(Photo fournie le 26
septembre 2013 par Tepco du barrage (bouées oranges) autour de l'un des
réservoirs de la centrale de Fukushima
Le site japonais, ravagé
par le tsunami en 2011, regorge d'eau radioactive et a connu au cours des
derniers mois plusieurs fuites.
Fuite d’un réservoir de
liquide radioactif, débordements d’eau de pluie contaminée, les pépins
s’enchaînent à la centrale accidentée de Fukushima dont la situation est
pourtant soi-disant «sous contrôle» selon le Premier ministre japonais.
Tokyo Electric Power
(Tepco), qui gère le site ravagé par le tsunami du 11 mars 2011, a annoncé
avoir découvert mercredi en toute fin de journée des gouttes sur la partie
supérieure d’un réservoir de 450 m3, de 8 mètres de haut.
«Nous sommes désolés de devoir annoncer une
nouvelle fuite», a expliqué lors
d’une conférence de presse un porte-parole de la compagnie, Masayuki Ono,
indiquant «on ne peut pas écarter l’hypothèse d’un écoulement au-delà de la
zone des réservoirs (entourée d’un muret) vers l’océan Pacifique» distant de
200 mètres environ.
Les mesures effectuées sur
une partie de l’eau qui a fui ont montré un niveau de 200 000 becquerels de
rayonnements bêta, tandis que celle à l’intérieur du réservoir affiche un
niveau de 580 000 becquerels par litre. Les techniciens de Tepco évaluent
provisoirement à 430 litres la quantité d’eau ayant fui.
Selon les explications du
groupe, le réservoir incriminé, relié à quatre autres en ligne sur un terrain
légèrement en pente, aurait débordé parce qu’il a été rempli à ras bord. «On
peut dire que c’est une erreur», a fini par reconnaître Masayuki Ono.
L’eau en trop s’est écoulée au sol et a pu emprunter une rigole conduisant
jusqu’à la mer. «Il est nécessaire de veiller à ce que la même chose ne se
produise pas ailleurs», a ajouté Masayuki Ono.
Une fuite de 300 m3 d’eau
très radioactive était déjà survenue en août d’un gros réservoir de même
conception mais plus important, de 1 000 m3, mal assemblé. L’incident,
qualifié de «grave», avait dégénéré en crise, obligeant Tepco à affecter des
moyens supplémentaires pour contrôler les quelque 300 citernes similaires
disséminées sur le site et dont la fiabilité laisse à désirer. Montées à la
hâte, ces cuves en acier de 11 mètres de haut sur 12 de diamètre pour les plus
importantes ne sont manifestement pas adaptées à la tâche qui leur est
assignée.
Débutée juste avant le
vote final pour l’attribution des jeux Olympiques de 2020, cette série noire
avait conduit le Premier ministre nippon, Shinzo Abe, à s’impliquer pour
garantir que «la situation était sous contrôle» et «les effets (des fuites
d’eau) bloqués dans les 0,3 km2 du port de la centrale».
«Un hôpital de champ de bataille»
Depuis pourtant, et malgré
l’engagement de l’État à tout faire pour venir à bout de cette débâcle, il ne
se passe pas un jour sans que soit annoncé tantôt une fuite, tantôt un
écoulement d’eau, ou bien l’arrêt soudain d’un équipement.
Ces problèmes sont dus
soit à des erreurs humaines, soit à la vulnérabilité des équipements dans un
lieu qui ressemble encore «à un hôpital de champ de bataille», dixit un
vice-président de Tepco. Mercredi encore, 23 tonnes d’eau de pluie un peu
contaminée avaient débordé après s’être accumulées dans les zones où sont installés
des réservoirs posés sur une dalle de béton et entourés d’un muret d’une
trentaine de centimètres.
Mardi, 4 tonnes d’eau de
pluie radioactive s’étaient accidentellement répandues au sol alors que des
travailleurs la pompaient pour la transvaser dans une cuve vide. La centrale
accidentée Fukushima Daiichi regorge d’eau radioactive en partie stockée dans
un millier de réservoirs de divers types ou accumulée dans les sous-sols du
site. Tepco se débat depuis plus de deux ans avec ce liquide dont la quantité
augmente de jour en jour.
Un système de
décontamination est bien installé pour traiter cette eau et en extraire 62 des
63 éléments radioactifs restants (après le retrait des césium 134/137),
mais il ne cesse de tomber en panne. Il ne fonctionne à nouveau partiellement
que depuis lundi. Un autre, plus performant, doit être développé par Toshiba et
Hitachi avec des fonds publics, mais il n’entrera en service au mieux que
l’année prochaine. Outre les problèmes d’eau, différents soucis plus ou moins
graves ne cessent de perturber les opérations qui doivent conduire au
démantèlement du site durant les quatre décennies à venir.
Arnaud Vaulerin
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