Vingt ans après le Sommet de la Terre fondateur de
1992, «Rio + 20», la conférence des Nations unies sur le développement durable,
va tenter jusqu'au 22 juin de faire avancer les négociations.
A Rio, il y a aussi la lutte contre la pauvreté
Le sommet de Rio suppose
un nouvel effort de la part de la communauté internationale afin de négocier
les politiques visant à fixer deux frontières prioritaires à la croissance
économique : la protection de l’environnement et la lutte contre la pauvreté et
la faim.
Ces trente dernières
années, l’extrême pauvreté a reculé dans le monde, passant de 50% de la
population globale affectée à 17,5%. Ce chiffre est spectaculaire mais encore
insuffisant. D’ici à dix ans, nous devrions réaliser le rêve tant de fois
formulé que la faim cesse d’être l’une des principales causes de mortalité sur
la Terre.
Ceci est le mandat des
Objectifs du millénaire, qui reste aujourd’hui encore d’actualité, même si ses
avancées se font - et il faut le dire clairement - à un rythme insuffisant,
surtout en raison de la crise internationale actuelle. C’est pourquoi, à Rio,
il s’agit de renouveler avec force cet engagement mondial en faveur de
l’éradication de la faim.
Au cours de ce sommet,
sera débattue la conviction que le futur de l’humanité dépend de notre capacité
à préserver le milieu naturel dans lequel nous vivons. En moins de quarante
ans, la population mondiale sera multipliée par deux. La biodiversité ne peut
donc continuer à se détériorer de cette façon, car nous mettrions en danger
aussi bien le développement des pays les plus avancées que les perspectives de
sortie de la pauvreté des pays les moins développés.
La communauté scientifique
a démontré que la réduction des émissions de gaz à effet de serre est
primordiale. Politiquement, il s’agit d’un défi majeur pour la gouvernance
mondiale, car nous devons trouver le chemin par lequel peuvent s’équilibrer les
sacrifices réalisés par les pays développés d’une part, et les pays émergents
d’autre part.
J’ai participé à de
nombreux sommets internationaux au cours desquels la principale difficulté pour
atteindre un accord était l’exigence des pays émergents que les pays développés
respectent leur droit à une croissance sans entrave : «Laissez-nous d’abord
atteindre un niveau de développement similaire au vôtre et nous réduirons
ensuite nos émissions.»
Je comprends ces
revendications, mais nous n’avons pas le temps. La Terre n’a plus le temps. Il
est urgent de trouver un consensus entre développement et réduction des
émissions, entre développement et énergies renouvelables, entre développement
et économies d’énergie, entre développement et transfert de technologie…
Aujourd’hui, les
gouvernements et organismes internationaux savent que l’aide au développement
doit nécessairement être une aide au développement durable. Dit d’une autre façon, il nous faut enraciner de
façon irréversible l’idée que l’éradication de la pauvreté et la préservation
de la nature vont de pair, car elles sont l’expression d’un même paradigme :
celui de la défense de la dignité humaine.
Quel que soit le résultat
du sommet de Rio, dès à présent, nous avons rendez-vous avec un sommet de la
Terre, un rendez-vous avec le destin de notre espèce. Et je n’ai pas l’ombre
d’un doute que ce sommet quotidien débouchera sur une réduction progressive de
la pauvreté en équilibre avec l’environnement. Des retards et contretemps
peuvent surgir sur le chemin, mais l’humanité ne cessera d’avancer car elle ne
cesse d’apprendre.
C’est cette même
conviction dans le progrès que nous offrent chaque jour les coopérants qui, aux
quatre coins du monde, sauvent une vie, projettent la lumière de l’éducation
sur les ténèbres de l’analphabétisme et permettent que la perspective d’une vie
digne devienne tangible.
JOSÉ LUIS
RODRIGUEZ ZAPATERO, Président du gouvernement espagnol de 2004
à 2011
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