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dimanche 27 octobre 2013

Ces villes du nucléaire esclaves de l'atome...

Ces villes arrosées par le nucléaire

A l’ombre de la centrale de Tricastin, qui emploie 2900 personnes, Saint-Paul-Trois-Châteaux et ses 9000 habitants dépendent largement du site nucléaire.
 

Difficile d’être écolo autour d’une centrale. A Saint-Paul-Trois-Châteaux, ville avoisinant le dangereux réacteur de Tricastin, l’argent de l’atome saute aux yeux.
Juillet 2008: une fuite de plus de 74 kg d’uranium contamine les cours d’eau. Février 2012: un dysfonctionnement sur une vanne pousse à l’arrêt d’un réacteur. Juillet 2013: 29 militants de Greenpeace parviennent à pénétrer sur le site... Août 2013: fuite de tritium dans une nappe souterraine. La centrale de Tricastin, construite sur une faille sismique dans le sud de la Drôme, à quelque 230 km de Genève, ne cesse d’inquiéter. Et pourtant, dans les rues d’une commune avoisinante, Saint-Paul-Trois-Châteaux, personne n’élève la voix contre la centrale dont les réacteurs surplombent la plaine.
Pas d’écolos dans les parages
«J’y ai travaillé, mon mari y travaille, mon père aussi, mes sœurs... Ici tout le monde a un membre de sa famille qui travaille au Tricastin», rappelle une jeune femme, Pauline, assise en terrasse d’un restaurant. Comme d’autres habitants de la ville, elle assure «ne pas avoir peur car [elle] sait comment cela fonctionne». Que le réacteur aurait dû être fermé en 2010, trente ans après sa mise service, ne change rien à l’affaire.
Ce discours mi-rassurant mi-désabusé, Alain Volle le connaît bien. Le responsable d’Europe Ecologie-Les Verts à Montélimar, à 20 km, reconnaît qu’il est quasi impossible de trouver un militant écolo dans les communes jouxtant la centrale. De ses incursions, il ne rapporte que de «rudes discussions avec les habitants».
C’est que la ville dépend largement de l’atome. Selon Areva, le site de Tricastin emploie plus de 2900 personnes. L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) estime que 35% des 9097 habitants de la ville sont dépendants de l’activité nucléaire!
Et ce n’est pas un cas particulier. Autour du Tricastin et du site voisin de Marcoule, près de 50 000 habitants seraient directement ou indirectement liés à l’activité nucléaire sur des dizaines de communes.
Mais les centrales ne profitent pas à tous. Le rapport démontre que l’offre d’emploi ne correspond pas à la demande, ce qui handicape les jeunes de 18 à 24 ans. Entre le site de Tricastin et de Marcoule, plus au sud, près de 19% d’entre eux sont au chômage, selon l’étude.
A Saint-Paul-Trois Châteaux, cette précarité ne se voit pas. Toutes les rues du centre sont pavées, fleuries, les places mises en valeur par du mobilier urbain et, à l’inverse de certaines villes voisines, ce centre est animé par ses cinquante commerces et vingt cafés et restaurants, comme le proclament des panneaux touristiques. Une commerçante qui souhaite demeurer anonyme va jusqu’à qualifier sa ville de «petit Saint-Tropez».
Dans la démesure
Ici, ses 9000 habitants disposent de trois gymnases, un boulodrome couvert, un autre découvert, deux terrains de football, un stade de rugby, un complexe tennistique... Et surtout du centre «Saint-Paul 2003», longtemps déficitaire, terminé dans les années 1980, avec son sauna, son spa, son hammam, sa salle de remise en forme, sa salle de musculation, ses douze pistes de bowling, ses deux terrains de squash et sa piscine couverte de vingt-cinq mètres, alors que la ville possède aussi une piscine découverte...
Selon le rapport de 2012, le montant global des dépenses d’équipement de la commune pour 2007-2009 s’est élevé à 17 millions d’euros (65% pour le seul exercice 2007). La ville emploie environ 200 personnes, dont une vingtaine pour Saint-Paul 2003.
Le budget de la municipalité est à l’avenant: 21,76 millions d’euros en 2012. A titre de comparaison, le budget de Crest, dans la Drôme, de taille similaire (environ 8000 habitants), plafonne à 9,4 millions. La différence? Des revenus d’impôts des entreprises, notamment d’Areva et d’EDF, pesant près de 14 millions d’euros contre 809 000 à Crest...
Pour le maire socialiste, Jean-Michel Catelinois, élu en 2008, le temps des grandes dépenses est cependant révolu. «A l’époque il y avait de l’argent mais il n’était pas géré. Nous partons du principe que nous utilisons l’argent là où il est», assure-t-il en ajoutant que la ville ne fait plus d’emprunt et fera des efforts dans la gestion du personnel.
Saint-Paul-Trois-Châteaux n’arrête pas pour autant d’investir. La culture prend la priorité sur le sport. Le 27 novembre est achevée une nouvelle salle de spectacle avec ses 900 places et ses têtes d’affiche, «une par mois pour seulement 45 euros», selon le maire, comme Superbus, l’humoriste Laurent Gerra ou, à venir, le chanteur Serge Lama pour un coût total estimé à 3 millions et demi d’euros.
Prospérité à accoutumance
Difficile pour les habitants de Saint-Paul-Trois-Châteaux d’imaginer un scénario économique en dehors de la centrale. Pourtant, selon l’organisation Sortir du nucléaire, les travailleurs de l’uranium pourraient aussi profiter d’un démantèlement du réacteur. L’organisation se base sur les recherches de l’association NégaWatt, enrichies par Philippe Quirion, économiste de l’environnement et chargé de recherche au CNRS-CIRED (Centre international de recherche sur l’environnement et le développement). Cette étude montre que la fin du nucléaire coûterait 65 000 emplois en 2020 et jusqu’à 92 000 en 2025. Les créations induites par le démantèlement compenseraient marginalement ces suppressions. Mais la transition énergétique serait créatrice d’emplois grâce à l’essor des énergies renouvelables ou la rénovation des bâtiments. NégaWatt évalue ainsi la création à 235 000 emplois en 2020, 632 000 de plus que si la France demeure dans le nucléaire. 
Jean Baptiste Mouttet
 

Nouveaux incidents au Tricastin

Lundi 16 septembre, un communiqué de l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) informe d’une «présence anormale» de tritium dans les eaux souterraines du Tricastin. Un incident sans gravité, assure le gendarme du nucléaire français, qui l’a toutefois conduit, quatre jours plus tôt, à enjoindre Electricité de France (EDF) à «surveiller» la nappe phréatique. En d’autres termes, la fuite se poursuit et on ne sait pas comment la colmater.
Au réseau Sortir du nucléaire, la situation est qualifiée de «grave». D’autant que le tritium, un isotope radioactif de l’hydrogène fortement cancérigène, s’écoulerait anormalement depuis juillet, avec des rejets multipliés par 40 sous le réacteur No 3. Mais ce n’est que le
2 août qu’EDF s’inquiète officiellement de la fuite et le 6 qu’elle avertit l’ASN. «Quarante-cinq jours pour aviser le public et la presse, de quoi faire rêver TEPCO au Japon», ironisent les antinucléaire.
Du côté d’EDF, a contrario, on se veut rassurant. L’entreprise assure que l’eau souillée demeure emprisonnée dans l’enceinte du site et que les riverains n’ont rien à craindre. Peu convaincues, les associations Next-Up et CRIIRAD ont pris l’initiative de prélèvements dans les environs du site pour s’en assurer.
Dans ce climat de suspicion, l’explosion le 7 octobre d’un système de pompe hydraulique entre les réacteurs 3 et 4 semble indiquer, selon les écologistes, des difficultés dans les opérations de pompage. Trois salariés de la centrale ont été aspergés de «liquides radioactifs», et l’un a dû être hospitalisé.
Les associations appellent en conséquence à l’arrêt immédiat de la centrale construite dans les années 1970 et à une enquête indépendante sur cet incident. Selon la Coalition antinucléaire du Sud-Est, «cette ou ces fuites détectées» constituent «l’indicateur d’une alerte majeure sur
l’état de délabrement de la centrale nucléaire». 
BENITO PEREZ

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