Le rapport rendu par le groupe d'experts
intergouvernemental sur l'évolution du climat prévoit également une hausse du
niveau de la mer entre 26 à 82 cm à la fin du siècle.
La responsabilité de l’homme
dans le réchauffement climatique est plus certaine que jamais et la température
moyenne de la Terre devrait encore grimper de 0,3 à 4,8°C d’ici 2100,
selon le nouveau rapport des experts du climat du Giec adopté vendredi à
Stockholm.
Le Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) revoit aussi à la hausse
l’augmentation du niveau de la mer, qui devrait être de 26 à 82 cm d’ici
2100, selon le nouvel état des lieux scientifique sur le changement climatique.
Pour le Giec, il est désormais
«extrêmement probable» que l’influence humaine est la principale cause du
réchauffement observé depuis le milieu du 20e siècle, ce qui équivaut à 95% de
certitude dans la terminologie très précise du rapport. Dans son dernier
rapport, en 2007, cette certitude était de 90%.
Concernant l’ampleur
possible du réchauffement d’ici la fin du siècle, le Giec a retenu quatre
scénarios possibles sans se prononcer sur la probabilité de chacun d’entre eux.
Le Giec estime ainsi
probable que la Terre se réchauffe entre 0,3°C, dans le scénario le plus
optimiste, et 4,8°C d’ici la fin du siècle par rapport à la température moyenne
de la période 1986-2005. La forte incertitude dépendant évidemment en premier
lieu des quantités de gaz à effet de serre qui seront émises dans l’atmosphère
dans les prochaines décennies. La Terre s’est déjà réchauffée d’environ 0,8°C
depuis l’époque pré-industrielle.
«Limiter le changement
climatique va nécessiter des réductions substantielles et durables des
émissions de gaz à effet de serre», a indiqué dans un communiqué Thomas
Stocker, vice-président du groupe du Giec.
Phénomènes météo plus
intenses
Les experts du Giec
s’attendent également à ce que le réchauffement climatique provoque des
événements météorologiques extrêmes plus intenses, même si certains aspects ne
sont pas encore tout à fait clairs. «Les vagues de chaleur vont probablement se
produire plus fréquemment et durer plus longtemps. Avec le réchauffement de la
Terre, nous nous attendons à voir les régions actuellement humides recevoir
davantage de précipitations et les régions sèches en recevoir moins, même s’il
va y avoir des exceptions», selon Thomas Stocker.
Concernant la hausse du
niveau de la mer, l’une des conséquences majeures du réchauffement, le Giec
revoit à la hausse ses projections: les scientifiques estiment désormais
qu’elle peut monter en moyenne de 26 à 82 cm d’ici 2100 contre 18 à
59 cm dans le rapport 2007. Les climatologues prennent désormais mieux en
compte un phénomène encore insuffisamment étudié il y a 6 ans: un écoulement
dans les océans des glaciers côtiers du groenland et de l’Antarctique.
«Après 25 ans de rapports
par le Giec, la vérité qui dérange est confirmée: le changement climatique est
réel, il se produit à un rythme alarmant et les activités humaines,
principalement la combustion, le provoquent», a réagi dans un communiqué un
collectif d’ONG dont Greenpeace, WWF, Oxfam et Les Amis de la Terre. Et ces ONG
d'ajouter : «les énergies renouvelables constituent une solution
simple, avérée et économiquement abordable».
«S’il y a un dossier qui
réclame plus de coopération et d’engagement diplomatique, c’est bien celui-là»,
a de son côté expliqué le secrétaire d'Etat américain John Kerry dans un
communiqué, ajoutant : «Seule une action des humains peut sauver le monde
des pires impacts» qu’ils ont sur la planète.
La France mobilisée contre
les gaz à effet de serre
Paris a de son côté fait
part de sa volonté de parvenir à un accord en 2015 pour limiter les émissions
de gaz à effet de serre à la suite de la publication du constat alarmant du
Giec. Dans un communiqué commun, Laurent Fabius, ministre des Affaires
étrangères, Philippe Martin, ministre de l’Écologie, du Développement durable
et de l’Énergie, et Pascal Canfin, ministre délégué chargé du Développement, «saluent
l’adoption unanime à Stockholm du premier volume du cinquième rapport du GIEC
qui confirme la réalité dramatique du changement climatique».
«La première décennie du
XXIe siècle (2001-2010) a été la plus chaude depuis 1850» et «l’augmentation de
la température moyenne à la surface du globe, l’élévation du niveau des océans
et l’accélération de la fonte des glaciers sont confirmées comme des faits
scientifiques incontestables», écrivent les trois ministres.
«La France est mobilisée
pour construire un pacte mondial sur le climat en 2015 qui engagera toutes les
parties prenantes sur une limitation des émissions de gaz à effet de serre afin
de contenir l’évolution des températures en deçà de 2°C à l’horizon 2100»,
affirment-ils.
Le Giec, créé il y a 25
ans sous l’égide pour l’ONU, a pour mission d’établir l’état des lieux du
réchauffement pour éclairer les responsables politiques et économiques, mais ne
fournit pas de préconisations en tant que tel.
«Notre maison brûle et nous regardons ailleurs»
Pour sauver le climat, «il
est minuit moins cinq», affirmait le président du Giec, le Groupe
d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, dont les travaux se
sont ouverts lundi à Stockholm. Plus personne ne peut douter de
la gravité du dérèglement en cours : «Cyclones, tornades, inondations,
tempêtes et sécheresses… Entre 1980 et 2011, les catastrophes
climatiques ont coûté la vie à quelque 30 000 personnes et occasionné plus
de 1 000 milliards de dollars de dégâts sur le continent nord-américain,
indiquait une étude du réassureur allemand Munich Re publiée en
octobre 2012. En trente ans, le nombre de catastrophes climatiques
a presque quintuplé en Amérique du Nord alors qu’il a été multiplié
par 4 en Asie, par 2,5 en Afrique et qu’il a doublé
en Europe.» Et ce que nous vivons aujourd’hui est bien peu de chose par
rapport à ce que subiront nos enfants si nous ne sommes pas capables de
relever très vite le défi climatique : le franchissement possible du seuil des
+ 2 °C (hausse de température moyenne du globe terrestre à partir de
laquelle l’impact sur les écosystèmes est de grande ampleur) n’était décrit
qu’à l’horizon 2100 il y a quelques années à peine. Mais un communiqué du CNRS
(juin 2013) informe que ce seuil pourrait être franchi
entre 2035 et 2045 pour le scénario le plus sévère qui est, hélas,
celui que suit la courbe actuelle de nos émissions de gaz à effet de serre.
La situation s’aggrave et les échéances se rapprochent dangereusement.
Rien n’a changé depuis le célèbre constat «Notre maison brûle et nous regardons
ailleurs». Pire, depuis l’échec du sommet de Copenhague en 2009 et
l’éclatement de la crise financière, l’urgence climatique semble avoir disparu
de l’agenda des décideurs.
Par Michel Rocard, Edmond Maire, Edgar Morin,
Nicolas Hulot, Pierre Rabhi…
«Notre
maison brûle et nous regardons ailleurs»
Monsieur Hollande, l’urgence climatique est là :
qu’attendez-vous pour agir ?
Le projet Alternatiba est
né dans ce contexte. Il veut contribuer à relancer une mobilisation
citoyenne, au niveau européen, dans la perspective d’un sommet décisif
pour les négociations internationales sur le climat qui se tiendra
fin 2015 à Paris. Le dimanche 6 octobre, à Bayonne, nous
serons des milliers à nous retrouver pour débattre des questions climatiques (1).
L’objectif d’Alternatiba est de montrer toutes les solutions possibles pour
s’attaquer aux causes du changement climatique, au niveau local comme au niveau
global. Prendre l’angle des alternatives concrètes permet de rompre avec le
sentiment d’impuissance face à ce défi sans précédent pour l’humanité. Il
s’agit également d’expliquer que la lutte contre le changement climatique
concerne la plupart des aspects de notre vie et de notre société : politiques énergétiques
bien sûr, mais également aménagement du territoire, modèle d’agriculture,
partage du travail et des richesses, modes de consommation ou de
transports, etc. Lutter contre le dérèglement climatique n’est pas
forcément une contrainte mais plutôt un élan formidable sur lequel l’avenir
peut se construire.
Cette approche a également
l’avantage de montrer que les solutions ne viendront pas seulement «d’en haut»
mais qu’elles peuvent aussi être mises en œuvre au quotidien, à un niveau local
ou régional, individuel et collectif. Avec Alternatiba, il s’agit de marquer
les esprits par une journée dont l’écho portera loin, par le biais des
médias, des réseaux associatifs et des grandes organisations environnementales
ou sociales. Cet événement fondateur (qui sera précédé le 5 octobre
par un Forum sur le changement climatique) n’est pas une fin en soi mais
un commencement : une rampe de lancement pour une dynamique de mobilisations et
de pression populaires qui vont s’amplifier jusqu’au sommet de Paris fin 2015.
Si nous ne voulons pas revivre un sommet pour rien comme à Copenhague
en 2009, il faut que l’Europe prouve d’ici deux ans qu’il est
possible d’agir efficacement pour réduire massivement les émissions de gaz à
effet de serre avec des solutions justes, démocratiques et solidaires.
Un premier pari est d’ores
et déjà gagné : un très grand nombre d’ONG et de réseaux travaillant sur
les thématiques environnementales ou sociales, de sensibilités et pratiques
très diverses soutiennent ou participent à Alternatiba. Cette journée
constituera une mobilisation citoyenne pour le climat sans précédent en Europe
depuis le sommet de Copenhague en 2009. Le 6 octobre, plus de
150 associations viendront exposer des solutions concrètes, plus de
100 conférenciers participeront aux débats et au total près de 1
000 volontaires sont mobilisés pour accueillir les milliers de
personnes attendues. La question du climat est vitale pour notre avenir. Nous
appelons tous ceux et celles qui le peuvent à répondre à l’appel
d’Alternatiba, à être présents à Bayonne le dimanche 6 octobre pour lancer
une mobilisation à la hauteur du défi sans précédent que constitue cette question
pour l’humanité tout entière.
Par Pierre Larrouturou, Edgar Morin, Pierre Rabhi
et Edmond Maire
Signataires: Christiane Hessel, Edmond Maire Ancien
secrétaire général de la CFDT, Edgar Morin Philosophe, Adolfo Muñoz Secrétaire
général d’Ela, confédération syndicale majoritaire au pays Basque, Michel
Rocard Ancien Premier ministre, Pierre Rabhi Agroécologiste, philosophe, Marie-Monique
Robin Réalisatrice et journaliste, Nicolas Hulot Président de la FNH, Paul
Nicholson Syndicat paysan EHNE Bizkaia, cofondateur de Via Campesina, Jean-François
Julliard Directeur de Greenpeace France, Martine Laplante Présidente des Amis
de la Terre France, Pierre Larrouturou Economiste, porte-parole du collectif
Roosevelt, Geneviève Azam Economiste, porte-parole d’Attac France, Emmanuel
Poilane Directeur de la Fondation Danielle- Mitterrand, Michel Berhocoirigoin
Ancien secrétaire général de la Confédération paysanne, Annick Coupé Porte-parole
de l’Union syndicale Solidaires, Susan George Ecrivaine, Yayo Herrero Coordinatrice
confédérale de Ecologistas en acción, Juan López de Uralde Ancien directeur de
Greenpeace Espagne, Germain Sarhy Fondateur du village Emmaüs Lescar-Pau, Liliane
Spendeler Directrice des Amis de la Terre Espagne, Jacques Testart Président
d’honneur de la Fondation Sciences citoyennes, Patrick Viveret Philosophe.
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