaspismos, est de proposer une
renégociation de la dette dans le cadre de l’UE et de la zone euro, sans
recours à la cessation de paiement. La question de l’euro ou de la
structure antidémocratique et néocoloniale de l’UE sont minimisées et/ou
renvoyées à un futur indéterminé, lorsqu’un « mouvement social
européen » aura changé la donne au niveau de l’UE tout entière, ou du
moins de son noyau. Faut-il préciser que ces propositions paraissent en
complet décalage par rapport à la situation, peu crédibles et suscitant
une opposition interne croissante ?
Devant cette impasse, des courants
importants de Synaspismos (le « courant de gauche » dirigé par l’actuel
porte-parole parlementaire de Syriza Panagiotis Lafazanis) ainsi que
d’autres composantes de Syriza regroupées dans le Front pour la
Solidarité et la Rupture (dirigé par l’ancien président de Synaspismos
Alekos Alavanos) haussent le ton et rompent avec le consensus
européiste. Ils prônent une renégociation de la dette « à la Kirchner »,
menée sous la pression d’une cessation de paiement à l’initiative du
pays emprunteur, accompagnée d’une sortie de l’euro et de la
nationalisation du secteur bancaire, qui permettraient une dévaluation
de la monnaie et une sortie de la logique de la « dévaluation interne »
(fondée sur la baisse drastiques du coût du travail) imposée par les
cures d’austérité. En plus des arguments économiques, une rupture avec
l’euro et la logique des institutions européens, sans sortie immédiate
de l’UE, est également jugée nécessaire pour des raisons politiques :
comment sortir le pays de la tutelle où il se trouve actuellement et
relancer un fonctionnement démocratique sans accepter un découplage,
fût-il partiel, avec l’UE et le rétablissement de sa souveraineté
nationale ?
Cet agenda est du reste déjà défendu par
le regroupement des forces de l’extrême gauche Antarsya, qui a connu
quelques succès électoraux lors des régionales et municipales de
novembre 2010 (cf. encadré, plus bas), et qui défend la cessation de
paiement, la sortie de l’euro et la nationalisation des banques comme
socle d’un programme de rupture anticapitaliste. Toutefois, malgré
d’importantes convergences, et une audience croissante, le « pôle
anti-UE » de la gauche radicale peine à se coordonner et à acquérir une
visibilité.
La situation est encore plus figée du
côté du Parti communiste. Traditionnellement hostile à l’UE, partisan
d’une sortie de la Grèce de l’Union, ce parti se montre pourtant très
prudent sur ce terrain depuis le début de la crise, soulignant que tous
ces problèmes, ainsi que celui de la dette, ne pourront être résolus
qu’une fois « renversé le pouvoir du capital monopoliste » et instauré
le « pouvoir populaire », sous la direction, naturellement, du parti.
Cette rhétorique « gauchiste » sert en réalité à justifier une pratique
quiétiste sur le plan des mobilisations, avant tout soucieuse de refuser
toute forme d’unité d’action et accusant Syriza (et Antarsya) d’être
des « forces opportunistes » jouant « le jeu de la bourgeoisie et de
l’UE ».
En réalité, tout comme ceux de Syriza,
les dirigeants du KKE manient un discours radical, mais désincarné, en
ayant avant tout l’œil sur les sondages, qui créditent la gauche
radicale de ses scores les plus élevés depuis les années 1970 (cf.
encadré, plus bas). Ils semblent se contenter de ce rôle de réceptacle
passif de la colère populaire, rôle partagé qui crée entre eux une sorte
d’étrange complicité, par-delà la virulence des polémiques. Pour le
dire autrement, ce qui se trouve exclu dans les deux cas, quoique par
des cheminements opposés, c’est l’idée d’une alternative qui se
construit sur des objectifs transitoires et répond concrètement aux
problèmes cruciaux posés par la crise : dette, appartenance à l’euro,
modèle économique, refondation démocratique, indépendance nationale et
rapports avec l’UE.
C’est cette complicité perverse qui
explique que la proposition de référendum de Papandréou a mis dans un
premier temps aussi bien Syriza que le KKE dans l’embarras, surtout
lorsqu’il est apparu que se poserait la question de l’euro et d’une
rupture concrète avec la cage de fer imposée par l’UE. Au lieu du
référendum, qu’ils ont fini par soutenir en appelant à un vote « non »,
Syriza et le KKE ont préféré mettre en avant le mot d’ordre d’élections
anticipées. Et ils continuent de le faire, espérant transformer en
sièges les scores que leur accordent les enquêtes d’opinion.
Cette gestion routinière d’une situation
extra-ordinaire, dans tous les sens du terme, s’avère toutefois grosse
de dangers. La formation du gouvernement Papadémos, qui scelle le front
commun des classes dominantes grecques et européennes, place la gauche
radicale grecque au pied du mur. Loin d’être une force marginale,
condamnée à un rôle de témoignage, elle se voit désormais investie d’une
responsabilité proprement historique : construire un front social et
politique en mesure de relever le défi lancé par un adversaire
déstabilisé mais d’autant plus dangereux, prêt à toutes les aventures.
Si elle se dérobe, et s’avère incapable de changer la donne, elle
pourrait fort bien être balayée de la scène, comme l’ont été toutes les
forces politiques, y compris de la gauche radicale, des pays qui ont
déjà subi la « stratégie du choc ».
Cette responsabilité est du reste loin
d’être une responsabilité uniquement nationale. Dans un article
retentissant, publié en juin dernier dans le New York Times, l’historien
britannique et spécialiste d’histoire grecque contemporaine Mark
Mazower, rappelait à tou·tes celles et ceux qui n’ont d’yeux que pour la
gloire des Anciens, qu’au cours des deux derniers siècles la Grèce
moderne s’est retrouvée à plusieurs reprises « à la pointe de l’évolution européenne »
[18]. En s’engageant dans une guerre d’indépendance, que les Grecs
eux-mêmes ont toujours appelé « la Révolution de 1821 », ils furent les
premiers à ébranler l’ordre de la Sainte Alliance. Par leur « non » de
1940, leurs victoires contre les troupes de Mussolini et leur lutte
massive contre l’occupant, ils ont été aux avant-postes du combat
antifasciste. En se soulevant, il y 38 ans, contre la dictature des
colonels, ils ont montré la voie à d’autres peuples, du Sud européen ou
d’Amérique latine, qui subissaient une oppression comparable. Peut-être
donc, que, renouant avec ce fil qui traverse son histoire moderne, la
Grèce donnera une fois de plus le signal du soulèvement européen contre
l’oppression, cette fois contre la dictature des financiers, des
affairistes et de leurs pathétiques commissaires politiques.
Stathis Kouvélakis, enseignant en philosophie politique au King’s College de l’université de Londres.
Les forces politiques en Grèce : résultats électoraux et tendances récentes
Les dernières élections législatives ont
eu lieu en octobre 2009. Le PASOK en est sorti vainqueur avec 44 % des
voix, l’un de ses meilleurs résultats depuis les années 1990, et 160
sièges (sur les 300 que compte le Parlement). À noter que dix députés
ont déserté les rangs du PASOK depuis le vote du mémorandum conclu entre
le gouvernement et la troïka (BCE, UE, FMI), en mai 2010, dont sept ont
gardé leur siège, ce qui porte les effectifs du groupe parlementaire du
PASOK à 153 députés, qui correspond aux voix reçues par le gouvernement
sortant de Papandréou lors du vote de confiance du 4 novembre.
La Nouvelle Démocratie (droite) a obtenu
33,4% des voix, le plus mauvais résultat de son histoire. Avec 5,6 %,
l’extrême droite du LAOS (Rassemblement Populaire Orthodoxe) a progressé
sensiblement depuis les élections précédentes (+1,8%).
Les écologistes, qui affichent un profil
« centre-gauche moderne », social-libéral sur les questions
économiques, ont obtenu 2,53%.
À gauche du PASOK, le Parti Communiste
(KKE) a obtenu 7,6%, en recul de 0,6% sur les résultats de 2007, et la
Coalition de la gauche radicale (Syriza) 4,6 %, en recul de 0,4 % sur
les résultats de 2007. Syriza regroupe une dizaine de composantes (qui
vont du maoïsme au trotskisme en passant par des sensibilités
« mouvementistes ») dont la principale est Synaspismos (Coalition de
gauche), issue de deux scissions successives du KKE (1968 et 1991). À
noter qu’une bonne partie des organisations de la gauche radicale et de
l’extrême gauche grecque sont également issues de scissions ou de
départs collectifs du KKE.
L’extrême gauche a présenté trois
listes, totalisant 0,7%. La principale composante, Antarsya (0,36%), est
un regroupement d’une dizaine d’organisations, qui a enregistré des
résultats souvent significatifs lors des élections municipales et
régionales de 2010 (notamment 2,3% dans la région capitale et 3 % dans
la ville d’Athènes). Ces élections ont été d’une manière générale
marquées par une poussée de la gauche radicale, essentiellement du KKE,
qui est passé de 10 à 14,4% dans la région capitale (Athènes-Pirée et
leurs banlieues), qui regroupe un tiers de l’électorat total, et
atteignit 11% des voix exprimées au niveau national.
Actuellement, les sondages font
apparaître une large défiance de l’électorat vis-à-vis des partis
politiques, un tiers environ des personnes interrogées refusant
d’indiquer une préférence, et une nette tendance à la fragmentation du
paysage politique. Sur la base de projections effectuées à partir des
réponses données par les personnes indiquant un choix, la fourchette des
estimations est de 18 à 22% pour le PASOK, de 30 à 33 % pour la ND et
de 6 à 8% pour le LAOS, auxquels il convient d’ajouter les 2% dont est
habituellement créditée l’organisation néonazie Aurore Dorée (qui a
obtenu 5% à Athènes aux municipales de 2010).
Les petites formations de centre-gauche,
sont créditées de 3 à 4% pour les écologistes, et de 3 à 5% pour la
Gauche démocratique, créée par des dissidents de Synaspismos qu’ils
accusent de « dérive gauchiste ». Syriza est estimé entre 7 et 10 %, le
KKE de 10 à 13 % et Antarsya entre 1 et 2%. Sur la base de ces
estimations, aucun parti n’obtiendrait de majorité en sièges au
Parlement.
Notes
1. Marx ajoutait ceci, qui sonne étrangement actuel : « l’endettement
de l’État était d’un intérêt direct pour la fraction de la bourgeoisie
qui régnait et légiférait par l’intermédiaire des Chambres. En fait, le
déficit de l’État était l’objet même de sa spéculation et la source
principale de son enrichissement. À la fin de chaque année, nouveau
déficit. Au bout de quatre ou cinq ans, nouvel emprunt. Et chaque nouvel
emprunt offrait à l’aristocratie financière une nouvelle occasion
d’escroquer l’État, qui, maintenu artificiellement au bord de la
banqueroute, était obligé de négocier avec ses banquiers dans les
conditions les plus défavorables », Karl Marx, Les luttes de classes en France, « Foli », Gallimard, 2002, p. 11-12.
2. Selon les données disponibles, qui
portent sur 300 milliards d’un total de 360 milliards d’euros de la
dette souveraine du pays, 146 milliards, soit près de la moitié, sont
détenues par les banques et institutions financières de l’UE, auxquels
s’ajoutent 42 milliards détenus par le FMI et les banques hors UE, le
reste, soit environ un tiers de la dette totale, dont l’allocation est
connue étant détenue par des banques et autres institutions grecques.
Cf. Research on Money and Finance, Breaking Up ? A Route Out of the Eurozone Crisis, novembre 2011, p. 71. Document disponible sur http://www.researchonmoneyandfinance.org.
3. Le correspondant de Libération l’a bien vu : « la
décision de Papandréou […] est le résultat d’une érosion inéluctable du
gouvernement, qui, après deux années d’une très sévère politique
d’austérité, se trouve confronté à une pression insoutenable. Dans la
rue, comme en témoignent les grèves quotidiennes dans divers secteurs de
l’économie et les immenses cortèges de manifestants qui bloquent
régulièrement les rues d’Athènes, ou au Parlement, où la contestation a
progressivement gagné les rangs du PASOK », Philippe Cergel, « Papandréou, un pari fou », Libération, 2 novembre 2011.
4. Sur ce moment cf. Stathis Kouvélakis,
« Le chaudron grec », 20 juin 2011, disponible ici :
http://alencontre.org/europe/le-chaudron-grec.html.
5. Selon les estimations les plus
sérieuses, les manifestations ont rassemblé environ 300 000 personnes à
Athènes et au moins un demi-million dans l’ensemble du pays (qui compte
10,5 millions d’habitants). Les cortèges étaient particulièrement
imposants dans les villes de province et la grève a paralysé l’ensemble
du secteur public et la plupart des grandes entreprises. La
quasi-totalité du petit commerce et une bonne partie des PME s’étaient
joints au mouvement à l’initiative des patrons.
6. Dimitris Kotsaridis, secrétaire de
l’Union Locale de Vironas (banlieue d’Athènes) du Syndicat des Ouvriers
du Bâtiment, 53 ans, est sans doute décédé suite à des problèmes
cardiaques probablement déclenchés par les gaz lacrymogènes lancés par
la police dans la confusion qui a suivi les incidents. L’enquête sur les
circonstances de son décès est en cours.
7. La fête nationale du 28 octobre
commémore le « non » du gouvernement grec à l’ultimatum lancé par
Mussolini en 1940. Lors de la guerre gréco-italienne qui s’en est
suivie, les troupes grecques, galvanisées par un esprit de résistance
venant d’en bas, ont remporté des victoires éclatantes sur le territoire
albanais, les premières des forces antifascistes lors du conflit
mondial. Il a fallu l’attaque de la Wehrmacht au printemps 1941 pour
faire fléchir la résistance grecque et aboutir à l’occupation du pays
par les armées de l’Axe. Cette journée est commémorée par un défilé
militaire, prévu cette année à Thessalonique, et par des défilés de
lycéens et de corps civils dans l’ensemble des communes du pays.
8. Y compris le président de la
République, Karolos Papoulias, personnage symbolique, issu de la vieille
garde du PASOK et plutôt respecté. Son départ des tribunes officielles à
Thessalonique a entraîné l’annulation du défilé militaire, mais les
lycées, les cortèges de civils et les réservistes ont défilé, souvent
poing levé, sous les acclamations de la foule.
9. Alain Salles, « Le coup de poker de Georges Papandréou », Le Monde, 2 novembre 2011.
10. Cf. Alexander Kentelenis et alii, « Health Effects Of Financial Crisis : Omens of a Greek Tragedy », The Lancet,
vol. 378, n° 9801, 22 octobre 2011, p. 1457-1458, disponible ici :
http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736%2811%2961556-0/fulltext.
11. Les citations de Gramsci sont extraites du cahier 13, § 23. Cf. Antonio Gramsci, Cahiers de prison. Cahiers 10, 11, 12, 13, Gallimard, 1978.
12. Le cas typique étant sans doute
celui des cabinets Brüning dans la république de Weimar finissante, qui
ouvrirent la voie à la prise du pouvoir par les nazis.
13. Il s’agit du groupe constitué par
les ministres de l’Éducation Anna Diamantopoulou, de la Santé Andréas
Loverdos et du vice-ministre de la Défense Giannis Ragousis. Dans une
tribune commune publiée le 16 octobre, ils ont défendu une mise en œuvre
intégrale et musclée des paquets d’austérité, prôné une ligne
d’affrontement assumé avec le mouvement syndical (« les corporatismes
sont notre adversaire »), ainsi qu’avec ceux qui ne défendent que de
façon « tiède » les mesures adoptées, et laissé planer des menaces quant
à un éventuel « massacre » si l’« autorité de l’État » n’était pas
rapidement rétablie.
14. Cf. Lucas Papademos, « Forcing Greek Restructuring Is Not The Answer », Financial Times, 23 octobre 2011.
15. Propos cités in Clément Lacombe et
Allain Salles, « M. Papadémos désigné premier ministre en plein chaos
politique et économique », Le Monde, 12 novembre 2011.
16. Cf. Naomi Klein, La stratégie du choc. La montée du capitalisme du désastre, Actes Sud, 2008.
17, Cf. Antoine Schwarz, « La gauche française bute sur l’Europe », Le Monde diplomatique, juin 2011.
18. Mark Mazower, « Democracy’s Cradle,
Rocking the World », disponible sur
http://www.nytimes.com/2011/06/30/opinion/30mazower.html.
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