Marcel Légaut (1900-1990), normalien, agrégé et docteur en mathématiques,
était professeur laïc. Il exerça à l'Université de Rennes de 1925 à 1940. Il
changea radicalement de vie ensuite pour s'établir dans un village de la Drôme
comme propriétaire agriculteur et berger.
Biographie
Profondément croyant, il
est l'héritier des courants de pensée qui se sont développés dans le monde
catholique en France, avant et pendant Vatican II. Contemporain d'Yves Congar,
de Marie-Dominique Chenu et de bien d'autres, il n'est pas à proprement parler
théologien. En marge de l'Église officielle, mais s'en réclamant, il a plutôt
exercé un ministère d'influence dans des cercles d'intellectuels chrétiens.
Il a développé une pensée
originale, voire utopique, à propos de l'avenir de la communauté paroissiale
(entre autres), dans les sociétés urbaines où les vocations religieuses
diminuent de façon constante. Il ne propose pas vraiment de solutions à la
crise des vocations. Il met simplement l'homme Jésus au centre de la communauté
qui se rassemble en son nom pour célébrer l'Eucharistie et dire sa foi.
Arrive la guerre de 1939. M. Légaut est appelé à l’armée comme officier et s’aperçoit
qu’il ne connaît pas les hommes, la vie à la campagne, qu’il n’a pas de
racines. Dans un esprit d’application des Évangiles (« Bienheureux les
pauvres ») et de retour à la terre, il achète une ferme isolée à
1 050 m d’altitude, les Granges de Lesches, à laquelle on accède par
un chemin de terre de 6 km. Il a 150 moutons gardés à vue, et cultive pour
être autonome. Il se marie et aura 6 enfants. Il espère convaincre l’éducation
nationale de parfaire les études des universitaires en alternant une vie à la
campagne (2 jours) et une vie en ville. En 1947, il y renonce devant
l’opposition de l’Éducation Nationale.
Durant cet enfouissement dans ce désert, avec sérieux il devient un paysan aidé par ses
voisins. Il est rejoint l’été par ses anciens amis et réfléchissent ensemble,
tout en travaillant à la ferme et aux installations d’accueil. Mais surtout M.
Légaut a une vie très réglée : 8 à 9 heures de travail de ferme, vie
familiale avec ses enfants, 1 heure de silence face à la nature, vie de prières
dans sa chambre, vie de défrichage de l’Évangile. Tout cela vécut avec l’accueil
de gens de passage, avec les nouvelles de l’évolution de l’église, avec sa vie
paroissiale (le dimanche on descend à Luc-en-Diois pour la messe). Vie simple
sous toutes ses formes mais culturellement riche, on écoute Bach, Mozart on
danse du folklore, on lit et relit des livres de base.
En 1956 il achète le
domaine de l’Abbaye de Valcroissant sur Die. Il mènera de front réflexion, méditation,
écriture. Remi et Martine Légaut ont
repris le ferme…dans les années 70 après le fermier Jean Tissot.
Vers 1960, il décide pour
se comprendre, d’écrire sur sa vie intérieure, mais comme il perçoit que les
mots de la vie de l’Église ont perdu de leurs sens et de leurs poids il veut
décrire la vie du chrétien en rapport avec ce qu’il connaît du vécu de Jésus de
Nazareth. Il va écrire comment rencontrer Dieu en soi par Jésus sans employer
le vocabulaire chrétien, avec les exigences d’un scientifique et la vie
intérieure d’un Jean de la Croix, qui est le vécu de Marcel Légaut. Il va
s’appuyer sur les étapes essentielles de la Vie : L’Amour conjugal, La
Paternité, le sens du sérieux de la Vie « Foi en Soi ». Il va se
comparer à Jésus pour découvrir sa faiblesse « Carence d’être ». Il
va découvrir sa vocation « Notre Mission » en regardant comment Jésus
découvre sa mission. Il regarde vivre en lui Jésus à travers les Évangiles lus
et analyses. Jésus qui se découvre, avec la volonté de revenir à l’essentiel de
la vie religieuse authentique dans son peuple Juif, Face à sa vocation
découverte avec sa prière intense avec son Père, en opposition de plus en plus
intense avec les responsables religieux juifs.
Il se voit appelé à rassembler un peuple de pauvres
disponibles, de pécheurs qui écoutent.
Jésus découvre sa communion intime, son unité avec Dieu son Père. Il arrive à
suggérer à ses apôtres « qui le voit, voit le Père ». Mr Légaut veut
nous faire faire ce même itinéraire. "Dieu est Amour" le niveau du
vécu d’amour de Jésus est révélateur du Vrai Dieu. Mr Légaut écrira 10 livres
sur ce sujet et passera son temps de retraite à travers la France à expliquer
sa pensée, à prier avec des religieux et faire mieux vivre l’Église qu'il
désigne comme étant « Sa Mère, sa croix ». Car Marcel Légaut aime
profondément l’Église. Il ne veut pas se séparer des sources de la foi malgré
les critiques de l’Église vis-à-vis de sa démarche. Il étudie comment les
Apôtres et Pères de l’Église ont construit l’Église occidentale avec le ferment
de ce que fut Jésus et les civilisations juives, grecques et romaines. Marcel
Légaut voudrait que l’Église laisse faire la même démarche à l’Afrique,
l’Amérique et l’Asie. Il voulait que eux aussi crée une Église authentique et
originale en toute liberté et fidélité à Jésus. Marié, père de six enfants, il
meurt à 90 ans.
Bibliographie
Prières d'un croyant
(1933).
La condition chrétienne
(1937).
La communauté humaine
(1938).
Travail de la foi (1962,
réédité 1988).
Introduction à
l'intelligence du passé et de l'avenir du christianisme (1970, réédité 1997).
L'homme à la recherche de
son humanité (1971).
Débat sur la foi (avec
Varillon)(1972).
Vivre pour être (1974).
Questions à...Réponse de
Marcel Légaut (1975).
Mutation de l'Église et
conversion personnelle (1975)
Patience et passion d'un
croyant (1975 réédition revue et corrigée 1989).
Intériorité et engagement
(1977).
Deux chrétiens en chemin
(Légaut-Varillon) (1978).
Méditations d'un chrétien
du XXe siècle (1983).
Prières d'homme (1984).
Croire en l'Église de
l'avenir (1985).
Un homme de foi et son
Église (1988).
Vie spirituelle et
modernité. Entretiens ultimes avec Thérèse de Scott (1992).
Lien externe
Marcel
Légaut, éveilleur d’humanité dans Théolib 38
MCD et wicki lors de la visite de la visite de la vallée de Valcroissant ce dimanche22 septembre...
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