« Ralentir la ville » : les Cittàslow contre le culte de la vitesse
Loin de la frénésie des mégapoles, se développe le réseau des « Cittàslow » : des « villes lentes où il fait bon vivre ». 160 villes à travers le monde revendiquent cette appellation, créée en Italie. Transports alternatifs, économie et gastronomie locales... L’objectif est d’améliorer la qualité de vie tout en réduisant l’empreinte écologique. Réservée à quelques favorisés, la démarche peine à agir en faveur des exclus des centre-villes. Les Cittàslow, révolution conservatrice locale ou véritable laboratoire de la transition écologique et sociale ? Reportage en Italie.
Nichée au sommet d’une colline en Ombrie (Italie), la cité médiévale d’Orvieto domine l’autoroute et la ligne à grande vitesse reliant Florence à Rome. Mais dans les étroites rues pavées, nulle trace d’automobile. Seuls quelques minibus au gaz, silencieux, frôlent les tables des cafés installées au soleil. Dans le dédale des ruelles libérées des files de stationnement, le regard s’accroche aux églises, aux arches, aux tours et aux palais. C’est dans cette ville qu’a été signée en 1999 la charte fondatrice de Cittàslow (« Ville lente »).
A l’initiative de cette charte, Carlo Petrini, fondateur de Slow Food, un mouvement dans lequel l’art culinaire italien se nourrit de traditions locales, de biodiversité, de respect de l’environnement et de patience. Les Cittàslow sont bien davantage. En plus du volet gastronomique, le mouvement implique une réflexion sur la planification urbaine, la mobilité, la préservation du patrimoine et des savoir-faire artisanaux, et le bien-être en général. Avec cette charte, un nouveau réseau est né, celui des Città del buon vivere, autrement dit « des villes où il fait bon vivre ».
Des « villes escargot »
« Nous n’avons pas d’autres choix que de ralentir, analyse Pier Giorgio Oliveti, directeur du réseau international des Cittàslow, qui a son siège au Palais du goût d’Orvieto. Ce n’est pas seulement le pic de pétrole, ce sont toutes les limites des ressources naturelles – énergétiques, minérales ou agricoles – qui nous contraignent à réduire notre empreinte écologique excessive. » Pour lui, les Cittàslow sont des exemples concrets d’utopies, une mise en pratique d’un nouveau style de vie. Le logo du réseau : un escargot convoyant une ville sur sa coquille.
Toutes les villes ne pourront pas prétendre à devenir « lentes ». Un seuil minimum de 50 000 habitants a été fixé pour pouvoir adhérer au réseau Cittàslow. « Nous refusons les grandes villes dont l’échelle est sans mesure avec les capacités humaines de perception, de dialogue et de déplacement », justifie Pier Giorgio. Les villes adhérentes privilégient le développement des commerces de proximité et la densification urbaine, par rapport aux grandes zones commerciales et résidentielles en périphérie. La critique de la vitesse est consubstantielle à celle du gigantisme des mégapoles tentaculaires et fragmentées.
Ville-musée ou créatrice de solidarités ?
Tout commence dans le centre historique d’Orvieto avec la mise en place d’un système de mobilité alternative, multimodal. Outre la construction d’un funiculaire et la densification du réseau de bus, l’accès au centre-ville est désormais restreint aux seuls riverains et commerçants, les automobilistes utilisant des parkings sous-terrains aux extrémités de la citadelle. Des aménagements qui ont coûté, en impôts locaux, 400 euros par an pour les résidents, visiblement satisfaits.
D’abord sous le charme, l’inquiétude d’être au cœur d’une « ville-musée », regorgeant de joyaux architecturaux et destinée uniquement aux plaisirs des vacanciers, prend le pas. Préserver le patrimoine historique est l’une des préoccupation des Cittàslow. A Brisighella, dans la région Emilie-Romagne, on réhabilite ainsi les façades des maisons et leurs couleurs typiques du début du 20e siècle. Le dynamisme des manifestations culturelles locale est l’une des grandes réussites du réseau Cittàslow [1]. Mais quid des aspects sociaux ?
Les oubliés des Cittàslow
« Avec la densification urbaine, l’enjeu est de revitaliser le centre historique, assure l’architecte de la ville, en faire un centre vivant pas seulement pour les touristes mais où les habitants puissent vivre ». D’après lui, près de 13 000 personnes pourraient habiter dans le centre historique contre à peine 6 000 aujourd’hui. Les nombreux logements vacants révèlent la difficulté pour la municipalité de conjuguer lutte contre les exclusions et amélioration de la qualité de la vie, l’augmentation du prix des loyers étant quasiment systématique.
L’enjeu pour Orvieto : réduire les inégalités, et que ces initiatives soient soumises à des objectifs de justice sociale, environnementale et inter-générationnelle. Or, seuls quelques exemples, en-dehors d’Orvieto, allient les deux aspects, culturel et social. La municipalité d’Abbiategrasso, dans la province de Milan, cofinance par exemple les voyages du troisième âge et des repas dansants dans le centre-historique permettant de déjeuner pour cinq euros. « Notre défi est de parvenir à protéger les Cittàslow tout en leur permettant d’être ouvertes à tout le monde, et pas seulement à l’élite », rappelle Pier Giorgio. Reste à le concrétiser.
Relocaliser l’économie
Depuis l’entrée dans le processus Cittàslow, plusieurs artisans ont ouvert des commerces dans les artères du centre historique. « La valorisation de savoir-faire ancestraux dans des circuits courts est une approche typiquement slow », se réjouit Pier Giorgio. Forte d’une tradition artisanale dans les domaines de la céramique, des métaux, du cuir, du bois et des dentelles, la ville d’Orvieto mise sur le retour en force de cette micro-économie. Ancien salarié d’une compagnie d’assurance, Walter Ambrosini s’est lancé en 2001, avec sa compagne, dans la céramique médiévale. Malgré les sollicitations de revendeurs, il assure ne pas vouloir agrandir son commerce. « On se contente d’une seule voiture et d’un seul téléphone portable pour toute la famille et on préfère privilégier le mieux-vivre ».
Sur le plan économique, les Cittàslow refusent l’implantation de grandes chaines d’hôtel, préférant les petites structures d’hébergement et les restaurants locaux. Valentina, une jeune cheffe de 28 ans, a ouvert en 2008 un bar-restaurant non loin des artères touristiques. Elle recommande ce jour-là des pâtes « maison » avec des asperges et des tomates récoltées à quelques kilomètres, dans la ferme de sa famille. « Ce qui est vraiment slow à mes yeux, c’est ce qui est produit localement et de manière biologique. Il est essentiel d’être à l’écoute de la nature et de suivre le rythme des saisons. » La recherche du Tempo Giusto, la juste cadence, est une quête inhérente à chaque Cittàslow. « Créer la transition suppose d’être créatif en utilisant notre héritage », commente Pier Giorgio.
Révolution ou conservation ?
Autre point mis en valeur : la mise en œuvre de politiques d’efficacité énergétique. Ici, un projet d’école maternelle auto-suffisante en énergie, là l’éclairage d’une place totalement autonome. Anecdotique ?« Une Cittàslow, c’est une municipalité rurale dont le maire s’engage en fin de compte à ne rien faire de plus que ce qui existe déjà », rétorquent les détracteurs. Dans les faits, les villes lentes sont loin de révolutionner l’univers urbain italien. Certains disent ressentir « une mentalité très fermée », « trop conservatrice ». « Ce qui compte, c’est d’être du coin, de vendre nos produits et de ne pas changer les habitudes même si cela doit se faire au détriment de l’environnement », explique Andreu, un jeune trentenaire désireux de quitter Castelnuevo Berardenga.
« C’est une critique normale évidente, rétorque Pier Giorgio Oliveti. Mais je vous suggère d’aller plus loin, c’est dans l’esprit que c’est très lent ». Friandes de circuits courts, de petits commerces, de redistribution locale de l’énergie, les Cittàslow semblent s’opposer aux logiques du capitalisme mondial. Les initiateurs du mouvement, loin de promouvoir une « démondialisation », disent favoriser « une globalisation vertueuse ». « Nous ne sommes pas hostiles au capitalisme vert, précise Pier Giorgio. Mais en nous opposant au fast-living, nous nous inscrivons dans un mouvement de contre-culture ». Les Cittàslow ne cherchent pas à changer le système, mais à l’améliorer. Pas étonnant que ce mouvement ne se revendique ni de droite, ni de gauche. Même si à l’origine, les maires des quatre villes italiennes [2] réunies en 1999 pour signer la charte Cittàslow étaient de gauche.
Faiblesse de la démocratie participative
Ce souci d’apolitisme rapproche les Cittàslow du réseau des villes en transition, né en Grande-Bretagne. Mais c’est peut-être là le seul point commun. Dans les « villes en transition », l’objectif est la « résilience », c’est-à-dire la capacité à s’adapter aux crises et événements extérieurs, comme une forte augmentation des prix du pétrole ou une pénurie alimentaire [3]. Cette volonté d’adaptation est portée par les citoyens, l’intervention des pouvoirs publics arrivant dans un second temps. A l’inverse, la démarche Cittàslow est à l’initiative des gestionnaires de la municipalité. Une approche justifiée selon Pier Giorgio Oliveti par « le besoin de rendre opérationnelles les décisions, jour après jour ».
Ce qui est moins opérationnel en revanche à Orvieto, c’est la démocratie participative. Il n’existe pas de comité local Cittàslow qui pourrait favoriser la réappropriation de la ville par les citoyens. C’est le cas dans d’autres communes, qui travaillent avec les habitants, sur les transports ou sur l’éducation à l’alimentation. A Castelnuovo Berardenga, la planification urbaine a fait l’objet d’une large consultation.
Cinq villes lentes en France
Face aux défis économiques, sociaux, environnementaux, Pier Giorgio Oliveti estime que les Cittàslow sont dans « un processus de transition vers un monde plus soutenable pour les générations futures ». « Bien sûr, ajoute t-il, nous ne sommes pas parfaits, chaque initiative connait des contradictions. Mais nous prenons le modèle imparfait actuel pour le modifier à la racine de la meilleure façon possible en partant de questions pratiques ». L’idée fait des émules : depuis treize ans, 161 villes dans 25 pays ont rejoint le mouvement, des États-Unis à la Corée du Sud. En France, cinq villes ont récemment adhéré, Segonzac (Charente) [4], La Bastide d’Armagnac (Landes), Mirande (Gers), Créon et Blanquefort (Gironde).
« Être Cittàslow va être l’occasion pour nous de mettre en avant nos produits locaux et artisanaux, de développer le tourisme », s’enthousiasme Pierre Beaudan, le maire de Mirande. L’office de tourisme propose désormais des séjours « Cittàslow » de quatre jours avec des repas à base de produits du terroir, issus de producteurs bio locauxs. Une façon de changer le monde en partant des situations locales ? Ou de surfer sur la vague du « développement durable » pour promouvoir un territoire ?
Texte et photos : Sophie Chapelle
Notes
A l’initiative de cette charte, Carlo Petrini, fondateur de Slow Food, un mouvement dans lequel l’art culinaire italien se nourrit de traditions locales, de biodiversité, de respect de l’environnement et de patience. Les Cittàslow sont bien davantage. En plus du volet gastronomique, le mouvement implique une réflexion sur la planification urbaine, la mobilité, la préservation du patrimoine et des savoir-faire artisanaux, et le bien-être en général. Avec cette charte, un nouveau réseau est né, celui des Città del buon vivere, autrement dit « des villes où il fait bon vivre ».
Des « villes escargot »
« Nous n’avons pas d’autres choix que de ralentir, analyse Pier Giorgio Oliveti, directeur du réseau international des Cittàslow, qui a son siège au Palais du goût d’Orvieto. Ce n’est pas seulement le pic de pétrole, ce sont toutes les limites des ressources naturelles – énergétiques, minérales ou agricoles – qui nous contraignent à réduire notre empreinte écologique excessive. » Pour lui, les Cittàslow sont des exemples concrets d’utopies, une mise en pratique d’un nouveau style de vie. Le logo du réseau : un escargot convoyant une ville sur sa coquille.
Toutes les villes ne pourront pas prétendre à devenir « lentes ». Un seuil minimum de 50 000 habitants a été fixé pour pouvoir adhérer au réseau Cittàslow. « Nous refusons les grandes villes dont l’échelle est sans mesure avec les capacités humaines de perception, de dialogue et de déplacement », justifie Pier Giorgio. Les villes adhérentes privilégient le développement des commerces de proximité et la densification urbaine, par rapport aux grandes zones commerciales et résidentielles en périphérie. La critique de la vitesse est consubstantielle à celle du gigantisme des mégapoles tentaculaires et fragmentées.
Ville-musée ou créatrice de solidarités ?
Tout commence dans le centre historique d’Orvieto avec la mise en place d’un système de mobilité alternative, multimodal. Outre la construction d’un funiculaire et la densification du réseau de bus, l’accès au centre-ville est désormais restreint aux seuls riverains et commerçants, les automobilistes utilisant des parkings sous-terrains aux extrémités de la citadelle. Des aménagements qui ont coûté, en impôts locaux, 400 euros par an pour les résidents, visiblement satisfaits.
D’abord sous le charme, l’inquiétude d’être au cœur d’une « ville-musée », regorgeant de joyaux architecturaux et destinée uniquement aux plaisirs des vacanciers, prend le pas. Préserver le patrimoine historique est l’une des préoccupation des Cittàslow. A Brisighella, dans la région Emilie-Romagne, on réhabilite ainsi les façades des maisons et leurs couleurs typiques du début du 20e siècle. Le dynamisme des manifestations culturelles locale est l’une des grandes réussites du réseau Cittàslow [1]. Mais quid des aspects sociaux ?
Les oubliés des Cittàslow
« Avec la densification urbaine, l’enjeu est de revitaliser le centre historique, assure l’architecte de la ville, en faire un centre vivant pas seulement pour les touristes mais où les habitants puissent vivre ». D’après lui, près de 13 000 personnes pourraient habiter dans le centre historique contre à peine 6 000 aujourd’hui. Les nombreux logements vacants révèlent la difficulté pour la municipalité de conjuguer lutte contre les exclusions et amélioration de la qualité de la vie, l’augmentation du prix des loyers étant quasiment systématique.
L’enjeu pour Orvieto : réduire les inégalités, et que ces initiatives soient soumises à des objectifs de justice sociale, environnementale et inter-générationnelle. Or, seuls quelques exemples, en-dehors d’Orvieto, allient les deux aspects, culturel et social. La municipalité d’Abbiategrasso, dans la province de Milan, cofinance par exemple les voyages du troisième âge et des repas dansants dans le centre-historique permettant de déjeuner pour cinq euros. « Notre défi est de parvenir à protéger les Cittàslow tout en leur permettant d’être ouvertes à tout le monde, et pas seulement à l’élite », rappelle Pier Giorgio. Reste à le concrétiser.
Relocaliser l’économie
Depuis l’entrée dans le processus Cittàslow, plusieurs artisans ont ouvert des commerces dans les artères du centre historique. « La valorisation de savoir-faire ancestraux dans des circuits courts est une approche typiquement slow », se réjouit Pier Giorgio. Forte d’une tradition artisanale dans les domaines de la céramique, des métaux, du cuir, du bois et des dentelles, la ville d’Orvieto mise sur le retour en force de cette micro-économie. Ancien salarié d’une compagnie d’assurance, Walter Ambrosini s’est lancé en 2001, avec sa compagne, dans la céramique médiévale. Malgré les sollicitations de revendeurs, il assure ne pas vouloir agrandir son commerce. « On se contente d’une seule voiture et d’un seul téléphone portable pour toute la famille et on préfère privilégier le mieux-vivre ».
Sur le plan économique, les Cittàslow refusent l’implantation de grandes chaines d’hôtel, préférant les petites structures d’hébergement et les restaurants locaux. Valentina, une jeune cheffe de 28 ans, a ouvert en 2008 un bar-restaurant non loin des artères touristiques. Elle recommande ce jour-là des pâtes « maison » avec des asperges et des tomates récoltées à quelques kilomètres, dans la ferme de sa famille. « Ce qui est vraiment slow à mes yeux, c’est ce qui est produit localement et de manière biologique. Il est essentiel d’être à l’écoute de la nature et de suivre le rythme des saisons. » La recherche du Tempo Giusto, la juste cadence, est une quête inhérente à chaque Cittàslow. « Créer la transition suppose d’être créatif en utilisant notre héritage », commente Pier Giorgio.
Révolution ou conservation ?
Autre point mis en valeur : la mise en œuvre de politiques d’efficacité énergétique. Ici, un projet d’école maternelle auto-suffisante en énergie, là l’éclairage d’une place totalement autonome. Anecdotique ?« Une Cittàslow, c’est une municipalité rurale dont le maire s’engage en fin de compte à ne rien faire de plus que ce qui existe déjà », rétorquent les détracteurs. Dans les faits, les villes lentes sont loin de révolutionner l’univers urbain italien. Certains disent ressentir « une mentalité très fermée », « trop conservatrice ». « Ce qui compte, c’est d’être du coin, de vendre nos produits et de ne pas changer les habitudes même si cela doit se faire au détriment de l’environnement », explique Andreu, un jeune trentenaire désireux de quitter Castelnuevo Berardenga.
« C’est une critique normale évidente, rétorque Pier Giorgio Oliveti. Mais je vous suggère d’aller plus loin, c’est dans l’esprit que c’est très lent ». Friandes de circuits courts, de petits commerces, de redistribution locale de l’énergie, les Cittàslow semblent s’opposer aux logiques du capitalisme mondial. Les initiateurs du mouvement, loin de promouvoir une « démondialisation », disent favoriser « une globalisation vertueuse ». « Nous ne sommes pas hostiles au capitalisme vert, précise Pier Giorgio. Mais en nous opposant au fast-living, nous nous inscrivons dans un mouvement de contre-culture ». Les Cittàslow ne cherchent pas à changer le système, mais à l’améliorer. Pas étonnant que ce mouvement ne se revendique ni de droite, ni de gauche. Même si à l’origine, les maires des quatre villes italiennes [2] réunies en 1999 pour signer la charte Cittàslow étaient de gauche.
Faiblesse de la démocratie participative
Ce souci d’apolitisme rapproche les Cittàslow du réseau des villes en transition, né en Grande-Bretagne. Mais c’est peut-être là le seul point commun. Dans les « villes en transition », l’objectif est la « résilience », c’est-à-dire la capacité à s’adapter aux crises et événements extérieurs, comme une forte augmentation des prix du pétrole ou une pénurie alimentaire [3]. Cette volonté d’adaptation est portée par les citoyens, l’intervention des pouvoirs publics arrivant dans un second temps. A l’inverse, la démarche Cittàslow est à l’initiative des gestionnaires de la municipalité. Une approche justifiée selon Pier Giorgio Oliveti par « le besoin de rendre opérationnelles les décisions, jour après jour ».
Ce qui est moins opérationnel en revanche à Orvieto, c’est la démocratie participative. Il n’existe pas de comité local Cittàslow qui pourrait favoriser la réappropriation de la ville par les citoyens. C’est le cas dans d’autres communes, qui travaillent avec les habitants, sur les transports ou sur l’éducation à l’alimentation. A Castelnuovo Berardenga, la planification urbaine a fait l’objet d’une large consultation.
Cinq villes lentes en France
Face aux défis économiques, sociaux, environnementaux, Pier Giorgio Oliveti estime que les Cittàslow sont dans « un processus de transition vers un monde plus soutenable pour les générations futures ». « Bien sûr, ajoute t-il, nous ne sommes pas parfaits, chaque initiative connait des contradictions. Mais nous prenons le modèle imparfait actuel pour le modifier à la racine de la meilleure façon possible en partant de questions pratiques ». L’idée fait des émules : depuis treize ans, 161 villes dans 25 pays ont rejoint le mouvement, des États-Unis à la Corée du Sud. En France, cinq villes ont récemment adhéré, Segonzac (Charente) [4], La Bastide d’Armagnac (Landes), Mirande (Gers), Créon et Blanquefort (Gironde).
« Être Cittàslow va être l’occasion pour nous de mettre en avant nos produits locaux et artisanaux, de développer le tourisme », s’enthousiasme Pierre Beaudan, le maire de Mirande. L’office de tourisme propose désormais des séjours « Cittàslow » de quatre jours avec des repas à base de produits du terroir, issus de producteurs bio locauxs. Une façon de changer le monde en partant des situations locales ? Ou de surfer sur la vague du « développement durable » pour promouvoir un territoire ?
Texte et photos : Sophie Chapelle
Notes
[1] D’après une enquête publiée en juin 2011, les projets considérés comme les plus réussis par les Cittàslow concernent les manifestations culturelles locales, mises en œuvre par environ 70 % des villes adhérentes.
[2] Bra, Greve in Chianti, Positano et Orvieto
[3] C’est, pour le réseau des villes en transition, la « capacité de ne pas disparaître ou se désorganiser au premier signe d’une pénurie par exemple de pétrole ou de produits alimentaires mais, au contraire, de répondre à ces crises en s’adaptant ». Source
[4] Voir notre reportage : Segonzac, première ville lente
[2] Bra, Greve in Chianti, Positano et Orvieto
[3] C’est, pour le réseau des villes en transition, la « capacité de ne pas disparaître ou se désorganiser au premier signe d’une pénurie par exemple de pétrole ou de produits alimentaires mais, au contraire, de répondre à ces crises en s’adaptant ». Source
[4] Voir notre reportage : Segonzac, première ville lente
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