Expérience Biovallée : voyage en territoire durable
Philippe Méjean. C’est tout à fait possible mais l’idée n’est pas de régler définitivement la question par l’implantation de cinq ou six grands parcs d’éoliennes, ce qui serait en soi largement suffisant pour y parvenir. Nous souhaitons d’abord procéder à des économies d’énergie afin de diminuer la facture des ménages. Biovallée a par exemple lancé l’opération DORéMi (dispositif opérationnel de rénovation de la maison individuelle) en proposant aux particuliers de concevoir la rénovation énergétique de leur maison. Les artisans locaux sont invités à se fédérer pour proposer une offre groupée; Biovallée les aide à se former pour que leurs prestations soient optimales. L’objectif est de réaliser dix chantiers pilotes sur le territoire Biovallée pour diviser par quatre en moyenne les consommation d’énergie. Mais aussi de diminuer par deux les coûts de rénovation de l’habitat privé pour la rendre accessible au plus grand nombre.
Parallèlement, vous voulez devenir un territoire produisant plus d’énergie qu’il n’en consomme ?
Dès 2020, grâce au développement des énergies renouvelables sur notre territoire, nous espérons couvrir la consommation des ménages par une production équivalente en énergies alternatives diversifiées (aussi bien en taille qu’en type d’énergie). A l’horizon 2040, nous visons une production énergétique verte égale à 100% de nos besoins totaux : ménages, transports, activités économiques. Devenir un territoire à énergie positive, tel est l’objectif à terme que nous partageons au sein du réseau Tepos.
Biovallée, c’est un territoire rural où la voiture s’avère indispensable… quelles parades a-t-on imaginées et mises en place dans la logique des économies d’énergie ?Deuxièmes rencontres Énergie & territoires ruraux
Biovallée et le jeune réseau « TEPOS » des Territoires à Énergie Positive souhaitent faire entendre la voix de la ruralité dans le grand débat national sur la transition énergétique.
Pendant trois jours, du 26 au 28 septembre 2012, les rencontres nationales Énergie & territoires ruraux accueilleront pas moins de 400 élus, experts et citoyens.
Les participants proposeront de mutualiser leurs compétences pour couvrir les besoins énergétiques des territoires ruraux par les énergies renouvelables. Dans le cadre d’ateliers, ils formuleront des propositions.
Delphine Batho, ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie est invitée à conclure cet événement.
Info pratiques : www.biovallee.fr
Les déplacements représentent un tiers de notre consommation énergétique. On ne pourra pas, en effet, se passer la voiture dans certaines zones reculées. Mais développer des solutions économes reste à notre portée autour de l’axe principal de la vallée : grâce à internet et au co-voiturage de proximité (le site web du département de la Drôme est lancé cette semaine), grâce à des animations pour faire connaître ces solutions au grand public, grâce aussi à la mise en place d’aires de stationnement spécialement dédiées, à l’optimisation des transports collectifs, au développement de la fibre optique pour le télétravail ou pour économiser un certain nombre de déplacements.
Comment cette question des transports est-elle prise en compte dans votre réflexion sur l’aménagement du territoire ?
Nous essayons de développer l’emploi en tenant compte de l’accès de proximité aux services et à l’habitat. Une manière aussi de préserver nos espaces agricoles et naturels. Un premier écosite, à Eurre, a été aménagé, trois autres sont en cours à Die, Livron et Loriol. Un cinquième écoparc d’activités est en projet à Aouste. Nous essayons par ailleurs de pousser aussi loin que possible l’excellence environnementale de ces parcs dans leur gestion quotidienne : proximité de bourgs centres et des gares, services aux salariés (restauration bio et/ou locale, paniers d’Amap…), aux entreprises (gestion mutualisée des déchets, gardiennage, conciergerie d’entreprise…). Un système de management environnemental type ISO 14 000 sera mis en place.
Comment les habitants prennent-ils part au projet Biovallée ?
Comme le dit Jean Serret, président du comité de pilotage, Biovallée existe aujourd’hui du fait du nombre d’initiatives individuelles et collectives réussies en matière de développement durable. Le territoire était déjà leader en agriculture biologique, grâce à des pionniers qui avaient fait ici ce pari dès les années 70. Le mérite leur revient. Idem sur les énergies renouvelables, avec trois fois plus de particuliers qui sont équipés, par rapport à la moyenne régionale.
Les citoyens et les entreprises restent étroitement associés aux phases d’élaboration de nos divers projets (réunions publiques, forums, réunions de travail avec les conseils locaux de développement…). Toute structure peut s’approprier la marque Biovallée®, dans la mesure où une partie des mesures de la charte sont mises en œuvre. Biovallée n’est pas une marque exclusive, mais inclusive. Toute action nouvelle allant dans le sens de la charte peut y être ajoutée et donner droit à l’utilisation de cette marque qui n’est pas figée.
Sur la base du volontariat, chacun est amené à « faire sa part », dans la mesure de ses possibilités et avec un rythme adapté. Enfin, dans la communication au quotidien, nous nous appuyons bien sûr sur de nombreux relais de la société civile qui croient en cette démarche.
Biovallée, ce sont aussi et surtout des élus qui ont cru et financé le projet. Au-delà des clivages politiques ?
Des communes de différents bords politiques se retrouvent dans le projet autour de la gestion durable du bien commun. L’expérience Biovallée s’inscrit au-delà des couleurs et montre que sur un certain nombre de questions les clivages peuvent être dépassés. Nos projets trouvent des financements sur leurs lignes de crédits générales auprès de l’État, de l’Europe et du département. La Région a multiplié par trois son soutien financier pour nos contrats de territoire. Le projet Biovallée fait partie des sept Grands Projets Rhône-Alpes (GRPA). Elle y consacre 10 millions d’euros entre 2009 et 2014.
Pryska Ducoeurjoly
http://www.ouvertures.net/experience-biovallee-voyage-en-pays-durable/
Dans la Drôme, des élus
rêvent d’un «Fribourg rural»
Un label, un territoire, un projet de société. Le modèle de « Biovallée
», encore en gestation, tend une perche aux zones rurales de la Drôme
pour leur donner un rôle moteur dans l’économie verte. Sauront-elles la
saisir ?
13/09/2012 biovallée, énergie renouvelable, Transition énergétique,
Transition énergétique 2012
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© Marie Herbet / Euractiv.fr
Documents officiels
Biovallée
Rencontres nationales énergie et territoires ruraux
Quelques kilomètres après la descente en gare de Valence TGV, un
spectacle envoûtant s’offre au voyageur. De part et d’autre de la route
en colimaçon qui s’enfonce dans la vallée surgissent des champs de maïs
et des plaines tapissées de tournesols en fleurs. Encore quelques
virages et le paysage dévoile tout son potentiel : au loin se déploient
les contreforts du Vercors, rehaussés par les couleurs vives des
étendues de lavande. D’un bout à l’autre de la vallée de la Drôme,
sauvage et rurale, se dresse tout un chapelet de villages épars.
Dans cette bulle coupée du tempo de la ville, la démographie résiste,
elle progresse même assez fortement à l’ouest. L’agriculture reste
incontournable, elle concerne plus de 10% des actifs, pour lesquels
l'environnement n'est pas un vain mot. Environ 28% des producteurs de la
vallée se sont convertis au "bio". 10 fois plus que la moyenne
nationale… Un destin inattendu pour ce département, traversé par une
rivière autrefois impropre à la baignade et berceau du plus grand site
nucléaire d’Europe, à cheval entre la Drôme et le Vaucluse. Aujourd’hui,
les imposantes installations du Tricastin cohabitent avec un autre
projet de territoire.
Eco-territoire de référence en Europe
Depuis 2006, les quatre communautés de communes de la Vallée (Val de
Drôme, Diois, Crestois et Saillans), réparties sur une arête de 100
kilomètres, tentent ensemble de devenir un éco-territoire de référence à
l’échelle européenne. « Un Fribourg rural », comme le surnomment les
élus depuis un voyage effectué en 2009 dans cette ville allemande,
connue pour ses éco-quartiers solaires et son centre-ville entièrement
piéton. « Il y a des panneaux photovoltaïques sur toutes les maisons et
la desserte des quartiers par un tramway a été pensée avant la
construction des logements. En France, on construit d’abord, ensuite on
pense aux transports », remarque Gilles Magnon, président de la
Communauté de communes du Crestois.
Pour donner corps au projet, la marque Biovallée®, a été déposée. Elle
est décernée aux structures répondant à des critères déclinés dans une
charte : effectuer la moitié de ses achats chez des fournisseurs locaux,
investir dans les énergies propres, rémunérer ses salariés au-delà du
Smic… Plus globalement, une stratégie est en train de s’engager afin de
parvenir, d’ici 2020, à couvrir la totalité des besoins des ménages
-hors transports- par les énergies renouvelables (solaire, éolien,
hydraulique et bois-énergie).
Le saut à accomplir est colossal, car celles-ci représentent à peine 8%
du mix-énergétique des 102 communes concernées. Une montée en puissance
de la production est prévue (voir encadré), mais aujourd’hui, les
premiers bourgeons viennent surtout des actions consacrées à
l’efficacité énergétique.
Au printemps dernier, les intercommunalités associées à Biovallée ont
décidé d’encourager les propriétaires privés à rénover leur logement
avec l’initiative Dorémi (dispositif opérationnel de rénovation de la
maison individuelle).
Une gageure tant le marché est morcelé : « Un particulier qui se lance
dans la rénovation thermique va faire face à une superposition de devis
pas du tout optimisés. Les artisans ne savent pas faire de proposition
globale. Au final, c’est toujours trop cher, et jamais adapté »,
constate Olivier Sidler. Cet ingénieur de formation, ancien conseiller
du Grenelle de l’environnement, est aujourd’hui à la tête d’un bureau
d’études de renommée internationale, Enertech, installé à
Félines-sur-Rimandoule, un village drômois dont la faiblesse
démographique est inversement proportionnelle aux convictions
écologiques de la population.
80 habitants, mais 23% de voix pour la candidate Eva Joly en mai
dernier. Est-ce un handicap d’avoir pignon sur champ ? Absolument pas,
rétorque ce spécialiste, qui parvient à attirer des talents diplômés de
Polytechnique ou Centrale.
Créer un marché local de l'efficacité énergétique
Sa tâche consiste à inciter les artisans à se regrouper en fonction de
domaines de compétences complémentaires (chauffage, menuiserie,
plomberie etc.) La démarche est loin d’être naturelle pour ces artisans
habitués à « l'individualisme ». Mais les opportunités sont là. 60% des
logements de la Biovallée ont été construits avant 1975, selon le
cabinet Inddigo, qui a réalisé une étude prospective sur le profil du
territoire en 2040. Une dizaine de maisons doivent dans un premier temps
servir de cobayes, avec l’objectif affiché de ramener la consommation
sous la barre des 50 kwh/m2, soit la catégorie la plus performante.
Reste à trouver les volontaires…qui ne semblent pas se bousculer. « Sans
doute par manque de communication autour du projet », observe Olivier
Sidler.
Installée dans le village d’Allex à l’ouest de la vallée, la famille
Clauzonnier connaît le programme Dorémi et aimerait que sa maison de
crêpi clair aux volets bleus bénéficie du dispositif. Avec dix autres
foyers, le couple a d'ores et déjà participé à un concours relayé par
Biovallée et dont le but est « d’appliquer Kyoto à la maison ». En
clair, réaliser 8% d’économies d’énergies entre décembre 2011 et avril
2012, mais seulement par des gestes quotidiens.
Implication citoyenne
Largement sensibilisés à ces enjeux, les participants d’Allex n'ont eu
aucun mal à aller jusqu'à 20% d'économies. Certains travaillent dans
l’éducation, la santé voire l’environnement. « Pour un public en
précarité, le discours à adopter est différent, relève Magali
Clauzonnier. Quand on est pauvre, s’en sortir suppose de consommer plus.
» « Il faut avoir une approche extrêmement fine et psychologique de la
chose, confirme Alain Bernard, qui s'est également joint à ce défi entre
voisins. Dans certaines familles, la télévision fonctionne dans
plusieurs pièces, elle est souvent le principal loisir. Demander de
l'éteindre ne va pas de soi. »
Le pari amical qu’ils se sont lancés en appelle bien d’autres. « Et si
on installait une mini-éolienne de quartier ? » lance une jeune femme.
Sur le territoire du Diois, à l’est de la vallée, deux opérations de ce
type ont été recensées. Mais l’éolien a encore un effet repoussoir sur
la population. Certains élus n’osent même plus aborder le sujet avec
leurs administrés. « A chaque fois, c’est la levée de boucliers. Ils
hurlent à cause de la pollution visuelle », relate Gilles Magnon, maire
de Piégros.
Pour « démystifier » ces machines, une « éolienne colibri », de petite
taille et conçue par une société locale de Valence, sera exposée au
public sur un « éco-site » issu de la récupération d’une friche de la
SNCF.
Installé dans le village d’Eurre, cet espace de presque 20 hectares
porté par la communauté du Val de Drôme est devenu la vitrine écologique
de la vallée : chaufferie bois, panneaux solaires sur les toits,
éclairage basse consommation, utilisation de la production locale de
Douglas d’Ardèche et de pin noir dans le bâti… Il sera aussi le lieu
d'accueil de la conférence nationale sur les territoires à énergie
positive, du 26 au 28 septembre.
Sur place, les activités économiques (pépinière d’entreprises) côtoient
les troupes d’artistes, à l’image de la compagnie Transe Express, connue
pour ses performances aux Jeux Olympiques d’Albertville et d’Athènes. A
terme, 300 à 400 emplois pourraient être développés. Ce site témoin se
veut le point de départ d’un réseau de 7 ou 8 autres écoparcs, qui
pourraient être cofinancés par Biovallée.
Des voix dissidentes
Pour exister, le projet a en effet besoin de sortir de terre des
réalisations concrètes qui fédèrent les quatre intercommunalités.
Celles-ci financent Biovallée au prorata de leur superficie et de leur
démographie, puis optent pour une participation à la carte, en fonction
des initiatives qui les intéressent. « Ça ne percole pas encore jusqu’au
bout », reconnaît Jean-Marc Bouvier, vice-président de la Communauté du
Val de Drôme.
Avec plus de 8000 habitants, la commune de Crest aurait pu avoir un rôle
moteur. Mais dans le fief du député-maire UMP Hervé Mariton, la
partition se joue en solo. La municipalité n’adhère ni à la marque
Biovallée ni à aucune intercommunalité. De l’avis de certains élus, cet
isolement volontaire, hérité de conflits politiques survenus dans les
années 90, ne pourra pas durer. Si le projet de Biovallée décolle, « les
entreprises de Crest vont y perdre de ne pas avoir le label », estime
M.Bouvier.
Même les élus qui ont rallié le projet sont parfois sceptiques. Carole
Thourigny, mairesse d’une petite commune du parc naturel du Vercors,
redoute l’effet millefeuille : « Le risque est de rajouter un échelon
sans réelle plus-value. Pour les gens, la répartition des compétences
entre le Parc du Vercors, la communauté et Biovallée est
incompréhensible. » Les mois qui viennent seront cruciaux. Plus les élus
et la population trouveront des raisons d’être attachés à Biovallée,
moins le projet sera susceptible d’être chahuté par les élections
municipales en 2014.
Dans la Drôme, Marie Herbet
Energies renouvelables : l’heure des choix
L’ensemble des besoins des ménages (hors transports) couverts par les
énergies propres en 2020 ? L’objectif est ambitieux… Pour le moment,
Biovallée incite les particuliers à investir dans des chauffe-eau
solaires, en apportant une aide de 300 euros, cumulable avec celles de
l’Etat et de la Région. L’idéal serait de pouvoir l’étendre à tous les
habitants de la Biovallée car seuls ceux du Crestois et de la communauté
du Val-de-Drôme en bénéficient.
Cette dernière compte par ailleurs répondre à un appel d’offre d’ici la
fin de l’année, en vue d’un déploiement de l’éolien. « Nous sommes dans
une phase de définition de l’emplacement », explique Philippe Méjean,
chef de projet de Biovallée.
Même sans le financement de Biovallée, les communes s’organisent pour
faire avancer les énergies non fossiles. Sur le territoire du Crestois,
un gymnase flambant neuf est raccordé à une chaufferie alimentée par du
bois déchiqueté produit localement, limitant ainsi les transports. 160
m2 de panneaux photovoltaïques recouvrent intégralement la façade
arrière du bâtiment.
D’autres communes de la vallée veulent explorer la voie des centrales de
production auto-gérées. L’initiative, soutenue entre autres par les
programmes européens Med et Leader, aboutirait à la création de sociétés
à actions simplifiées détenues par la population locale et adossées à
des centrales solaires. Dans la commune de Gigors, la mairesse est
toujours dans l'attente d'une étude d'ERDF sur les tarifs du
raccordement au réseau.
Source : http://www.euractiv.fr/drome-elus-revent-fribourg-rural-article
Copyright © EurActiv.fr
Source : http://www.euractiv.fr/drome-elus-revent-fribourg-rural-article
Copyright © EurActiv.fr
Dans la Drôme, des élus
rêvent d’un «Fribourg rural»
Un label, un territoire, un projet de société. Le modèle de « Biovallée
», encore en gestation, tend une perche aux zones rurales de la Drôme
pour leur donner un rôle moteur dans l’économie verte. Sauront-elles la
saisir ?
13/09/2012 biovallée, énergie renouvelable, Transition énergétique,
Transition énergétique 2012
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© Marie Herbet / Euractiv.fr
Documents officiels
Biovallée
Rencontres nationales énergie et territoires ruraux
Quelques kilomètres après la descente en gare de Valence TGV, un
spectacle envoûtant s’offre au voyageur. De part et d’autre de la route
en colimaçon qui s’enfonce dans la vallée surgissent des champs de maïs
et des plaines tapissées de tournesols en fleurs. Encore quelques
virages et le paysage dévoile tout son potentiel : au loin se déploient
les contreforts du Vercors, rehaussés par les couleurs vives des
étendues de lavande. D’un bout à l’autre de la vallée de la Drôme,
sauvage et rurale, se dresse tout un chapelet de villages épars.
Dans cette bulle coupée du tempo de la ville, la démographie résiste,
elle progresse même assez fortement à l’ouest. L’agriculture reste
incontournable, elle concerne plus de 10% des actifs, pour lesquels
l'environnement n'est pas un vain mot. Environ 28% des producteurs de la
vallée se sont convertis au "bio". 10 fois plus que la moyenne
nationale… Un destin inattendu pour ce département, traversé par une
rivière autrefois impropre à la baignade et berceau du plus grand site
nucléaire d’Europe, à cheval entre la Drôme et le Vaucluse. Aujourd’hui,
les imposantes installations du Tricastin cohabitent avec un autre
projet de territoire.
Eco-territoire de référence en Europe
Depuis 2006, les quatre communautés de communes de la Vallée (Val de
Drôme, Diois, Crestois et Saillans), réparties sur une arête de 100
kilomètres, tentent ensemble de devenir un éco-territoire de référence à
l’échelle européenne. « Un Fribourg rural », comme le surnomment les
élus depuis un voyage effectué en 2009 dans cette ville allemande,
connue pour ses éco-quartiers solaires et son centre-ville entièrement
piéton. « Il y a des panneaux photovoltaïques sur toutes les maisons et
la desserte des quartiers par un tramway a été pensée avant la
construction des logements. En France, on construit d’abord, ensuite on
pense aux transports », remarque Gilles Magnon, président de la
Communauté de communes du Crestois.
Pour donner corps au projet, la marque Biovallée®, a été déposée. Elle
est décernée aux structures répondant à des critères déclinés dans une
charte : effectuer la moitié de ses achats chez des fournisseurs locaux,
investir dans les énergies propres, rémunérer ses salariés au-delà du
Smic… Plus globalement, une stratégie est en train de s’engager afin de
parvenir, d’ici 2020, à couvrir la totalité des besoins des ménages
-hors transports- par les énergies renouvelables (solaire, éolien,
hydraulique et bois-énergie).
Le saut à accomplir est colossal, car celles-ci représentent à peine 8%
du mix-énergétique des 102 communes concernées. Une montée en puissance
de la production est prévue (voir encadré), mais aujourd’hui, les
premiers bourgeons viennent surtout des actions consacrées à
l’efficacité énergétique.
Au printemps dernier, les intercommunalités associées à Biovallée ont
décidé d’encourager les propriétaires privés à rénover leur logement
avec l’initiative Dorémi (dispositif opérationnel de rénovation de la
maison individuelle).
Une gageure tant le marché est morcelé : « Un particulier qui se lance
dans la rénovation thermique va faire face à une superposition de devis
pas du tout optimisés. Les artisans ne savent pas faire de proposition
globale. Au final, c’est toujours trop cher, et jamais adapté »,
constate Olivier Sidler. Cet ingénieur de formation, ancien conseiller
du Grenelle de l’environnement, est aujourd’hui à la tête d’un bureau
d’études de renommée internationale, Enertech, installé à
Félines-sur-Rimandoule, un village drômois dont la faiblesse
démographique est inversement proportionnelle aux convictions
écologiques de la population.
80 habitants, mais 23% de voix pour la candidate Eva Joly en mai
dernier. Est-ce un handicap d’avoir pignon sur champ ? Absolument pas,
rétorque ce spécialiste, qui parvient à attirer des talents diplômés de
Polytechnique ou Centrale.
Créer un marché local de l'efficacité énergétique
Sa tâche consiste à inciter les artisans à se regrouper en fonction de
domaines de compétences complémentaires (chauffage, menuiserie,
plomberie etc.) La démarche est loin d’être naturelle pour ces artisans
habitués à « l'individualisme ». Mais les opportunités sont là. 60% des
logements de la Biovallée ont été construits avant 1975, selon le
cabinet Inddigo, qui a réalisé une étude prospective sur le profil du
territoire en 2040. Une dizaine de maisons doivent dans un premier temps
servir de cobayes, avec l’objectif affiché de ramener la consommation
sous la barre des 50 kwh/m2, soit la catégorie la plus performante.
Reste à trouver les volontaires…qui ne semblent pas se bousculer. « Sans
doute par manque de communication autour du projet », observe Olivier
Sidler.
Installée dans le village d’Allex à l’ouest de la vallée, la famille
Clauzonnier connaît le programme Dorémi et aimerait que sa maison de
crêpi clair aux volets bleus bénéficie du dispositif. Avec dix autres
foyers, le couple a d'ores et déjà participé à un concours relayé par
Biovallée et dont le but est « d’appliquer Kyoto à la maison ». En
clair, réaliser 8% d’économies d’énergies entre décembre 2011 et avril
2012, mais seulement par des gestes quotidiens.
Implication citoyenne
Largement sensibilisés à ces enjeux, les participants d’Allex n'ont eu
aucun mal à aller jusqu'à 20% d'économies. Certains travaillent dans
l’éducation, la santé voire l’environnement. « Pour un public en
précarité, le discours à adopter est différent, relève Magali
Clauzonnier. Quand on est pauvre, s’en sortir suppose de consommer plus.
» « Il faut avoir une approche extrêmement fine et psychologique de la
chose, confirme Alain Bernard, qui s'est également joint à ce défi entre
voisins. Dans certaines familles, la télévision fonctionne dans
plusieurs pièces, elle est souvent le principal loisir. Demander de
l'éteindre ne va pas de soi. »
Le pari amical qu’ils se sont lancés en appelle bien d’autres. « Et si
on installait une mini-éolienne de quartier ? » lance une jeune femme.
Sur le territoire du Diois, à l’est de la vallée, deux opérations de ce
type ont été recensées. Mais l’éolien a encore un effet repoussoir sur
la population. Certains élus n’osent même plus aborder le sujet avec
leurs administrés. « A chaque fois, c’est la levée de boucliers. Ils
hurlent à cause de la pollution visuelle », relate Gilles Magnon, maire
de Piégros.
Pour « démystifier » ces machines, une « éolienne colibri », de petite
taille et conçue par une société locale de Valence, sera exposée au
public sur un « éco-site » issu de la récupération d’une friche de la
SNCF.
Installé dans le village d’Eurre, cet espace de presque 20 hectares
porté par la communauté du Val de Drôme est devenu la vitrine écologique
de la vallée : chaufferie bois, panneaux solaires sur les toits,
éclairage basse consommation, utilisation de la production locale de
Douglas d’Ardèche et de pin noir dans le bâti… Il sera aussi le lieu
d'accueil de la conférence nationale sur les territoires à énergie
positive, du 26 au 28 septembre.
Sur place, les activités économiques (pépinière d’entreprises) côtoient
les troupes d’artistes, à l’image de la compagnie Transe Express, connue
pour ses performances aux Jeux Olympiques d’Albertville et d’Athènes. A
terme, 300 à 400 emplois pourraient être développés. Ce site témoin se
veut le point de départ d’un réseau de 7 ou 8 autres écoparcs, qui
pourraient être cofinancés par Biovallée.
Des voix dissidentes
Pour exister, le projet a en effet besoin de sortir de terre des
réalisations concrètes qui fédèrent les quatre intercommunalités.
Celles-ci financent Biovallée au prorata de leur superficie et de leur
démographie, puis optent pour une participation à la carte, en fonction
des initiatives qui les intéressent. « Ça ne percole pas encore jusqu’au
bout », reconnaît Jean-Marc Bouvier, vice-président de la Communauté du
Val de Drôme.
Avec plus de 8000 habitants, la commune de Crest aurait pu avoir un rôle
moteur. Mais dans le fief du député-maire UMP Hervé Mariton, la
partition se joue en solo. La municipalité n’adhère ni à la marque
Biovallée ni à aucune intercommunalité. De l’avis de certains élus, cet
isolement volontaire, hérité de conflits politiques survenus dans les
années 90, ne pourra pas durer. Si le projet de Biovallée décolle, « les
entreprises de Crest vont y perdre de ne pas avoir le label », estime
M.Bouvier.
Même les élus qui ont rallié le projet sont parfois sceptiques. Carole
Thourigny, mairesse d’une petite commune du parc naturel du Vercors,
redoute l’effet millefeuille : « Le risque est de rajouter un échelon
sans réelle plus-value. Pour les gens, la répartition des compétences
entre le Parc du Vercors, la communauté et Biovallée est
incompréhensible. » Les mois qui viennent seront cruciaux. Plus les élus
et la population trouveront des raisons d’être attachés à Biovallée,
moins le projet sera susceptible d’être chahuté par les élections
municipales en 2014.
Dans la Drôme, Marie Herbet
Energies renouvelables : l’heure des choix
L’ensemble des besoins des ménages (hors transports) couverts par les
énergies propres en 2020 ? L’objectif est ambitieux… Pour le moment,
Biovallée incite les particuliers à investir dans des chauffe-eau
solaires, en apportant une aide de 300 euros, cumulable avec celles de
l’Etat et de la Région. L’idéal serait de pouvoir l’étendre à tous les
habitants de la Biovallée car seuls ceux du Crestois et de la communauté
du Val-de-Drôme en bénéficient.
Cette dernière compte par ailleurs répondre à un appel d’offre d’ici la
fin de l’année, en vue d’un déploiement de l’éolien. « Nous sommes dans
une phase de définition de l’emplacement », explique Philippe Méjean,
chef de projet de Biovallée.
Même sans le financement de Biovallée, les communes s’organisent pour
faire avancer les énergies non fossiles. Sur le territoire du Crestois,
un gymnase flambant neuf est raccordé à une chaufferie alimentée par du
bois déchiqueté produit localement, limitant ainsi les transports. 160
m2 de panneaux photovoltaïques recouvrent intégralement la façade
arrière du bâtiment.
D’autres communes de la vallée veulent explorer la voie des centrales de
production auto-gérées. L’initiative, soutenue entre autres par les
programmes européens Med et Leader, aboutirait à la création de sociétés
à actions simplifiées détenues par la population locale et adossées à
des centrales solaires. Dans la commune de Gigors, la mairesse est
toujours dans l'attente d'une étude d'ERDF sur les tarifs du
raccordement au réseau.
Source : http://www.euractiv.fr/drome-elus-revent-fribourg-rural-article
Copyright © EurActiv.fr
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Copyright © EurActiv.fr
Dans la Drôme, des élus
rêvent d’un «Fribourg rural»
Un label, un territoire, un projet de société. Le modèle de « Biovallée
», encore en gestation, tend une perche aux zones rurales de la Drôme
pour leur donner un rôle moteur dans l’économie verte. Sauront-elles la
saisir ?
13/09/2012 biovallée, énergie renouvelable, Transition énergétique,
Transition énergétique 2012
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© Marie Herbet / Euractiv.fr
Documents officiels
Biovallée
Rencontres nationales énergie et territoires ruraux
Quelques kilomètres après la descente en gare de Valence TGV, un
spectacle envoûtant s’offre au voyageur. De part et d’autre de la route
en colimaçon qui s’enfonce dans la vallée surgissent des champs de maïs
et des plaines tapissées de tournesols en fleurs. Encore quelques
virages et le paysage dévoile tout son potentiel : au loin se déploient
les contreforts du Vercors, rehaussés par les couleurs vives des
étendues de lavande. D’un bout à l’autre de la vallée de la Drôme,
sauvage et rurale, se dresse tout un chapelet de villages épars.
Dans cette bulle coupée du tempo de la ville, la démographie résiste,
elle progresse même assez fortement à l’ouest. L’agriculture reste
incontournable, elle concerne plus de 10% des actifs, pour lesquels
l'environnement n'est pas un vain mot. Environ 28% des producteurs de la
vallée se sont convertis au "bio". 10 fois plus que la moyenne
nationale… Un destin inattendu pour ce département, traversé par une
rivière autrefois impropre à la baignade et berceau du plus grand site
nucléaire d’Europe, à cheval entre la Drôme et le Vaucluse. Aujourd’hui,
les imposantes installations du Tricastin cohabitent avec un autre
projet de territoire.
Eco-territoire de référence en Europe
Depuis 2006, les quatre communautés de communes de la Vallée (Val de
Drôme, Diois, Crestois et Saillans), réparties sur une arête de 100
kilomètres, tentent ensemble de devenir un éco-territoire de référence à
l’échelle européenne. « Un Fribourg rural », comme le surnomment les
élus depuis un voyage effectué en 2009 dans cette ville allemande,
connue pour ses éco-quartiers solaires et son centre-ville entièrement
piéton. « Il y a des panneaux photovoltaïques sur toutes les maisons et
la desserte des quartiers par un tramway a été pensée avant la
construction des logements. En France, on construit d’abord, ensuite on
pense aux transports », remarque Gilles Magnon, président de la
Communauté de communes du Crestois.
Pour donner corps au projet, la marque Biovallée®, a été déposée. Elle
est décernée aux structures répondant à des critères déclinés dans une
charte : effectuer la moitié de ses achats chez des fournisseurs locaux,
investir dans les énergies propres, rémunérer ses salariés au-delà du
Smic… Plus globalement, une stratégie est en train de s’engager afin de
parvenir, d’ici 2020, à couvrir la totalité des besoins des ménages
-hors transports- par les énergies renouvelables (solaire, éolien,
hydraulique et bois-énergie).
Le saut à accomplir est colossal, car celles-ci représentent à peine 8%
du mix-énergétique des 102 communes concernées. Une montée en puissance
de la production est prévue (voir encadré), mais aujourd’hui, les
premiers bourgeons viennent surtout des actions consacrées à
l’efficacité énergétique.
Au printemps dernier, les intercommunalités associées à Biovallée ont
décidé d’encourager les propriétaires privés à rénover leur logement
avec l’initiative Dorémi (dispositif opérationnel de rénovation de la
maison individuelle).
Une gageure tant le marché est morcelé : « Un particulier qui se lance
dans la rénovation thermique va faire face à une superposition de devis
pas du tout optimisés. Les artisans ne savent pas faire de proposition
globale. Au final, c’est toujours trop cher, et jamais adapté »,
constate Olivier Sidler. Cet ingénieur de formation, ancien conseiller
du Grenelle de l’environnement, est aujourd’hui à la tête d’un bureau
d’études de renommée internationale, Enertech, installé à
Félines-sur-Rimandoule, un village drômois dont la faiblesse
démographique est inversement proportionnelle aux convictions
écologiques de la population.
80 habitants, mais 23% de voix pour la candidate Eva Joly en mai
dernier. Est-ce un handicap d’avoir pignon sur champ ? Absolument pas,
rétorque ce spécialiste, qui parvient à attirer des talents diplômés de
Polytechnique ou Centrale.
Créer un marché local de l'efficacité énergétique
Sa tâche consiste à inciter les artisans à se regrouper en fonction de
domaines de compétences complémentaires (chauffage, menuiserie,
plomberie etc.) La démarche est loin d’être naturelle pour ces artisans
habitués à « l'individualisme ». Mais les opportunités sont là. 60% des
logements de la Biovallée ont été construits avant 1975, selon le
cabinet Inddigo, qui a réalisé une étude prospective sur le profil du
territoire en 2040. Une dizaine de maisons doivent dans un premier temps
servir de cobayes, avec l’objectif affiché de ramener la consommation
sous la barre des 50 kwh/m2, soit la catégorie la plus performante.
Reste à trouver les volontaires…qui ne semblent pas se bousculer. « Sans
doute par manque de communication autour du projet », observe Olivier
Sidler.
Installée dans le village d’Allex à l’ouest de la vallée, la famille
Clauzonnier connaît le programme Dorémi et aimerait que sa maison de
crêpi clair aux volets bleus bénéficie du dispositif. Avec dix autres
foyers, le couple a d'ores et déjà participé à un concours relayé par
Biovallée et dont le but est « d’appliquer Kyoto à la maison ». En
clair, réaliser 8% d’économies d’énergies entre décembre 2011 et avril
2012, mais seulement par des gestes quotidiens.
Implication citoyenne
Largement sensibilisés à ces enjeux, les participants d’Allex n'ont eu
aucun mal à aller jusqu'à 20% d'économies. Certains travaillent dans
l’éducation, la santé voire l’environnement. « Pour un public en
précarité, le discours à adopter est différent, relève Magali
Clauzonnier. Quand on est pauvre, s’en sortir suppose de consommer plus.
» « Il faut avoir une approche extrêmement fine et psychologique de la
chose, confirme Alain Bernard, qui s'est également joint à ce défi entre
voisins. Dans certaines familles, la télévision fonctionne dans
plusieurs pièces, elle est souvent le principal loisir. Demander de
l'éteindre ne va pas de soi. »
Le pari amical qu’ils se sont lancés en appelle bien d’autres. « Et si
on installait une mini-éolienne de quartier ? » lance une jeune femme.
Sur le territoire du Diois, à l’est de la vallée, deux opérations de ce
type ont été recensées. Mais l’éolien a encore un effet repoussoir sur
la population. Certains élus n’osent même plus aborder le sujet avec
leurs administrés. « A chaque fois, c’est la levée de boucliers. Ils
hurlent à cause de la pollution visuelle », relate Gilles Magnon, maire
de Piégros.
Pour « démystifier » ces machines, une « éolienne colibri », de petite
taille et conçue par une société locale de Valence, sera exposée au
public sur un « éco-site » issu de la récupération d’une friche de la
SNCF.
Installé dans le village d’Eurre, cet espace de presque 20 hectares
porté par la communauté du Val de Drôme est devenu la vitrine écologique
de la vallée : chaufferie bois, panneaux solaires sur les toits,
éclairage basse consommation, utilisation de la production locale de
Douglas d’Ardèche et de pin noir dans le bâti… Il sera aussi le lieu
d'accueil de la conférence nationale sur les territoires à énergie
positive, du 26 au 28 septembre.
Sur place, les activités économiques (pépinière d’entreprises) côtoient
les troupes d’artistes, à l’image de la compagnie Transe Express, connue
pour ses performances aux Jeux Olympiques d’Albertville et d’Athènes. A
terme, 300 à 400 emplois pourraient être développés. Ce site témoin se
veut le point de départ d’un réseau de 7 ou 8 autres écoparcs, qui
pourraient être cofinancés par Biovallée.
Des voix dissidentes
Pour exister, le projet a en effet besoin de sortir de terre des
réalisations concrètes qui fédèrent les quatre intercommunalités.
Celles-ci financent Biovallée au prorata de leur superficie et de leur
démographie, puis optent pour une participation à la carte, en fonction
des initiatives qui les intéressent. « Ça ne percole pas encore jusqu’au
bout », reconnaît Jean-Marc Bouvier, vice-président de la Communauté du
Val de Drôme.
Avec plus de 8000 habitants, la commune de Crest aurait pu avoir un rôle
moteur. Mais dans le fief du député-maire UMP Hervé Mariton, la
partition se joue en solo. La municipalité n’adhère ni à la marque
Biovallée ni à aucune intercommunalité. De l’avis de certains élus, cet
isolement volontaire, hérité de conflits politiques survenus dans les
années 90, ne pourra pas durer. Si le projet de Biovallée décolle, « les
entreprises de Crest vont y perdre de ne pas avoir le label », estime
M.Bouvier.
Même les élus qui ont rallié le projet sont parfois sceptiques. Carole
Thourigny, mairesse d’une petite commune du parc naturel du Vercors,
redoute l’effet millefeuille : « Le risque est de rajouter un échelon
sans réelle plus-value. Pour les gens, la répartition des compétences
entre le Parc du Vercors, la communauté et Biovallée est
incompréhensible. » Les mois qui viennent seront cruciaux. Plus les élus
et la population trouveront des raisons d’être attachés à Biovallée,
moins le projet sera susceptible d’être chahuté par les élections
municipales en 2014.
Dans la Drôme, Marie Herbet
Energies renouvelables : l’heure des choix
L’ensemble des besoins des ménages (hors transports) couverts par les
énergies propres en 2020 ? L’objectif est ambitieux… Pour le moment,
Biovallée incite les particuliers à investir dans des chauffe-eau
solaires, en apportant une aide de 300 euros, cumulable avec celles de
l’Etat et de la Région. L’idéal serait de pouvoir l’étendre à tous les
habitants de la Biovallée car seuls ceux du Crestois et de la communauté
du Val-de-Drôme en bénéficient.
Cette dernière compte par ailleurs répondre à un appel d’offre d’ici la
fin de l’année, en vue d’un déploiement de l’éolien. « Nous sommes dans
une phase de définition de l’emplacement », explique Philippe Méjean,
chef de projet de Biovallée.
Même sans le financement de Biovallée, les communes s’organisent pour
faire avancer les énergies non fossiles. Sur le territoire du Crestois,
un gymnase flambant neuf est raccordé à une chaufferie alimentée par du
bois déchiqueté produit localement, limitant ainsi les transports. 160
m2 de panneaux photovoltaïques recouvrent intégralement la façade
arrière du bâtiment.
D’autres communes de la vallée veulent explorer la voie des centrales de
production auto-gérées. L’initiative, soutenue entre autres par les
programmes européens Med et Leader, aboutirait à la création de sociétés
à actions simplifiées détenues par la population locale et adossées à
des centrales solaires. Dans la commune de Gigors, la mairesse est
toujours dans l'attente d'une étude d'ERDF sur les tarifs du
raccordement au réseau.
Source : http://www.euractiv.fr/drome-elus-revent-fribourg-rural-article
Copyright © EurActiv.fr
Source : http://www.euractiv.fr/drome-elus-revent-fribourg-rural-article
Copyright © EurActiv.fr
Dans la Drôme, des élus
rêvent d’un «Fribourg rural»
Un label, un territoire, un projet de société. Le modèle de « Biovallée
», encore en gestation, tend une perche aux zones rurales de la Drôme
pour leur donner un rôle moteur dans l’économie verte. Sauront-elles la
saisir ?
13/09/2012 biovallée, énergie renouvelable, Transition énergétique,
Transition énergétique 2012
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© Marie Herbet / Euractiv.fr
Documents officiels
Biovallée
Rencontres nationales énergie et territoires ruraux
Quelques kilomètres après la descente en gare de Valence TGV, un
spectacle envoûtant s’offre au voyageur. De part et d’autre de la route
en colimaçon qui s’enfonce dans la vallée surgissent des champs de maïs
et des plaines tapissées de tournesols en fleurs. Encore quelques
virages et le paysage dévoile tout son potentiel : au loin se déploient
les contreforts du Vercors, rehaussés par les couleurs vives des
étendues de lavande. D’un bout à l’autre de la vallée de la Drôme,
sauvage et rurale, se dresse tout un chapelet de villages épars.
Dans cette bulle coupée du tempo de la ville, la démographie résiste,
elle progresse même assez fortement à l’ouest. L’agriculture reste
incontournable, elle concerne plus de 10% des actifs, pour lesquels
l'environnement n'est pas un vain mot. Environ 28% des producteurs de la
vallée se sont convertis au "bio". 10 fois plus que la moyenne
nationale… Un destin inattendu pour ce département, traversé par une
rivière autrefois impropre à la baignade et berceau du plus grand site
nucléaire d’Europe, à cheval entre la Drôme et le Vaucluse. Aujourd’hui,
les imposantes installations du Tricastin cohabitent avec un autre
projet de territoire.
Eco-territoire de référence en Europe
Depuis 2006, les quatre communautés de communes de la Vallée (Val de
Drôme, Diois, Crestois et Saillans), réparties sur une arête de 100
kilomètres, tentent ensemble de devenir un éco-territoire de référence à
l’échelle européenne. « Un Fribourg rural », comme le surnomment les
élus depuis un voyage effectué en 2009 dans cette ville allemande,
connue pour ses éco-quartiers solaires et son centre-ville entièrement
piéton. « Il y a des panneaux photovoltaïques sur toutes les maisons et
la desserte des quartiers par un tramway a été pensée avant la
construction des logements. En France, on construit d’abord, ensuite on
pense aux transports », remarque Gilles Magnon, président de la
Communauté de communes du Crestois.
Pour donner corps au projet, la marque Biovallée®, a été déposée. Elle
est décernée aux structures répondant à des critères déclinés dans une
charte : effectuer la moitié de ses achats chez des fournisseurs locaux,
investir dans les énergies propres, rémunérer ses salariés au-delà du
Smic… Plus globalement, une stratégie est en train de s’engager afin de
parvenir, d’ici 2020, à couvrir la totalité des besoins des ménages
-hors transports- par les énergies renouvelables (solaire, éolien,
hydraulique et bois-énergie).
Le saut à accomplir est colossal, car celles-ci représentent à peine 8%
du mix-énergétique des 102 communes concernées. Une montée en puissance
de la production est prévue (voir encadré), mais aujourd’hui, les
premiers bourgeons viennent surtout des actions consacrées à
l’efficacité énergétique.
Au printemps dernier, les intercommunalités associées à Biovallée ont
décidé d’encourager les propriétaires privés à rénover leur logement
avec l’initiative Dorémi (dispositif opérationnel de rénovation de la
maison individuelle).
Une gageure tant le marché est morcelé : « Un particulier qui se lance
dans la rénovation thermique va faire face à une superposition de devis
pas du tout optimisés. Les artisans ne savent pas faire de proposition
globale. Au final, c’est toujours trop cher, et jamais adapté »,
constate Olivier Sidler. Cet ingénieur de formation, ancien conseiller
du Grenelle de l’environnement, est aujourd’hui à la tête d’un bureau
d’études de renommée internationale, Enertech, installé à
Félines-sur-Rimandoule, un village drômois dont la faiblesse
démographique est inversement proportionnelle aux convictions
écologiques de la population.
80 habitants, mais 23% de voix pour la candidate Eva Joly en mai
dernier. Est-ce un handicap d’avoir pignon sur champ ? Absolument pas,
rétorque ce spécialiste, qui parvient à attirer des talents diplômés de
Polytechnique ou Centrale.
Créer un marché local de l'efficacité énergétique
Sa tâche consiste à inciter les artisans à se regrouper en fonction de
domaines de compétences complémentaires (chauffage, menuiserie,
plomberie etc.) La démarche est loin d’être naturelle pour ces artisans
habitués à « l'individualisme ». Mais les opportunités sont là. 60% des
logements de la Biovallée ont été construits avant 1975, selon le
cabinet Inddigo, qui a réalisé une étude prospective sur le profil du
territoire en 2040. Une dizaine de maisons doivent dans un premier temps
servir de cobayes, avec l’objectif affiché de ramener la consommation
sous la barre des 50 kwh/m2, soit la catégorie la plus performante.
Reste à trouver les volontaires…qui ne semblent pas se bousculer. « Sans
doute par manque de communication autour du projet », observe Olivier
Sidler.
Installée dans le village d’Allex à l’ouest de la vallée, la famille
Clauzonnier connaît le programme Dorémi et aimerait que sa maison de
crêpi clair aux volets bleus bénéficie du dispositif. Avec dix autres
foyers, le couple a d'ores et déjà participé à un concours relayé par
Biovallée et dont le but est « d’appliquer Kyoto à la maison ». En
clair, réaliser 8% d’économies d’énergies entre décembre 2011 et avril
2012, mais seulement par des gestes quotidiens.
Implication citoyenne
Largement sensibilisés à ces enjeux, les participants d’Allex n'ont eu
aucun mal à aller jusqu'à 20% d'économies. Certains travaillent dans
l’éducation, la santé voire l’environnement. « Pour un public en
précarité, le discours à adopter est différent, relève Magali
Clauzonnier. Quand on est pauvre, s’en sortir suppose de consommer plus.
» « Il faut avoir une approche extrêmement fine et psychologique de la
chose, confirme Alain Bernard, qui s'est également joint à ce défi entre
voisins. Dans certaines familles, la télévision fonctionne dans
plusieurs pièces, elle est souvent le principal loisir. Demander de
l'éteindre ne va pas de soi. »
Le pari amical qu’ils se sont lancés en appelle bien d’autres. « Et si
on installait une mini-éolienne de quartier ? » lance une jeune femme.
Sur le territoire du Diois, à l’est de la vallée, deux opérations de ce
type ont été recensées. Mais l’éolien a encore un effet repoussoir sur
la population. Certains élus n’osent même plus aborder le sujet avec
leurs administrés. « A chaque fois, c’est la levée de boucliers. Ils
hurlent à cause de la pollution visuelle », relate Gilles Magnon, maire
de Piégros.
Pour « démystifier » ces machines, une « éolienne colibri », de petite
taille et conçue par une société locale de Valence, sera exposée au
public sur un « éco-site » issu de la récupération d’une friche de la
SNCF.
Installé dans le village d’Eurre, cet espace de presque 20 hectares
porté par la communauté du Val de Drôme est devenu la vitrine écologique
de la vallée : chaufferie bois, panneaux solaires sur les toits,
éclairage basse consommation, utilisation de la production locale de
Douglas d’Ardèche et de pin noir dans le bâti… Il sera aussi le lieu
d'accueil de la conférence nationale sur les territoires à énergie
positive, du 26 au 28 septembre.
Sur place, les activités économiques (pépinière d’entreprises) côtoient
les troupes d’artistes, à l’image de la compagnie Transe Express, connue
pour ses performances aux Jeux Olympiques d’Albertville et d’Athènes. A
terme, 300 à 400 emplois pourraient être développés. Ce site témoin se
veut le point de départ d’un réseau de 7 ou 8 autres écoparcs, qui
pourraient être cofinancés par Biovallée.
Des voix dissidentes
Pour exister, le projet a en effet besoin de sortir de terre des
réalisations concrètes qui fédèrent les quatre intercommunalités.
Celles-ci financent Biovallée au prorata de leur superficie et de leur
démographie, puis optent pour une participation à la carte, en fonction
des initiatives qui les intéressent. « Ça ne percole pas encore jusqu’au
bout », reconnaît Jean-Marc Bouvier, vice-président de la Communauté du
Val de Drôme.
Avec plus de 8000 habitants, la commune de Crest aurait pu avoir un rôle
moteur. Mais dans le fief du député-maire UMP Hervé Mariton, la
partition se joue en solo. La municipalité n’adhère ni à la marque
Biovallée ni à aucune intercommunalité. De l’avis de certains élus, cet
isolement volontaire, hérité de conflits politiques survenus dans les
années 90, ne pourra pas durer. Si le projet de Biovallée décolle, « les
entreprises de Crest vont y perdre de ne pas avoir le label », estime
M.Bouvier.
Même les élus qui ont rallié le projet sont parfois sceptiques. Carole
Thourigny, mairesse d’une petite commune du parc naturel du Vercors,
redoute l’effet millefeuille : « Le risque est de rajouter un échelon
sans réelle plus-value. Pour les gens, la répartition des compétences
entre le Parc du Vercors, la communauté et Biovallée est
incompréhensible. » Les mois qui viennent seront cruciaux. Plus les élus
et la population trouveront des raisons d’être attachés à Biovallée,
moins le projet sera susceptible d’être chahuté par les élections
municipales en 2014.
Dans la Drôme, Marie Herbet
Energies renouvelables : l’heure des choix
L’ensemble des besoins des ménages (hors transports) couverts par les
énergies propres en 2020 ? L’objectif est ambitieux… Pour le moment,
Biovallée incite les particuliers à investir dans des chauffe-eau
solaires, en apportant une aide de 300 euros, cumulable avec celles de
l’Etat et de la Région. L’idéal serait de pouvoir l’étendre à tous les
habitants de la Biovallée car seuls ceux du Crestois et de la communauté
du Val-de-Drôme en bénéficient.
Cette dernière compte par ailleurs répondre à un appel d’offre d’ici la
fin de l’année, en vue d’un déploiement de l’éolien. « Nous sommes dans
une phase de définition de l’emplacement », explique Philippe Méjean,
chef de projet de Biovallée.
Même sans le financement de Biovallée, les communes s’organisent pour
faire avancer les énergies non fossiles. Sur le territoire du Crestois,
un gymnase flambant neuf est raccordé à une chaufferie alimentée par du
bois déchiqueté produit localement, limitant ainsi les transports. 160
m2 de panneaux photovoltaïques recouvrent intégralement la façade
arrière du bâtiment.
D’autres communes de la vallée veulent explorer la voie des centrales de
production auto-gérées. L’initiative, soutenue entre autres par les
programmes européens Med et Leader, aboutirait à la création de sociétés
à actions simplifiées détenues par la population locale et adossées à
des centrales solaires. Dans la commune de Gigors, la mairesse est
toujours dans l'attente d'une étude d'ERDF sur les tarifs du
raccordement au réseau.
Source : http://www.euractiv.fr/drome-elus-revent-fribourg-rural-article
Copyright © EurActiv.fr
Source : http://www.euractiv.fr/drome-elus-revent-fribourg-rural-article
Copyright © EurActiv.fr
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