Les bois à Roybon : lettre d’une roybonnaise à
un élu pro-Center Parcs : Lettre ouverte à Monsieur Barbier, député.
Vous m’envoyez
régulièrement votre lettre circulaire et je vous en remercie. Il est toujours
bon de connaître l’activité du député qui vous représente, même si l’on n’a pas
voté pour lui.
Les bois à Roybon.
Le bois des Avenières à
Roybon, fait aussi partie du patrimoine.
Voilà les quelques lignes
que, dans la « Newsletter » du mois d’octobre, - pourquoi cet
anglicisme ? - vous consacrez aux « Journées du
Patrimoine » : « Durant le week-end des 14 et 15 septembre à
l’occasion des journées du patrimoine, j’ai sillonné les 8 cantons de la 7ème
circonscription. De magnifiques rencontres et un nouveau succès pour ces
journées. Le patrimoine n’est pas qu’une passion du passé, c’est d’abord une
passion du vivre ensemble, une passion de la connaissance et du savoir
partagé ». Je sais que vous vous intéressez au patrimoine pour vous avoir
rencontré à Chatonnay à une exposition peintures-photos, à St Pierre de
Bressieux à l’assemblée générale de l’association « Mémoire de
Bonnevaux » et, il y a quelques semaines, dans la charmante petite
chapelle des seigneurs de Grolée à Viriville. Comme vous avez raison de
remarquer : « le patrimoine n’est pas qu’une passion du passé »
et j’ai eu plusieurs fois l’occasion de vous faire part de mon inquiétude et de
mon indignation quand je vois la menace qui pèse sur le Bois des Avenières à
Roybon patrimoine naturel d’aujourd’hui.
Des bois concédés par le Dauphin, aux Roybonnais.
Les bois de Roybon ont un
statut un peu particulier. En 1294, le Dauphin Humbert Ier, et Anne son épouse,
créent la Villeneuve de Roybon. Ils octroient, aux habitants qui viendront s’y
installer, une charte de franchise dont l’importance est telle qu’elle va
servir de modèle à de nombreuses communautés dauphinoises. Les habitants
pourront jouir paisiblement des bois et pâturages que le dauphin leur
octroiera. Ils ne paieront pas la taille. Ils pourront couper le bois et le
vendre, défricher, chasser. Certains prétendent même que Roybon a été le
premier territoire où les paysans ont eu droit de chasse, rien n’est moins sûr.
Cela avait pourtant servi de prétexte à envisager, avant le Center Parcs, un
projet aussi mirifique : Cité Cyné, parc consacré à la chasse, unique en
France ! Le projet a fait long feu.
Des bois qu’il a fallu défendre contre la rapacité
des seigneurs.
Ce n’est pas sans mal que
pendant sept siècles les Roybonnais ont pu préserver ce privilège : contre
les seigneurs, contre les verriers, contre les communautés voisines. Quand à la
fin du 18ème siècle et au début du 19ème MM de Tonnerre, de Monteynard et
Mme de Menon tentent de priver les Roybonnais de cette jouissance c’est
Henri Saint Romme, avocat, qui en 1828 présente un mémoire pour les défendre.
Des bois, qui ont joué, pendant sept siècles, un
rôle important pour toute une région.
Jusqu’à nos jours cette
forêt a été un facteur, sinon de richesse, du moins de prospérité. Il faut
avoir entendu les vieux paysans roybonnais, se souvenant de l’époque où rien du
bois des Avenières n’était méprisé : coupes de bois, pour le chauffage
bien sûr, avec le système de l’affouage mais aussi pour la pâte à papier, la
menuiserie et l’ébénisterie. Les scieries tournaient alors dans la vallée de la
Galaure, rivière qui serait bien mise à mal si une ville de cinq mille
habitants venait s’implanter dans les Chambarans. De petits artisans faisaient
les piquets pour les palissades et les vignes. Les fagots, transportés à
Romans, allumaient les fours des boulangers. N’oublions pas la
cueillette : la bauche que l’on ramassait pour rempailler les chaises, la
brune dont on faisait les ruches en paille, les lattes de châtaignier ou de
noisetier pour tresser des paniers. En été, on « faisait la feuille »
pour nourrir les animaux en hiver. Il y avait bien aussi quelques chèvres,
qui s’égaraient en lisière du bois quand ce n’était pas le gros bétail que l’on
y menait paître lorsque les gardes des Eaux et Forêts étaient loin !
Personne n’était dupe, même pas les représentants de l’État !
Aujourd’hui, Les Avenières, libres et gratuites,
font le bonheur de tous les promeneurs.
Aujourd’hui, les Avenières
restent un bois où les Roybonnais, mais aussi les citadins plus lointains, ont
plaisir à venir ramasser les champignons et les châtaignes, cueillir le muguet,
le houx, ou simplement se promener et photographier. Et nous devrions
aujourd’hui céder ce territoire des Avenières, libre et gratuit, pour que les
seigneurs d’un nouveau genre, beaucoup plus rapaces encore que ceux du Moyen
Âge, viennent tenter de renflouer leur entreprise ? Pierre et Vacances,
société propriétaire des Center Parcs, est en déficit. La fuite en avant
devrait résoudre les problèmes… En attendant l’effondrement final ?
Le mirage des emplois créés... Quels emplois ?
Bien sûr le gros argument
pour détruire cet espace public ce sont les emplois créés. Mais de qui se
moquent Pierre et Vacances et les élus qui soutiennent cette entreprise
lorsqu’ils nous servent cet argument ? Quelques heures de travail par
semaine, payées au SMIC, pour les 350 employées – ce sont surtout des femmes –
qui nettoieraient les appartements entre deux locations. Travail très dur et
très physique qu’il faut faire vite, bien, et où le temps nécessaire est
toujours sous estimé. Il suffit de lire le « Le Quai de Ouistreham »
de Florence Aubenas qui a travaillé six mois dans de telles conditions et qui
nous les rapporte. Le personnel, recruté dans toute la région, passe parfois
autant de temps à se déplacer qu’à travailler. L’INSEE nous apprend qu’au
Center Parcs d’Hattigny, 30% des premiers embauchés étaient déjà
démissionnaires trois mois après l’ouverture et la société doit aller chercher
toujours plus loin son personnel.
Pour quel salaire ?
Quelques 300 euros par
mois. Ce n’est même pas un os qu’on jette à un chien affamé. Qui, de toutes les
bonnes âmes qui vantent ce projet, accepterait de voir sa mère, sa compagne, sa
fille, travailler dans de telles conditions ? De nombreuses grèves et
procédures aux prud’hommes émaillent la vie des Center Parcs. Monsieur Vallini,
lui-même, a reconnu avoir été alerté par la CGT de la mauvaise réputation de
cette entreprise. Quant aux emplois plus spécialisés et mieux rémunérés, la
société Pierre et Vacances a l’habitude d’employer son propre personnel par
l’intermédiaire, souvent, de sociétés amies aussi carnassières qu’elle.
Faire travailler les
chômeurs : un dispositif bien huilé.
Les entreprises licencient
du personnel pour que la rentabilité permette de rémunérer les actionnaires.
Ceux-ci, grâce aux sommes souvent rondelettes qu’ils reçoivent, vont pouvoir
investir dans des placements immobiliers défiscalisés comme Center Parcs,
augmentant encore leurs bénéfices. Et nous devrions les remercier de faire
travailler, pour un salaire de misère, les personnes qu’ils auront contribué à
licencier ! Quelques responsables politiques de notre secteur de Bièvre
Chambarans, en 2009, consolaient, sans rire, les licenciés de l’usine
Schaeffler, en leur promettant une reconversion à Center Parcs ! Quel
mépris : proposer de nettoyer des bungalows ou une piscine, de faire garer
quelques voitures – même si aucun travail ne mérite dédain - à des ouvriers qui
étaient fiers de nous montrer, lors d’une visite d’usine, leur machine et les
pièces qu’ils y fabriquaient ! Le groupe Schaeffler, lui, va bien, merci.
Après quelques difficultés - quand on veut manger plus gros que soi on peut y
perdre quelques plumes - Continental a été digéré, les bénéfices sont revenus.
Après avoir glorifié puis détruit le travail ouvrier, ce monde nous impose des
métiers tertiaires, " de services " aux touristes, métiers encore
plus ingrats et inutiles.
Combien coûteraient de tels emplois ?
Des sommes énormes. Outre
les subventions accordées par les conseils général et régional, l’argent dépensé
par la Communauté de communes, la ville de Roybon, le syndicat des eaux de la
Galaure, il y a « un régime fiscal particulièrement avantageux » que
vante sur Internet, Pierre et Vacances dans la publicité pour ses programmes
d’investissement immobilier. Et tout ça grâce aux niches fiscales. En 2012,
comme le souligne le journal « Capital », Brémond, le président de
Pierre et Vacances, a eu des sueurs froides après que le gouvernement ait
envisagé de réduire ces avantages. Mais, jouant de son influence auprès des
parlementaires, et d’un certain ministre qui aime placer ses économies en
Suisse, il a fait prolonger ses niches. Pierre et Vacances peut continuer à
annoncer sans vergogne que les investisseurs pourront réduire « de façon
très significative la fiscalité et les prélèvements sociaux des loyers sur le
long terme » ! Et, c’est à chacun de ces propriétaires que le Conseil
général de l’Isère, que vous connaissez bien, Monsieur Barbier, puisque vous en
êtes un des membres, va octroyer 7000 euros de subventions, assimilant les
« cottages » à des gîtes. On croit rêver !
Faire travailler les chômeurs …. Pour quoi
faire ?
Se nourrir, se vêtir, se
chauffer, se soigner, ou avoir le dernier téléphone portable, la voiture la
plus puissante, venir au Center Parcs dévaler les cascades de l’aquamundo sous
les palmiers ? Travailler pour satisfaire les besoins élémentaires de
l’homme ou pour faire vivre un monde de pacotille qui pille les pays du tiers
monde et les ressources de la planète ? Travailler pour que les entreprises
puissent verser au moins 14% de rendement aux actions des fonds de
pension ? Travailler pour que les riches – qui donnent du travail aux
pauvres ma bonne dame ! – puissent naviguer sur leur yacht, dormir et
manger dans les hôtels de luxe ?, À l’hôtel Beau Rivage, de Nice, la
chambre coûte 650 euros la nuit. Trente-cinq mètres carrés et trois mètres de
hauteur sous plafond, c’est le moins qu’on puisse demander ! À quelques
mètres de là se trouve le service social d’insertion de la ville. Combien de SDF
pourrait-on loger dans cette chambre « Junior » de l’hôtel de luxe
quand on sait qu’à Paris, un travailleur a vécu plusieurs années dans un cagibi
de moins de deux mètres carrés ?
« La France qui fait la richesse de notre
pays ».
Dans votre intervention du
17 septembre à l’Assemblée nationale, vous glorifiez la France « qui se
lève tôt, celle qui travaille, celle qui entreprend et qui fait la richesse de
notre pays ». C’est aussi celle qui touche des salaires de misère, qui
habite loin de son travail dans des logements parfois vétustes, qui ne peut pas
se faire soigner, qui se tait et accepte les conditions de travail qu’on lui
impose, parce que ça sert aussi à ça le chômage : faire pression sur les
travailleurs. C’est la France de ceux qui devront travailler 43 ans pour
toucher une retraite alors que l’espérance de vie, en bonne santé, recule, la
France de ceux qui paient le plus d’impôts par le biais de la TVA sur laquelle
ils ne peuvent pas tricher, alors que le seul appel à l’aide de l’UMP, pour les
11 millions d’euros que ce parti devait rembourser à l’Etat, aura coûté 7,26
millions de cadeau fiscal.
Nous ne pourrons jamais accepter que ce projet de
Center Parcs soit qualifié d’intérêt public.
- On ne peut pas, sous
prétexte d’emplois, cautionner la destruction de 200 hectares de forêt, d’une
zone humide d’importance, d’un château d’eau qui alimente une partie de la
Drôme.
- On ne peut pas puiser l’eau dans des nappes phréatiques dont on sait quelles ne sont pas inépuisables.
- On ne peut pas polluer un air particulièrement pur. ( le 17 octobre 2013, l’OMS note dans un rapport le lien certain entre pollution et mortalité accrue.)
- On ne peut pas puiser l’eau dans des nappes phréatiques dont on sait quelles ne sont pas inépuisables.
- On ne peut pas polluer un air particulièrement pur. ( le 17 octobre 2013, l’OMS note dans un rapport le lien certain entre pollution et mortalité accrue.)
Les chômeurs ont besoin d’un revenu, certes.
Mais :
- nous n’acceptons pas
qu’on les fasse travailler pour un salaire de misère.
- nous n’acceptons pas que soient détruites les Avenières pour transformer les chômeurs en travailleurs pauvres quand on sait que « La richesse cumulée des 500 premières fortunes de France s’établit désormais à 330 milliards d’euros, et n’a jamais été aussi élevée depuis 1996 » (article du Monde du 10 juillet 2013, vu dans Google).
- nous n’acceptons pas que soient détruites les Avenières pour transformer les chômeurs en travailleurs pauvres quand on sait que « La richesse cumulée des 500 premières fortunes de France s’établit désormais à 330 milliards d’euros, et n’a jamais été aussi élevée depuis 1996 » (article du Monde du 10 juillet 2013, vu dans Google).
Payer les chômeurs à ne
rien faire coûterait beaucoup moins cher que de détruire la forêt, la nature,
la vie. On pourrait, par exemple, leur demander de compter les écrevisses à
pattes blanches, d’écouter, les soirs d’été, le murmure du vent dans les
feuilles ou, en hiver, le fracas des branches qui s’abattent sous le poids de
la neige. Ils pourraient contribuer, Monsieur Barbier, à « la passion du
vivre ensemble » aux Avenières, forêt libre et gratuite.
À Roybon le 29 octobre 2013. Michelle Pistone.
04 juin 2012 : St UZE : Délibération
sévère contre le projet de Center Parcs.
Le conseil municipal de Saint-Uze vient de se prononcer sur ce projet en
reconnaissant les dommages irréversibles qu’il causerait s’il se faisait :
Considérant que cet
aménagement qui détruira un environnement privilégié, forêt et zones humides
ainsi que les espèces protégées qui y vivent, aura un impact sur la ressource
en eau, nappe phréatique et rivière "Galaure", sur la circulation
automobile dans les vallées permettant l’accès au site.
05 juin 2012 : Le NON au Center
Parcs de Mours St Eusèbe
La Drôme continue de
manifester son opposition au projet gravement
menaçant pour les zones humides et la ressource en eau de la Drôme ... C’est le
cas de la commune Mours St Eusèbe, à coté de Romans dont vous trouverez la
délibération.
03 avril 2012 : Le NON du Conseil
Municipal à St Barthélémy de Vals
Alors que Pierre &
Vacances presse les tribunaux pour accélérer les procédures et empêcher ainsi
toute analyse détaillée et profonde du sujet ... et qu’ainsi les communes et
personnes se fassent un avis factuel sur le sujet ... ( beaucoup de personnes
autour du projet ignorent encore le projet d’implantation de cette
ville !!! ) des communes réagissent et c’est tout le conseil municipal de
Saint-Barthélemy-de-Vals dans la Drôme qui vient officiellement de nous donner
son soutien dans notre opposition !
Le premier d’une longue
série ?
On ne peut, entre temps,
que regretter l’empressement des tribunaux à statuer sur un dossier aussi ....
complexe et colossal sur ses répercutions locales !!! Quand on sait que
chez nos avocats, des dossiers relatifs à des logements sociaux attendent un
jugement depuis de longues années et que ce projet hyper consommateur d’eau et
d’énergie, une monstrueuse ville de 5000 habitants qui faire raser 92 hectares de forêt, se voit
jugé dans tes temps records ... C’est un peu ... déconcertant ...
Les juges se laisseront
t’il endormir par des emplois à 240 euros par mois pour justifier un soi-disant
intérêt général ?
MCD
AIDEZ NOUS A SAUVER LES
CHAMBARAN EN SIGNANT EN LIGNE CI-APRES ET/OU EN IMPRIMANT PUIS EN FAISANT
SIGNER LA PRESENTE PETITION D’OPPOSITION A LA CONSTRUCTION D’UN CENTER PARCS A
ROYBON ( téléchargeable
ci-dessous), afin que nous puissions transmettre des milliers de signature aux
élus et autorités concernés. Vous pouvez aussi nous aider en adhérant à PCSCP
(10 euros) ou par un don, les chèques étant envoyés à l’adresse figurant
Ici : http://pcscp.org/spip.php ?article1.
D’AVANCE MERCI.
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