OGM : gros dégâts chez les rats
Un photomontage transmis
par le Comité de recherche et d'information indépendantes sur le génie
génétique montre plusieurs rats ayant des tumeurs après avoir été
nourris avec un maïs OGM (AFP)
Récit Une étude
inédite par sa durée et inquiétante par ses résultats prouve la
dangerosité d’un maïs transgénique de la firme Monsanto. Trois ministres
français expriment leur inquiétude.
Euthanasie. Les rats de laboratoire ont été soumis à une batterie inhabituellement longue de tests sanguins, hormonaux, urinaires… et leurs cadavres ont subi de véritables autopsies. Dans le labo, c’est l’hécatombe : les chercheurs euthanasient les animaux dont les tumeurs plus grosses que des balles de ping-pong, dépassent 25% de leur poids. Au bout de vingt-quatre mois, plus des trois-quarts des animaux nourris au maïs OGM sont tombés malades ou n’ont pas survécu. «Il est manifeste que les tests réglementaires ne sont ni assez longs ni assez poussés, poursuit Joël Spiroux. Il faudrait des tests sur la vie entière puisqu’outre-Atlantique, au nord comme au sud, on mange du maïs transgénique à tous les repas ou presque.»
Interdit de culture en Europe, le NK-603 est autorisé à l’importation, ainsi que dans l’alimentation humaine et animale depuis 2004. Dans son avis, le comité scientifique du Haut Conseil des biotechnologies reconnaît ne pas avoir «examiné en détail» l’évaluation des risques pour la santé animale et humaine. «Il est toutefois très marginalement utilisé dans l’alimentation humaine», rassure le HCB.
«Cette étude semble confirmer l’insuffisance des études toxicologiques exigées par la réglementation communautaire en matière d’autorisation de mise sur le marché de produits transgéniques», ont réagi Stéphane Le Foll, Delphine Batho et Marisol Touraine, respectivement ministres de l’Agriculture, de l’Environnement et de la Santé. Faisant bien comprendre qu’il ne s’agit pas d’une étude de plus, ils ont immédiatement saisi l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). En fonction de son avis, ils se réservent le droit de demander aux autorités européennes la suspension en urgence de l’autorisation d’importation du NK-603. L’eurodéputé José Bové ne s’embarrasse de ces précautions. «Il serait complètement aberrant de continuer comme si de rien n’était», a-t-il déclaré, profitant de l’occasion pour demander à la Commission européenne de «suspendre immédiatement les importations» et la mise en culture du maïs OGM produit par Monsanto.
«Obscurantistes». Au-delà de ses résultats spectaculaires, l’étude est une première dans son financement. Elle a coûté plus de 3 millions d’euros, cofinancés par la Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l’homme et l’association Ceres, créée par le fondateur du groupe Auchan, Gérard Mulliez. «Cela prouve que quand on cherche, on trouve, s’exclame Corinne Lepage, présidente d’honneur du conseil d’administration du Criigen. Lorsque la société civile se prend en main, la science avance. Les écologistes sont souvent accusés d’être obscurantistes. En réalité, les obscurantistes sont ceux qui refusent de chercher.» La députée européenne retrace dans un court ouvrage (1) l’aventure de cette étude, «dont le montage s’apparente à un thriller». Et dont les résultats font tout aussi peur.
LAURE NOUALHAT
(1) «Vérité sur les OGM, c’est notre affaire». Editions Charles Léopold Mayer
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