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vendredi 14 mars 2014

Taulignan ; on protège la création ....



Prière et culture bio pour la Création
Elles sont passées des livres à la terre. En peu de temps, les religieuses de la Clarté Notre-Dame, spécialisées jusqu’au milieu des années deux-mille dans les enluminures, sont devenues de vraies cultivatrices. Raisonnées et respectueuses de l’environnement. Elles diraient plutôt « respectueuses de la Création ». Au demeurant, elles invitent quiconque à les rejoindre ce samedi 29 septembre pour une journée spéciale de « prière et célébration pour la sauvegarde de la création » (lire l’encadré grisé).
Depuis 2009, les quatorze sœurs dominicaines du couvent situé à quelques kilomètres du village de Taulignan, se sont orientées vers une activité qu’elles ne maîtrisaient guère au départ. « Aucune d’entre nous n’avait de connaissance dans la culture de la terre », confie l’une des responsables de l’activité, Sœur Dominique. « Mais notre précédente activité n’était plus suffisante, il fallait rechercher un autre travail. Nous avions des vignes en fermage sur des terres, qu’on a dû faire arracher quand le vigneron est parti. Tout naturellement s’est posée la question : que va-t-on faire de ces six hectares ? En en parlant autour de nous, on nous a suggéré de cultiver des plantes aromatiques biologiques et de fabriquer des tisanes à partir de nos récoltes ».
Le cadre de vie s’y prête. Autour du couvent, un petit bois renferme bon nombre de plants de romarins qui poussent naturellement. On est en Drôme provençale, terre propice au thym, à la lavande et autre sarriette. Mais les Sœurs veulent aller plus loin que simplement chercher de l’ouvrage et vendre leurs produits. Elles trouvent un sens spirituel à leur démarche, encouragées d’emblée par l’évêque de Valence, Mgr Lagleize. L’écologie commence à peine à devenir une préoccupation d’Église, et les religieuses, elles-mêmes se documentent sur les ponts possibles entre écologie et théologie. Sur le plan pratique, elles sont déjà déterminées.
« Agir face à la crise écologique »
« Face à la crise écologique dont tout le monde parle et dont les habitants de la planète, en certains lieux, commencent à souffrir, il fallait agir à notre petit niveau, en proposant des plantes aromatiques aux vertus reconnues pour la santé et le bien-être et qui étaient cultivées sans produits chimiques », explique Sœur Dominique. « Nous avions déjà le modèle des Sœurs orthodoxes de Solan, dans le Gard, qui s’étaient lancées il y a plus de dix ans déjà. En 2009, nous avions rencontré Pierre Rabbi, l’agriculteur philosophe de l’écologie qui nous a encouragées dans notre démarche. Il nous a dit qu’il fallait de l’eau, de la terre et du courage, et qu’il suffisait de travailler à partir de ce que l’on a ».
Le label « Clarté Provence »
La friche résultant de l’ancienne vigne passe alors en conversion bio. En 2010, les Sœurs plantent du thym, du romarin, de la lavande. Des amis, des voisins viennent les aider. Des agriculteurs prodiguent des conseils. C’est tout un élan de solidarité qui se met en place. « Les plantes ont pris tout de suite, si bien qu’à chaque nouvelle année, on en cultive une nouvelle variété », souligne Sœur Dominique. Autour de la culture, le travail communautaire s’organise. Quand l’une bêche la terre, l’autre arrose, la troisième récolte, la quatrième fait sècher les plantes, la cinquième conditionne, la sixième étiquette, etc. Les religieuses du couvent commençent depuis 2011 à vendre leur produit sous le label « Clarté Provence ».
Respect de la terre, de l’homme, de Dieu
« Mais ce n’est pas le tout de planter bio, on essaie de réfléchir sur le pourquoi on le fait, et cela renforce notre foi », assure Sœur Dominique. « Une association œcuménique est née sur le diocèse pour approfondir le sujet et s’appelle Oeko-Logia ». Dès les premiers temps, Fabien Revol, de l’université catholique de Lyon, a dispensé durant une année des cours aux Sœurs sur la relation entre spiritualité et environnement ou encore sur la théologie de la Création. « Nous sommes engagées dans une démarche de respect de la terre, du respect de l’homme et donc du respect et de la louange à Dieu », résume Sœur Dominique. « Cette terre, elle est pour nous, mais elle ne nous appartient pas. Elle nous a été confiée par Dieu. Nous ne prétendons pas tout résoudre de la crise écologique avec nos plantes aromatiques et notre potager bio, mais nous participons, à notre mesure, à la sauvegarde la Création ».
Cyril Lehembre

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