Die 26150 : Etat des lieux. Dix jours avant les Elections Municipales de
Die... Marco Panseri, administrateur de MCD a interrogé Claude Veyret, notre
rédacteur sur les élections à Die pour une deuxième interview… Quatre ou cinq questions
à Claude Veyret, ancien élu municipal sur le plateau du Vercors (1976-82) pour
comprendre les municipales à Die. (2 /3)
1 : Marco Panseri : Qu’est-ce qui a bougé à Die depuis un mois à Die dans ces
Municipales dioises ?
Claude Veyret : D’abord, désormais nous avons en ligne, et dans la
presse, les quatre listes et quatre
programmes proposés pour une nouvelle mandature à Die. Nous pouvons évaluer
précisément les propositions. Dire que le programme simple de Mr Georges
Berginiat, basé sur son bilan, sans prétention, répond au classicisme et
conservatisme demandés par une partie de la population, âgée, il devrait faire
ses 30 % sans faute…Ne pas oublier que la population dioise se renouvelle, et
n’est plus exacerbé par les conditionnements historiques (Protestantisme,
résistance, radicalisme de Archambault...). Une sorte de légitimité de
l’existant, du réel. Une gestion en « bon père de famille » comme
nous disions en 1947 (lors de la mise en place du Statut du fermage). Sauf que
la capacité d’endettement de la ville est au maximum et les capacités
d’investissements, très réduites, ne permettent pas des miracles. Aux derniers
Conseils Municipaux, Mr Berginiat annonçait la Micro-centrale hydroélectrique,
énergie re-localisée, avec la Commune de
Romeyer, l’Eco quartier de Chanqueyrasse avec 178 logements et la Centrale à
bois pour les locaux communaux : mairie, salle polyvalente, école
maternelle, école primaire, etc.…Cela se tient. Et que le PCF mette cela dans
son programme est indécent. La liste de
Gilbert Trémolet, qui annonçait un espace de liberté déçoit beaucoup, d’abord
par un programme très/trop à droite (sécurité et caméra) et une équipe jeune
très/trop inexpérimentée. Et en plus il a trahi son mentor Georges Berginiat,
ce qui à droite n’est pas accepté. A
droite on soutient un homme, par loyauté jusqu’au bout. Il va vers les 15%. A
gauche on soutien plus des idées et les trahison sont plus sur les valeurs, et
non les personnes. Bien sùr la liste PCF, menée par Philipe Leewenberg essaye
de ratisser large avec une multitude de contrevérités : un copié collé du
programme des écologistes (on peut déceler des phrases entière), un cache-cache
avec le programme productiviste du PCF : autoritarisme, pro-nucléaire,
productivisme tant en agriculture qu’énergie,
automobile et routes (nous lisons les votes de Mr Leewenberg au Conseil
Municipal de Die et au Conseil Général de la Drôme)… Si l’on rajoute à cela une
ligne autoritaire qui ne joue aucunement la carte de le démocratie de
participation, ni les échelons complémentaires comme la Biovallée (toujours
absente de ses écrits), comme l’incapacité de coopération au niveau de la
Région Rhône-Alpes, du gouvernement Hollande et de l’Europe (le PCF est dans
l’opposition dans ces strates décisionnelles). C’est le confort de
l’opposition. Cette posture du « Contre tout » est infantile comme
disait le camarade Vladimir Ilitch Oulianov Lénine. Hors ses interventions
publiques Mr Leewenberg a passé son temps à dénigrer les écologistes. Je le
déplore car sur cette liste, quelques amis se sont fourvoyés avec des slogans,
tels que : Union de la Gauche, citoyenneté…alors qu’il s’agit d’abus de
langage. Des fabulations politiques. Cette liste n’est ni d’Union de la Gauche, ni Citoyenne. Bien
évidement. Une des premières exigences de la citoyenneté est d’avoir une parole juste (je renvoie aux
textes de Badinter sur le sujet). C’est une liste pour avoir un maire
communiste. Attention le choix est clair nous pourrions êtres condamné ou à
avoir un maire de Droite ou un maire communiste. Tout ce joue donc au premier
tour. Et sortir des vieux clivages demande du courage.
2 : Vous n’avez pas parlé des
écologistes?
C.V. : J’ai des
convictions. L’écologie est un projet de société profondément humaniste, bâti sur la conscience de la finitude la
planète, appuyé sur des valeurs de
responsabilité, de justice et de
solidarité planétaires. Soucieuse du
bien commun, du long terme et des richesses non marchandes, L’écologie est incompatible avec la Droite
dure et le PCF. L’écologie n’est pas un sous-ensemble de la gauche, elle en est
plutôt l’avenir. Il se trouve que
l'écologie a posé des questions sur la répartition mondiale de
richesses ( par exemple sur l'exploitation du tiers monde et donc le
déplacement de la barrière de classe) depuis 40 ans; il se trouve que
l'écologie à questionné la croissance et le productivisme depuis 40 ans, alors
que les « autres pensées de gauche » n'y sont pas encore; il se
trouve que l'écologie s'est située d'emblée sur le champ libertaire, quand les
autres en étaient encore à la dictature du prolétariat ou sont encore
aujourd'hui sur des postures parfois proches du bonapartisme; il se trouve que
l'écologie a posé la question de la finitude de la planète, quand "les
autres pensées de gauche" en sont encore à vouloir que le monde entier
consomme plus demain qu'aujourd'hui...
L'écologie dès le départ,
était bien plus qu'une "pensée de gauche". L'écologie a
pensé une représentation des questions politiques qui ne s'inscrivait pas
uniquement sur l'axe droite-gauche au sens classique du terme ( répartition des
richesses, justice sociale versus individualisme et loi de la jungle) , mais
également sur l'axe libertaire-autoritaire, sur l'axe productivisme-non
productivisme, sur l'axe primauté de l'économique ou primauté de l'humain dans
son milieu, et cette représentation en quatre dimensions a du mal à se
satisfaire de la seule explication droite-gauche.
Seule la liste des
écologistes, très ouverte, (il y a 5 encartés aux Verts sur les 27 colistiers)
« Pour Die Naturellement » pose ces questions et apportent des
réponse concrètes et finançables. Ils sont crédibles car ils ne viennent pas de
découvrir l’Ecologie dernièrement, mais cela est leur vision du monde depuis 40
ans. Rappeler vous René Dumont déjà en 1974.
3- Marco Panseri : C’est un débat éthique en somme ?
C.V. : Oui et comme le
rappelle Hegel, Die Weltgeschichte ist das Welt-gericht, qui se traduit
par : ‘Pour les idées sociales comme pour les sociétés humaines, c’est
l’histoire, c’est à dire le vécu qui est le véritable jugement dernier’. Le reste du débat est-t-il commun avec les
« autres pensées » de gauche ? Je ne le crois pas. La
droite et la gauche ont partagé les totalitarismes sanglants sans les écolos,
la droite et la gauche ont partagé la destruction de l'environnement à très
hautes doses sans les écolos, la droite et la gauche partagent toujours le
nucléaire (et tout ce qu'il contient de totalitarisme, militarisme, mépris des
générations futures, déni du bien commun...) sans les écolos, la droite et la
gauche partagent toujours une primauté de l'économique sur l'humain depuis près
de deux siècles , et aussi une techno-idolatrie que les écolos ont contesté
depuis bien longtemps. Ajoutez les OGM, défendus encore par une (petite) partie
de la gauche, le refus des médecines alternatives, les combats d'arrière garde
contre les pédagogies alternatives, un rapport toujours prédateur avec la
nature, une grande méfiance des pratiques de développement personnel (Je
renvoie au philosophe Félix Guattari et ses trois écologies), un positivisme
qui produit ses effets jusque dans les politiques de recherche qui ont
abandonné sciences sociales et la botanique...
Je stoppe la liste. Il est évident que sur l'axe « partage des richesses-
justice sociale », écolos et gauche sont presque d'accord. Presque, car il
faudra quand même parler d'un modèle économique extensible aux bientôt 9
milliards d'habitants de la planète, si on veut vraiment l'égalité. Par
contre sur les autres axes, il y a de très grandes différences, peut être plus
profondes qu'entre le PS et la gauche critique, parce qu'elles interrogent les
fondamentaux de la vie en société, du rapport à l’autre, du rapport entre
l'homme et la nature, et du sens à donner au progrès. Oui une éthique de
la responsabilité…
4- Marco Panseri : Un peu plus de trois mille électeurs, c’est une échelle
citoyenne, humaniste plausible ? Ou en est la « Participation
Citoyenne » pour laquelle vous militer depuis toujours ?
C.V. : Alors que le climat entre politiques et citoyens s’est dégradé, des
initiatives favorisent un lien direct entre les élus et les habitants.
L’abstention, le désintérêt et le vote protestataire pour des extrêmes
sont des menaces, difficiles à
appréhender, un risque sourd qui plane sur la vie politique. La défiance des
citoyens à l’égard de la politique atteint des sommets, comme l’a montré la
retentissante étude du Cevipof publiée en janvier. Les élus seraient ainsi
déconnectés des soucis des Français, qui eux se disent dégoûtés, en colère. Moderne
et engageante, une plateforme doit permettre à des élus de mettre en débat des
propositions. Comme celle proposé par le sénateur Joël Labbé : un texte
interdit les phytosanitaires hors agriculture à l’horizon 2018-2020, après une
concertation qui a notamment permis à l’élu d’expliquer son projet via
un «hang out/étalage ouvert» avec plusieurs internautes sur Google
Plus. Selon lui, les élus manquent de lien avec la population, le fossé
s’est creusé, il est important de retrouver cette proximité. Or, donner la
parole à la population, c’est montrer qu’on la considère comme intelligente,
ce qu’elle est, en majorité. Mais les élus ont du mal à considérer qu’ils n’ont
pas le monopole de la légitimité. Les élections municipales ont par ailleurs vu
naître plusieurs questionnaires (Association Dioise de Transition Energétique,
Stop Gaz de schiste Drôme, Réseau Action Climat) aux candidats, où les
électeurs, par le biais des associations, peuvent poser des questions concrètes
à ceux qui aspirent à les administrer. L’objectif est de rendre la
démocratie plus simple, plus directe et plus transparente. Ces initiatives se
heurtent à un écueil considérable: la frilosité des élus. Il y a en
France et dans les pays latins des réflexes hostiles à ce style de démarche,
car les élus ont beaucoup de mal à considérer qu’ils n’ont pas le monopole de
la légitimité. Il y a toujours un risque à donner la parole au peuple, les
représentants ont peur de se voir déstabilisés. Pourtant, il faut exposer
la politique. Il faut rétablir la confiance entre les associations et les élus.
Et ne pas croire qu’elles sont instrumentalisées ou instrumentalisables. Aujourd’hui
les structures qui doivent faciliter les
participations des habitants au débat public sont ou tétanisée (Conseil Local
de Développement Durable, ESCDD, …) ou fragilisées financièrement (Ecologie au
Quotidien, …). Il faut arrêter ce grand gaspillage de l’énergie des femmes
et hommes de ce territoire. La désillusion peut mener à
l’exaspération.
5- Marco Panseri : Mr Didier Jouve n’est pas connu ?
C.V. : Ne tombons pas dans
l'hagiographie ni la personnalisation. Mais dans notre système électoral, la
Maire a énormément de pouvoir. Tant dans la vision des transformations, qu’au
quotidien et surtout dans ces méthodes et qualités démocratiques. Ici il
y a une équipe de 27 candidats. Didier Jouve (59 ans), est né à Lyon, a grandi à Grenoble. Il habite en Vallée de la
Drome depuis 27 ans et Die, au Hameau Plat, depuis 7 ans. Diplômé de Sciences
Politiques en 1976, un DESS urbanisme aménagement en 1991, il est ingénieur en chef de la fonction publique
territoriale à Crest avec comme spécialités la gestion des rivières, l’environnement,
l’énergie, le logement, l’urbanisme, les
maîtrises d’ouvrage. Il s’engage en
politique chez les écologistes en 1972. Lecteur de la gueule ouverte, manifestant
de Malville 76 et 77, confronté à la violence d’Etat, il acquiert la conviction
qu’il faut entrer dans le champ politique et en 1979 il est membre fondateur du mouvement
d’écologie politique (MEP) qui avec
d’autres donnera naissance en 2004 aux Verts. En externes il a défendu l’écologie
dans sept élections : Quatre élections municipales, dont une comme tête de
liste (83, 95, 2001, 2008), deux
élections régionales (1992,2004), et une législative (1997), municipale 2008 et
cantonale 2012 à Die.
En interne il a été membre
du Collège exécutif des Verts de 1998 à 2000, du CNIR, Membre fondateur
d’Europe Ecologie en juin 2008 et membre du premier comité de campagne,
administrateur de l’association Europe Ecologie. Dans la campagne de 2004 il est chargé de la négociation
du programme de second tour avec le PS, PC, PRG et élu 3ème Vice Président
de la Région Rhône
Alpes Chargé de l’aménagement du territoire et du développement durable. Il lui est arrivé de présider l’assemblée
plénière Rhône-Alpes à la place de Jean Jack Queyranne. Actuellement, il est président
de la commission finance du Conseil régional Rhône-alpes. Il est aussi chef de projet du Grand Projet Rhône-Alpes
Biovallée de la Drôme. Malgré sa position
de minoritaires dans la majorité. (4 Vice-présidents sur 20) il a changé les politiques dont il avait la
charge : les contrats entre la région et les territoires (80 millions
d’euros par an) doivent être désormais fléchés Agendas 21 et Plans Climat.
Toutes les actions doivent être utiles, renforcer la solidarité, respecter
l’environnement et être issues de processus
démocratiques. 46 conseils locaux de développement dont l’avis est
impératif ont été créés et sont financés pour leur fonctionnement. Les critères
du développement durable sont intégrés
dans la plupart des politiques régionales, 400 salariés de la Région ont été
formés, les orientations d’aménagement et de développement durable du
territoire ont été publiées, la prospective Rhône Alpes 21 a mobilisé plus de 2000 personnes en
Rhône-Alpes, plusieurs centaines d’actions concrètes sont proposées. Il a mis également
mis en place le plan Rhône, l’itinéraire cyclable du Léman à la mer (420 KM) ,
les assises nationales du développement durable, le soutien au
développement de 120 AMAP (fermes de proximité) et à plus
de 100 réalisations de développement durable. Il intervient fortement dans l’exécutif, utilise son droit de veto sur des opérations anti-écologiques et s’oppose
parfois, y compris publiquement, sur certains points essentiels comme les
nano technologies, le nucléaire, l’autoroute A45, ou plus récemment le
financement des jeux olympiques. Convaincu qu’il est nécessaire de combiner
radicalité et réformisme, respect de nos
contrats et expression de nos convictions, il pratique la
négociation, la construction
collective, sans céder sur l’essentiel. L’expérience
d’un mandat très actif au cœur de l’exécutif régional, la connaissance intime
de l’administration et une idée très précise des pièges, enjeux,
mécanismes et possibilités d’agir lui
sont reconnu par tous. Et en plus il ne veut pas se représenter à la Région
pour se consacrer totalement à Die. Contrairement à la rumeur je pense que
c’est le plus connu des 4 candidats à Die ce jour. Il est le seul à pouvoir contribuer
à un rassemblement pour le deuxième tour.
Il a démontré ses capacités à conduire les affaires publiques avec
des solutions nouvelles, efficaces, en
étant à l’écoute. Il a une équipe qui a démonter qu’elle sait travailler ensemble,
positive, rassembleuse, compétente, et aussi fort sympathique, ce qui ne nuit
pas, qui connaît la ville et le Diois au quotidien. L’important est la réussite de Die. Si les électeurs décident
de le mettre en tête de la gauche, il est le seul à pouvoir changer l’avenir de
Die et du Diois. C’est le seul vote utile.
6- Marco Panseri : Et pour le deuxième tour ?
Je n’ai rien à dire pour l’instant. Ce sont les électeurs qui
décideront. La campagne
électorale officielle s’achève le samedi 22 mars 2014 à minuit. Pour le
second tour, elle s’ouvre le lundi 24 mars 2014 et se termine le 29 mars 2014 à
minuit. Le dépôt doit se faire à partir du lundi 24 mars 2014 et jusqu’au
mardi 25 mars 2014 à 18 heures, aux heures d’ouverture du service chargé de
recevoir les candidatures. C’est durant cette période que les moyens de
propagande sont le plus strictement réglementés. Il est également interdit de
diffuser de nouveaux messages à caractère de propagande électorale sur les
sites la veille et le jour du scrutin, donc les 22 et 23 mars puis les 29 et 30
mars. Le site non modifié peut cependant rester en ligne. Attention donc à la
juste attitude d’un média.
MCD
Un première interview avait eu lieu le 16 févier, à
trouver sur :
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