La vie vient-elle de l'espace ?
Illustration de la comète Ison
Une
équipe de recherche britannique du département de biotechnologie et de
biologie moléculaire de l'Université de Sheffield, dirigée par Milton
Wainwright, aurait-elle découvert une trace de vie extraterrestre dans
la stratosphère ? Peut-être, si l'on en croit l'observation troublante
réalisée par ces scientifiques.Fin juillet, cette équipe a envoyé un ballon-sonde dans la stratosphère au-dessus de Chester, dans le nord-ouest de l'Angleterre. Ce ballon était muni d'un tiroir télécommandé qui s'est ouvert pendant 15 minutes, entre 22 et 27 kilomètres d'altitude. Après avoir récupéré le ballon au sol, les scientifiques ont eu la surprise de constater, grâce à un examen microscope électronique à balayage, que le tiroir dont ils avaient déclenché l'ouverture contenait les restes d'une structure biologique, de quelques micromètres de long, proche d'une diatomée, une algue unicellulaire.
Or ces chercheurs précisent dans leurs communiqué que toutes les précautions avaient été prises pour que le fameux tiroir ne puisse pas être contaminé avant et pendant le vol de ce ballon-sonde. Non seulement ce tiroir avait fait l'objet d'un nettoyage approfondi mais il était en outre muni d'un système de protection, sous forme de galerie, qui empêchait toutes particules venant du ballon de venir le polluer pendant son ouverture dans la stratosphère.
Selon ces chercheurs, aucun phénomène terrestre naturel (tempête ou éruption volcanique) ni aucune action humaine (vol aérien) ne peuvent expliquer la présence d'un micro-organisme de ce type à une telle altitude.
Le professeur Milton Wainwright en arrive donc à la conclusion "Qu'il est très probable que cette structure vienne de l'Espace et que la vie voyage probablement dans l'Espace sous différentes formes et arrive continuellement sur terre depuis très longtemps, sans doute transportée par les comètes".
D'autres recherches récentes menées par une équipe anglo-américaine confortent cette hypothèse d'une vie qui serait venue de l'Espace pour ensemencer notre Terre.
Les astronomes ont déjà détecté dans les comètes (comme la comète de Halley) des composés d'ammoniac et d'autres briques élémentaires de la vie qui constituent des acides aminés et les protéines. L'acide aminé le plus simple, la glycine, a d'ailleurs récemment été découvert dans les échantillons de la comète 81P/Wild-2 recueillis en 2004 par la mission Stardust de la NASA.
Mais l'apparition de la vie nécessite la présence et la combinaison d'acides aminés plus complexes. Or les modèles informatiques conçus par Nir Goldman, du Laboratoire national Lawrence Livermore en Californie, montrent que de violents impacts de comètes et de météorites pourraient provoquer la formation d'acides aminés complexes.
C'est précisément cette hypothèse que souhaitait vérifier une équipe d'astrophysiciens du Collège impérial de Londres, dirigée par Zita Martins.
Ces chercheurs soulignent que l'origine de l'apparition de la vie sur Terre reste un mystère aussi épais que son absence apparente sur d'autres planètes du système solaire comme Mars. Selon ces scientifiques, les comètes auraient pu jouer un rôle déterminant dans l'apparition de la vie sur notre planète.
Ces corps célestes qui viennent de la ceinture de Kuiper ou du nuage d'Oort sont en général composés pour moitié de glace faite d'un mélange d'eau, de gaz carbonique, de méthane, d'éthane et d'acétylène. L'autre moitié est constituée de roches similaires à celles des météorites. La plus célèbre de ces comètes, la fameuse comète de Halley, nous rend visite régulièrement tous les 75 ans et mesure 15 km de long avec un noyau de 500 km3 de volume et une masse estimée à environ 100 milliards de tonnes.
Un certain nombre de scientifiques pense que ces comètes pourraient non seulement être à l'origine de la présence d'eau sur Terre mais auraient également provoqué l'apparition des fameux acides aminés constituant les briques élémentaires de la vie.
Pour tester cette hypothèse, les chercheurs britanniques ont constitué plusieurs mélanges de glace, de dioxyde de carbone, d'ammoniac et de méthanol dont la température a été abaissée à un niveau comparable à celui des comètes. À l'aide d'un canon à gaz, ils ont ensuite tiré sur ces différents mélanges un certain nombre de projectiles de 500 kg à des vitesses allant jusqu'à 25 000 km/h.
À l'issue de ces essais, les chercheurs ont constaté qu'ils avaient réussi à produire des D et L-Alinine, un type d'acide aminé à l'origine des protéines ainsi que deux acides aminés qui ne sont pas, eux, impliqués dans les protéines, l'a aminoisobutyrique et l'isovaline.
Même si les chercheurs sont encore loin de pouvoir produire les 21 acides aminés nécessaires à la vie, ces expériences montraient tout de même que les impacts violents provenant de la collision des comètes avec la terre aient pu produire certains de ces acides aminés. Si l'on admet le fait que la Terre a dû être bombardée de manière permanente par des comètes depuis sa formation, il y a près de 4,6 milliards d'années, il est possible que ces comètes aient pu contribuer à augmenter sensiblement la quantité d'eau dans notre atmosphère, ce qui a sans doute accéléré le refroidissement et la solidification de la surface de la terre.
Mais toute la question est ensuite de savoir si ces comètes ont également joué un rôle majeur dans l'apparition de la vie sur notre planète, un événement évidemment capital qui serait survenu il y a au moins 3,8 milliards d'années, selon les dernières estimations. Même si ces expériences ne tranchent pas cette question fascinante, elles montrent qu'une telle hypothèse est plausible et que le bombardement continu de notre planète par un grand nombre de comètes pendant plusieurs centaines de millions d'années a pu finir par provoquer la constitution d'un grand nombre d'acides aminés nécessaires à l'apparition de la vie.
Ces travaux confirment donc ceux publiés en mars 2012 par une équipe du CNRS.
Ces chercheurs avaient en effet réussi à fabriquer une comète artificielle dans les mêmes conditions extrêmes que celles qui règnent dans l'Espace et l'avaient irradiée en la soumettant à un rayonnement ultraviolet intense. Quelques semaines plus tard, en utilisant une nouvelle technologie de pointe, la chromatographie multidimensionnelle en phase gaz, ces scientifiques avaient pu identifier la présence de vingt-six acides aminés dans cette comète artificielle.
Ils avaient également découvert pour la première fois six acides diaminés, dont la N-(2-Aminoethyl) glycine, fortement pressentie comme constituant-clé des premières molécules d'ADN terrestre : les molécules d'acide peptidique nucléique (APN).
Il faut enfin souligner qu'une autre étude publiée il y a quelques jours dans la prestigieuse revue « Science » étend cette hypothèse d'une vie venue de l'Espace aux autres planètes situées en dehors de notre système solaire.
Pour la première fois en effet, une équipe internationale d'astrophysiciens a découvert, en dehors de notre système solaire, à quelque 170 années-lumière de la Terre, autour d'une étoile en fin de vie (une naine blanche baptisée GD 61) des traces d'une présence abondante d'eau et un corps rocheux,
En observant le nuage de gaz évoluant autour de cette étoile, les chercheurs ont constaté que celui-ci correspondait aux restes d'un astéroïde qui devait avoir au moins 90 km de diamètre et était composé d'environ 26 % d'eau.
Mais les astrophysiciens ont également identifié dans ce vaste nuage, une présence abondante de magnésium, de silicium, de fer et de l'oxygène, des éléments qui forment les principaux constituants des roches.
Or il se trouve que les planètes rocheuses comme notre Terre se forment par l'agrégation d'astéroïdes et le fait de trouver autant d'eau dans un corps céleste de grande taille apporte la preuve que les matériaux formant les planètes habitables existent bien en abondance dans ce système stellaire et très probablement dans un grand nombre d'autres systèmes comparables.
Comme le souligne l'astrophysicien de Cambridge Jay Farihi, « Nos observations nous ont convaincu que cette naine blanche était en train de finir d'absorber un gros astéroïde composé pour plus d'un quart d'eau. Cette découverte confirme l'hypothèse selon laquelle les astéroïdes, en s'écrasant sur les planètes environnantes, leur apportent de grandes quantités d'eau, ce qui pourrait favoriser l'apparition de la vie. »
L'ensemble de ces avancées et découvertes en astrophysique et en exobiologie rendent donc sinon probable du moins possible, l'hypothèse d'une vie véhiculée dans l'Espace par la multitude de corps célestes s'y déplaçant (comètes et astéroïdes notamment) et « ensemençant » certaines planètes possédant déjà des conditions physico-chimiques favorables à l'apparition et au développement de la vie.
Mais si cette hypothèse se révèle fondée, alors une autre question fascinante se pose : sachant qu'il y a entre 100 et 240 milliards de planètes dans notre seule galaxie, dont plusieurs dizaines de milliards sont sans doute assez semblables à la Terre, se pourrait-il que la vie soit apparue sur d'autres mondes, apportée par ces corps célestes ?
Cette hypothèse semble raisonnable, même si pour l'instant la puissance de nos moyens technologiques d'observation et d'analyse ne nous permet pas encore d'identifier avec certitude la présence de la vie sur des planètes situées en dehors de notre système solaire.
Mais une telle détection n'a rien d'impossible et sera probablement à la portée de la communauté scientifique d'ici quelques années. En outre, les chances de repérer une planète porteuse de vie vont d'autant plus augmenter que, non seulement nos outils technologiques devraient rapidement progresser mais que le nombre de planètes extrasolaires identifiées (plus de 1000 de ces planètes ont déjà été découvertes en 20 ans) va très probablement exploser dans les années à venir.
Il se peut donc que non seulement la vie sur Terre soit venue de l'Espace mais qu'elle soit un phénomène assez banal à l'échelle cosmique. Si une telle réalité était scientifiquement confirmée dans les décennies à venir, il s'agirait non seulement d'une découverte majeure dans l'histoire de l'Humanité mais également d'un événement aux conséquences philosophiques et métaphysiques incalculables.
En effet, si nous avions la preuve que la vie, telle que nous la connaissons (c'est-à-dire basée sur la chimie du carbone), est présente un peu partout dans l'Univers, la question de son inscription potentielle dès la naissance du Cosmos prendrait une tout autre dimension.
Nous serions alors bien obligés d'admettre que la petite dizaine de constantes fondamentales (leur nombre exact ne fait pas encore l'objet d'un consensus scientifique) qui régit notre Univers semble bien avoir été parfaitement ajustée de manière à ce que la vie émerge partout dans le cosmos.
Cette question de l'ajustement extraordinairement précis des constantes fondamentales de la physique est en effet l'une des plus fascinantes de la science et ne peut pas être séparée, comme le pensait d'ailleurs Einstein, de l'énigme que représente l'apparition de la vie et son développement vers la conscience.
Or un article publié en mars 2013 par une équipe de physiciens sur le site de l'Université Cornell et intitulé « La viabilité de la vie basée sur le carbone en fonction de la masse du quark léger » est venu singulièrement renforcer ce lien ontologique entre la valeur des constantes fondamentales de notre Univers et la possibilité, sinon la nécessité, de l'apparition de la vie.
Dans cet article, les physiciens montrent, en s'appuyant sur les travaux de l'astrophysicien Fred Hoyle (décédé en 2001) que la nucléosynthèse du carbone et de l'oxygène en quantités nécessaires pour l'apparition de la vie aurait été tout simplement impossible si les quarks légers avaient des masses très légèrement différentes de celles observées dans la nature. Selon ces chercheurs, il suffirait que ces masses qui dépendent elles-mêmes de la valeur du fameux boson de Higgs découvert récemment par les chercheurs du Cern, varient de seulement 2 % pour que la vie basée sur le carbone ne puisse pas apparaître.
A ce stade de la réflexion on voit que les sciences de la matière et les sciences du vivant se rejoignent et nous conduisent à nous interroger sur la nature et la finalité de notre Univers. Soyons assurés que ces prochaines années seront décisives dans cette quête de connaissances qui nous fait aller toujours plus loin dans la recherche de nos origines comme dans celle de notre destin
.Auteur
fondateur du Groupe de Prospective du Sénat
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