(Photo : Des
policiers devant une affiche de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko, le
30 avril 2013, à Kiev Sergei Supinsky ).
Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a fait
jeudi un premier pas vers la libération de l'ex-Premier ministre et opposante
Ioulia Timochenko, réclamée par l'Union européenne avant la signature en
novembre d'un accord d'association.
M. Ianoukovitch a déclaré
qu'il signerait le cas échéant une loi permettant le transfert de Mme
Timochenko, qui souffre de hernies discales, pour des soins à l'étranger. La
destination serait probablement l'Allemagne, pays qui a à plusieurs reprises
fait des propositions dans ce sens.
«Il n'existe pas de loi
(sur les soins aux détenus) en Ukraine qui permettrait à Timochenko de partir à
l'étranger (...). Si le Parlement adopte une telle loi, je la promulguerai», a
déclaré le président.
Le cas de Mme Timochenko,
rivale de M. Ianoukovitch à la présidentielle de 2010 et condamnée en 2011 à
sept ans de prison, pour de soit disant «abus de pouvoir», empoisonne les
relations entre Kiev et les capitales européennes qui soupçonnent des
poursuites aux motivations politiques.
«Fenêtre d'opportunité»
avec l'UE
En visite à Kiev la
semaine dernière, le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido
Westerwelle, avait averti Kiev que la «fenêtre d'opportunité» pour un
rapprochement avec l'UE pourrait se refermer.
Le président Ianoukovitch
espère signer un accord d'association avec l'Union européenne - document qui
constitue un premier pas vers l'adhésion- lors d'un sommet les 28 et 29
novembre à Vilnius.
«Il est très difficile d'imaginer la signature de
l'accord sans libération de Timochenko», a souligné l'ambassadeur allemand en
Ukraine Christoph Weil.
M. Ianoukovitch est donc
pressé de trouver une solution avant le 18 novembre, date à laquelle l'UE
décidera si l'accord de l'association sera signé ou pas.
Début octobre,
l'ex-président polonais Alexandre Kwasniewski et l'ex-président du Parlement
européen Pat Cox avaient signé et présenté à Kiev une demande de grâce de Mme
Timochenko.
C'est après une lettre
similaire des deux émissaires européens que le président ukrainien avait gracié
en avril Iouri Loutsenko, ex-ministre de l'Intérieur et allié de Mme
Timochenko, arrêté en 2010 et condamné en 2012 à quatre ans de prison pour abus
de pouvoir et détournement de fonds.
Tout en souhaitant
désamorcer la crise avec l'UE, les autorités ukrainiennes veulent cependant
faire en sorte d'empêcher Mme Timochenko, ex-égérie de la Révolution orange de
2004, de participer à la présidentielle de 2015, estiment des analystes.
«Le pouvoir ukrainien va chercher des mécanismes
juridiques pour que Timochenko ne puisse pas faire de la politique», souligne le politologue Volodymyr Fessenko du
centre Penta.
Marchandage et Business
Les préparatifs au sommet
de Vilnius ont suscité une nette dégradation des relations entre l'Ukraine et
la Russie, furieuse de voir Kiev s'orienter vers l'Europe.
L'accord d'association
prévoit la création d'une zone de libre échange avec l'UE. Moscou souligne à l'attention de Kiev que son
association avec l'UE entrainera l'effondrement du commerce avec la Russie, et
que ses marchandises ne trouveront pas de débouché à l'ouest.
En août, l'ensemble des
marchandises arrivant d'Ukraine avaient été bloquées à la douane russe, peu
après que Moscou eut interdit l'importation de chocolats ukrainiens pour des
motifs officiellement sanitaires.
«Si l'Ukraine signe un
accord d'association (...), qui paiera pour un défaut de paiement qui devient
inévitable?», a lancé fin septembre le conseilleur économique du Kremlin
Sergueï Glaziev.
Le Premier ministre russe,
Dmitri Medvedev, a averti cette semaine son homologue ukrainien Mykola Azarov
que les chances de l'Ukraine d'adhérer à l'Union douanière d'ex-républiques
soviétiques dominée par Moscou seraient «nulles» après la signature de l'accord
avec l'UE.
«L'Ukraine a besoin d'un
contrepoids à la Russie» qu'est l'Union européenne, souligne de son côté Olexy Garan,
directeur de l'école de l'analyse politique à Kiev.
Le président ukrainien et
les grands groupes industriels qui le soutiennent misent sur l'Europe, même au
prix de pertes économiques à court terme liées à la querelle avec Moscou.
«Ianoukovitch a compris
que le danger venait plutôt de la Russie. Il doit avancer vers l'UE, sinon
Moscou va l'engloutir», estime l'analyste.
APL
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