Historique
L’abbaye Notre Dame de
Valcroissant a été fondée vers 1188 près de Die, dans un vallon clos dominé par
les pentes vertigineuses de la montagne de Glandasse. Dans un site grandiose et
isolé, les moines ont suivi la règle austère de Cîteaux (prière, ascèse,
travail manuel) jusqu’aux guerres de religion, où les bâtiments furent ravagés
et la vie monastique cessa définitivement.
L’abbaye a joué au Moyen
Age son rôle dans la vie locale ; à la fin du XVe siècle encore la ville
de Die a recours aux prières d’un de ses moines contre la peste. Cependant on
doit reconnaître que l’abbaye n’a pas atteint la prospérité de certaines de ses
sœurs ; on le perçoit dès certains détails de sa construction :
l’église manque de développement au couchant, la sacristie occupe une des
chapelles du chevet.
Valcroissant, après avoir
failli devenir vers 1900 un orphelinat protestant, est actuellement un
établissement appartenant à la famille du philosophe Marcel Légaut, où se
pratique l’élevage ovin et où un gîte accueille randonneurs de moyenne montagne
et visiteurs. S’y tiennent également des séminaires.
Malgré des destructions
douloureuses (cloître, nef et bas-cotés de l’église, aile des convers) se
reconnaît le plan « bernardin » des abbayes cisterciennes. Au Nord
l’église conserve son chevet rectangulaire (transformé en gîte), avec ses
chapelles latérales de même plan, et son transept muni d’une tribune ; une
porte surmontée d’un arc en plein cintre, s’ouvre sur le cloître. Au levant, sous
le dortoir, la salle du chapitre, voûtée d’ogives surbaissées, s’éclaire par
une élégante claire-voie. Au sud s’élève l’imposant vaisseau du réfectoire, qui
s’impose en face de l’église et où subsistent des éléments de décoration peinte
du XIV e siècle.
Toutes les parties
anciennes se distinguent par la rude solidité de leur construction en pierre de
taille, dont certaines (les brèches) proviennent de Glandasse, par la sobriété
de leur sculpture, conforme à l’austérité de l’ordre de Cîteaux ; nous émeut
même la maladresse de certains détails qui traduit un travail artisanal dû, non
à des mains de professionnels, mais à des mains monastiques !
Encore fortement marquées
par les traditions romanes, parfois venues de la vallée du Rhône, ces bâtiments
remontent à la fin du XII e et au début du XIII e siècle.
Dans l'Antiquité
Le torrent de Valcroissant
était le lieu de captage d'un des aqueducs qui alimentait la ville romaine de
Dea Augusta (Die). Le specus de l'aqueduc y a été retrouvé en juillet 1962.
Fondation
L'abbaye est fondée en
1188 par les moines de l'abbaye de Bonnevaux.
Moyen Âge
L'abbaye de Valcroissant
ne connut jamais de développement très important, ne fondant par exemple aucune
abbaye-fille, et comptant seulement environ une douzaine de moines. Cette
absence de développement est visible également dans la taille relativement
réduite des édifices ; ainsi, l'abbatiale est plus courte du côté de la
façade que ne le sont généralement les abbatiales cisterciennes d'abbayes
comparables, et la sacristie est aménagée dans une des chapelles du chevet de
l'église.
Ruine durant les guerres de religion
L'abbaye est ruinée par
les guerres de religion. Elle devient ensuite une exploitation agricole ;
c'est paradoxalement ce dévoiement des bâtiments religieux qui les sauve, les
propriétaires veillant à l'entretien des édifices en vue de leur utilisation
optimale comme bergerie ou grange.
L'abbaye après les moines
Divers aménagements
En 1893, le pasteur
réformé de Die, Jules Dautheville, et sa femme Pauline, achètent l'abbaye
qu'ils ont découverte l'année précédente. En 1896, ils s'y installent à demeure
et forment le projet d'y aménager un orphelinat protestant. Mais la mort
prématurée du pasteur (à 46 ans) empêche le projet de se réaliser.
Restauration
L'abbaye est rachetée dans
les années 1950 par le philosophe Marcel Légaut et sa femme, qui choisissent de
la restaurer tout en maintenant l'activité agricole, notamment d'élevage. La
restauration aboutit notamment au classement de l'abbaye à l'inventaire des
monuments historiques, classement qui intervient le 25 octobre 1971. La
restauration se poursuit au XXIe siècle, menée par Rémi Légaut, fils de
Marcel, sa femme Martine, et l'association des “Amis de Valcroissant” créée par
André Pitte et Serge Durand.
L'abbaye
Le monastère adopte le
plan traditionnel bernardin : un cloître au centre, entouré d'une église
abbatiale et des bâtiments monastiques. L'abbatiale est à chevet plat, avec
quatre chapelles dont l'une, on l'a vu, est utilisée comme sacristie.
Explications lors de la lecture de paysage, au
domaine de l’Abbaye de Valcroissant, par
Ecologie au Quotidien le 22 septembre 2013.
Notes :
- (la) Leopold Janauschek, Originum
Cisterciensium : in quo, praemissis congregationum domiciliis adjectisque
tabulis chronologico-genealogicis, veterum abbatiarum a monachis habitatarum
fundationes ad fidem antiquissimorum fontium primus descripsit, t. I, Vienne, Puthod, 1877, 491 p. [lire
en ligne [archive] (page consultée le 11 juin
2013)], p. 281.
- Notice
no PA00116931 [archive], base
Mérimée, ministère français de la Culture.
- Abbaye
de Valcroissant [archive], sur http://www.camptocamp.org [archive], Camp to camp, 8 septembre 2009. Consulté le 11 juin 2013.
- Marcel
Le Glay, « Circonscription de Grenoble », Gallia,
vol. 22, no 2, 1964 (ISSN 2109-9642) [texte
intégral [archive] (page consultée le 11 juin 2013)].
- Historique [archive], sur http://www.abbayedevalcroissant.eu [archive], Abbaye de Valcroissant.
Consulté le 11 juin 2013.
- rédaction, « L’abbaye
de Valcroissant, un vrai lieu de vie » [archive],
sur http://www.ledauphine.com [archive], Le Dauphiné libéré, 19 août 2010. Consulté le 11 juin 2013.
- Isabelle Jobin et P.
H., « Abbaye
cistercienne de Valcroissant près Die » [archive],
sur http://www.chambres-hotes-morin-salome.fr [archive], Frédéric Morin. Consulté le 11 juin 2013.
- Sur
les pas des Huguenots [archive], sur http://www.ladrometourisme.com [archive], Office de Tourisme du Pays
Diois. Consulté le 11 juin 2013.
MCD et Wiki
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