Areva ferme l'usine d'enrichissement d'uranium
Eurodif et prépare son démantèlement à Tricastin (Saint Paul Trois Châteaux
–Pierrelatte-Drôme).
Eurodif SA, créée en 1973, est une société
spécialisée dans l'enrichissement de l'uranium. Elle est propriétaire de
l'usine Georges-Besse sur le site nucléaire du Tricastin
Eurodif Production, créée en 1973, est une société
spécialisée dans l'enrichissement de l'uranium, filiale de Eurodif SA. Elle
exploite l'usine Georges-Besse sur le site nucléaire du Tricastin
L'usine Eurodif sur le site nucléaire du Tricastin
est dénommée depuis 1988 usine Georges-Besse. Le chiffre d'affaires 2009 est de
190 057 901 Euros. Son résultat pour
cette même année est de 213 490 Euros.
L'effectif
de la société est de 1270 personnes en 2009. Les actionnaires
en 2010 sont Areva NC (44,65 %), Sofidif (25 %), Synatom
(11,11 %), Enusa (11,11 %) Enea (8,13 %). Activité :
Enrichissement et retraitement de matières nucléaires en Uranium enrichi.
Le site nucléaire du Tricastin est un site industriel qui regroupe
des installations du cycle du combustible nucléaire et une centrale nucléaire.
Il est situé en France, dans la basse vallée du Rhône, au cœur de la région du
Tricastin, sur la rive droite du canal de Donzère-Mondragon (canal de
dérivation du Rhône) entre Valence (70 km en
amont) et Avignon (65 km en aval). Il s'étend
sur une surface de 600 hectares répartie sur
quatre communes, Saint-Paul-Trois-Châteaux et Pierrelatte dans la Drôme,
Bollène et Lapalud dans le Vaucluse.
En fermant l'usine d'enrichissement Eurodif, le
groupe Areva réalise des économies d'énergie considérables et s'engage dans le
démantèlement d'une des plus importantes usines du cycle de combustible au
monde.
Dans la nuit du 6 au 7
juin 2012, Areva a définitivement mis à l'arrêt l'usine d'enrichissement
Georges Besse d'Eurodif ouverte en 1979 et située sur le site du Tricastin
(Drôme). En 33 ans d'activité ininterrompue, "le site a répondu à la
demande [en combustible nucléaire] de près de 100 réacteurs nucléaires dans le
monde, soit un quart de la demande mondiale", rapporte Areva.
Economiser l'énergie
L'usine George Besse
permettait d'enrichir l'uranium extrait du minerai en portant de 0,7% à une
teneur de 2 à 5% la part de l'isotope fissible, l'uranium 235. Pour cela, le
minerai est converti en hexafluorure d'uranium (UF6) avant d'être
enrichi en utilisant le procédé de diffusion gazeuse. Cependant, cette
technique, basée sur la séparation des isotopes 235 et 238 en contraignant l'UF6
gazeux à traverser une série de filtres, nécessite de très fortes pressions
entrainant une consommation énergétique prohibitive. Ainsi, en consommant la
production de trois des quatre réacteurs nucléaires de 900 mégawatts (MW)
installés sur le site, l'usine était le premier client d'EDF.
Pour compenser la
fermeture de l'usine de diffusion gazeuse, Areva ouvre l'usine d'enrichissement
Georges Besse II qui utilise le procédé de centrifugation. Avec cette nouvelle
technique la consommation énergétique devrait être divisée par 50, selon le
groupe spécialisé dans le nucléaire. De même, les besoins en eau de
refroidissement sont réduits "de manière importante". Trois
milliards d'euros ont déjà été investis dans la nouvelle usine.
Si l'usine a cessé de
produire de l'uranium enrichi, son activité n'est cependant pas totalement
arrêtée. "Nous allons d'abord rincer l'installation pendant deux à
trois ans", explique Arnaud Gay, directeur de la business unit
Valorisation des sites nucléaires en charge notamment des activités de
démantèlement, ajoutant qu'"ensuite le démantèlement proprement dit
durera de 8 à 10 ans".
Concrètement, le rinçage
de l'usine doit permettre de récupérer les quelque 320 tonnes d'uranium encore
présentes dans les cascades d'enrichissement de l'usine afin de les valoriser
et de décontaminer les équipements. Pour cela, Areva a élaboré le Projet de
rinçage intensif suivi d'une mise à l'air d'Eurodif (Prisme) consistant à
injecter du trifluorure de chlore (ClF3) qui, après macération,
permet de récupérer une partie du l'uranium. La seconde étape consiste à
incorporer de l'air afin que le ClF3 réagisse avec l'humidité de
l'air. Un processus d'hydrolyse permet de maîtriser les rejets de fluor et de
chlore à l'issue du traitement des gaz générés par l'opération.
Du risque radiologique
au risque chimique
Pour le Réseau sortir du
nucléaire (RSN) il s'agit là d'une opération inédite qui utilise "des
tonnes de trifluorure de chlore, un composé proche du gaz moutarde, ce qui
signifie un risque certain pour les travailleurs ainsi que l'augmentation des
rejets de l'installation". Le réseau s'appuie notamment sur des
déclarations d'élus locaux rapportées par Le Dauphiné et selon lesquelles le
gaz, qui n'a jamais été utilisé dans de telles proportions pour le rinçage
d'une installation, est "hyper toxique" et ne "supporte
pas le moindre contact avec l'eau".
L'Autorité environnementale
(AE) du Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD)
du ministère de l'Ecologie, qui a rendu un avis le 28 septembre 2011 sur
l'évaluation du dossier de demande de modification du décret encadrant le
fonctionnement de l'usine George Besse, confirme la modification de la nature
des risques et rejets. "Les impacts sur l'environnement de Prisme sont
a priori limités, soit du fait de la réduction prépondérante des prélèvements
et rejets lors de l'arrêt de production, soit du fait de nouveaux rejets
limités et temporaires", explique l'AE, précisant que "les
rejets chimiques (trichloréthylène, perchloréthylène, fluorures, chlorures,
bore, uranium) représentent un enjeu plus important que les rejets
radiologiques".
S'agissant plus précisément
des risques associés au ClF3, l'AE note que les risques associés à
ce produit ont été étudiés lors de la modification du site de stockage de ce
gaz qui constitue une installation classée pour la protection de
l'environnement (ICPE). Elle note cependant qu'"[il conviendrait] que
les conclusions de son étude de dangers actualisée [concernant ce stockage]
soient présentées dans la présente étude de maîtrise des risques".
Enfin, avant d'entamer le
démantèlement de l'usine, un décret autorisant l'opération devra être pris par
les ministères concernés à l'issue d'une enquête publique et après consultation
de différentes autorités, dont l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Concrètement le texte encadrera les techniques mises en œuvre pour le
démantèlement des installations (diffuseurs, membranes céramiques ou encore les
tubulures), le calendrier ainsi que le tri et la gestion des déchets. Au total,
Areva estime que l'opération entrainera la gestion de près de 200.000 tonnes de
déchets, dont 130.000 tonnes d'acier et 30.000 tonnes d'équipements en métaux
divers.
Quelle capacité pour
George Besse II ?
Avec
l'usine Eurodif, Areva disposait d'une capacité de production de 10,8 millions
d'unités de travail de séparation (UTS, l'unité de mesure de la capacité d'enrichissement)
par an.
L'usine George Besse II ne dispose actuellement que d'une capacité annuelle de 1,5 million d'UTS et le projet prévoit de la porter à 7,5 millions d'UTS en 2016.
Cependant, la chute des importations japonaises, suite à l'arrêt des 50 réacteurs nippons, a déjà "permis d'anticiper" de plusieurs mois la fermeture de l'usine Eurodif, rapporte l'AFP. Aujourd'hui, Areva compte sur de nouveaux clients, notamment la Chine et l'Inde, pour parer la baisse annoncée des capacités nucléaires japonaises. La production de l'usine George Besse II dépendra probablement des stratégies énergétiques adoptées au quatre coins du Globe.
L'usine George Besse II ne dispose actuellement que d'une capacité annuelle de 1,5 million d'UTS et le projet prévoit de la porter à 7,5 millions d'UTS en 2016.
Cependant, la chute des importations japonaises, suite à l'arrêt des 50 réacteurs nippons, a déjà "permis d'anticiper" de plusieurs mois la fermeture de l'usine Eurodif, rapporte l'AFP. Aujourd'hui, Areva compte sur de nouveaux clients, notamment la Chine et l'Inde, pour parer la baisse annoncée des capacités nucléaires japonaises. La production de l'usine George Besse II dépendra probablement des stratégies énergétiques adoptées au quatre coins du Globe.
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