Gaz de schiste : le changement (d'avis) c'est
maintenant !
Alors que s'ouvre la
conférence environnementale - où la question des gaz de schiste devrait être
largement abordée - et le grand débat national sur l'énergie, nous ne pouvons
que nous rendre à l'évidence : le président de la République et les
membres du gouvernement qui, il y a un an à peine, s'opposaient fermement à
l'exploration et l'exploitation des gaz de schiste, semblent avoir retourné
leur veste. La recherche de la croissance économique à tout prix et la
puissance des lobbies industriels aident sûrement à la décision.
"Toute
exploitation de ces nouvelles énergies fossiles est impactante sur le plan
environnemental, quelle que soit la technique utilisée [et] compromettrait
gravement la transition énergétique et le respect de ses engagements en matière
de réduction des émissions de gaz à effet de serre".
Cette citation est issue de la proposition de loi déposée à l'Assemblée
nationale le 13 juillet 2011 par le groupe PS, signée par François Hollande,
Jean-Marc Ayrault, Arnaud Montebourg et Delphine Batho. Aujourd'hui membres du
gouvernement, leur discours est radicalement différent.
Arnaud Montebourg qui il y
a peu affirmait que "l'indépendance
énergétique ne doit se faire au prix de catastrophes environnementales" s'est pourtant dit prêt à rouvrir le
dossier des gaz de schiste le 11 juillet dernier. Autre revirement de cap, sur
la question de la technique d'extraction. En accord avec la proposition de loi
de juillet 2011, la position officielle de François Hollande tout au long de la
campagne électorale était l'interdiction quelle que soit la technique
d'extraction utilisée. Pourtant, en déclarant que "tant qu'il n'y aura pas de techniques sûres, il ne
se passera rien." François Hollande rouvre la porte aux
multinationales et industriels. De même pour le premier ministre pour qui le
débat n'est "pas tranché"
et qui affirme qu'il serait nécessaire de " mettre
sur la table les différentes solutions qui pourraient exister"
afin d'ouvrir le débat si des techniques non polluantes d'extraction venaient à
être trouvées.
Les impacts désastreux sur
l'environnement de l'exploitation des gaz et huiles de schiste, aussi bien sur
le climat que sur les nappes phréatiques, la pollution des sols comme de l'air
ou encore le gaspillage de l'eau ne sont plus à prouver. Delphine Batho
l'assure elle-même : "Nulle
part il n'a été démontré que l'exploitation des gaz de schistes pouvait être
faite sans conséquences sur la santé et l'environnement".
A l'heure où le gouvernement
va annoncer la mise en place de sa "transition
énergétique", saura-t-il honorer ses promesses en interdisant
formellement l'exploration aussi bien que l'exploitation des gaz de schiste,
emblématiques de la surexploitation des ressources naturelles au seul profit
des multinationales et des industriels ? La maîtrise et la réduction
de la consommation énergétique ainsi que le développement des énergies
renouvelables seront-ils au cœur de la réorientation de notre modèle de
développement énergétique ?
Masochiste ou suicidaire,
exploiter ces ressources serait dans tous les cas une décision grave de
conséquences et un signal politique inquiétant. Chers membres du gouvernement,
la "vraie"
transition énergétique, c'est maintenant ?
Philippe Colomb, président d'Agir pour l'environnement ; Sophie Bordères, coordinatrice des
campagnes d'Agir pour l'environnement ; Martine
Laplante, présidente des Amis de la Terre ; Valérie Colin, déléguée générale
des Amis de la Terre ; Aurélie Trouvé,
co-présidente d'Attac France ; Geneviève
Azam, membre du Conseil scientifique d'Attac France ; Emmanuel Poilâne, directeur de
France Libertés ; Pierre Perbos,
président du Réseau Action Climat ; Morgane
Créach, directrice du Réseau Action Climat.
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