Les femmes, aiguillons des démocraties
C’est une salve de
chiffres qui démarre aujourd’hui mais va se poursuivre jusque samedi. Ils iront
tous dans le même sens : la situation de nombre de femmes aux
responsabilités dans le monde, mais aussi en Europe, mais aussi en France n’est
pas enviable, n’est pas égalitaire, n’est pas décente. La journée de samedi
leur sera consacrée. Une journée qui nous embarrasse souvent, tant on a
l’impression d’un événement bateau, obligé, où il faut mettre « la
femme » à la une, celle qui réussit ou celle qui trinque. Et puis,
soudain, par la force des chiffres qui apparaissent et des expériences qui
s’expriment, on se rend à chaque fois compte à quel point les différences, les
souffrances, les préjugés et le courage restent liés à la problématique.
Aujourd’hui, c’est l’Agence européenne des droits
fondamentaux qui livre une étude
inédite par son ampleur et sa couverture géographique, sur les violences faites
aux femmes dans l’ensemble des pays membres de l’Union. Une femme européenne
sur trois dit avoir fait l’exercice de violence physique ou sexuelle depuis
l’âge de 15 ans. Le chiffre laisse pantois car ce sont nos sociétés les plus
proches qu’il dévoile ainsi. Ces statistiques concernent également notre
pays : la Belgique, pays très progressiste, n’échappe ainsi pas au
constat.
Vendredi 7 mars, nous montrerons la réalité de
l’écart salarial. Samedi 8 mars,
nous plongerons dans ces combats de femmes à travers le monde, aux avant-gardes
des révolutions. Qui sait ainsi que les Femen ne sont pas que des femmes
blondes aux seins nus brandis contre l’obscurantisme, mais des Ukrainiennes qui
nous ont hurlé la détresse et l’oppression qui régnaient sur leur territoire,
bien avant qu’Euro-Maïdan ne mette à bas un dirigeant et un régime corrompus ?
Les violences physiques et
sexuelles faites aux femmes sont toujours le signe d’un abus de pouvoir, d’une
envie de domination, d’une frustration qui ne supportent par le dialogue,
l’égalité, le partage des responsabilités et la réalité de l’autre. En luttant
contre cette négation, les nouvelles féministes mettent en fait souvent au jour
les failles d’une société, se faisant, comme l’explique Caroline Fourest,
l’aiguillon démocratique « qui ne
s’est jamais trompé car il n’est pas idéologique mais pense à partir de la
société ». En Ukraine, en Tunisie, en Egypte, en Inde, des femmes
aujourd’hui, en refusant la violence qui leur est imposée, sont souvent les
premières à pointer les abus d’un pouvoir et à semer la graine de la révolte
pour plus de justice et de respect pour tous les êtres humains, masculins et
féminins.
Eva Idelon
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