PIERRELATTE : Des militants de Greenpeace ont
distribué de (fausses) pastilles d’iode
Samedi, une dizaine
d’activistes de Greenpeace ont organisé une manifestation pour dénoncer les
conséquences potentielles d’un accident nucléaire sur la centrale du Tricastin.
Une action de l’équipe “Tricastin fermez-là !” organisée quelques jours après
le 3e anniversaire de la catastrophe de Fukushima.
Montés à Orange à bord du
TER Marseille-Lyon, ces militants ont interpellé les passagers du train en leur
distribuant de fausses pastilles d’iode, et les ont invités à signer une
pétition, pour rappeler que la centrale du Tricastin est l’une des plus âgées
de France « et que plus les années passent, plus le risque d’un accident majeur
grandit ».
Descendus à Pierrelatte
ils ont poursuivi leur distribution de fausses pastilles. « Notre objectif est
de rappeler les dangers que fait peser la centrale du Tricastin sur nos
territoires, alerter sur la faible étendue du plan particulier d’intervention
(PPI) et sur la mauvaise préparation des populations et des pouvoirs publics en
cas d’accident nucléaire », a expliqué Guillaume Vermorel coordinateur sur
place de l’action.
Tricastin est "périmée et il faut la
fermer".
"la faible étendue du
plan particulier d’intervention (PPI)" qui ne concerne qu’un
périmètre de 3,5 km autour de la centrale, soit 22 communes, "or les
radiations ne resteront pas confinées dans ce périmètre restreint, surtout s’il
y a du mistral". L’équipe “Tricastin, fermez-la !” demande au préfet l’élargissement
du périmètre prioritaire d’intervention. Ils proposeront la signature d’une
pétition.
MCD
Transition énergétique: tout
commence à Fessenheim !
Le 11 mars 2011 est arrivé
à Fukushima ce qui, selon les experts, n'aurait jamais dû arriver. Trois ans
après la catastrophe, Naoto Matsumura, cet agriculteur japonais qui a refusé
d'évacuer la zone interdite proche de la centrale de Dai-ichi, sera en Alsace
pour témoigner de la dévastation causée par l'accident. Ce triste anniversaire,
que les militants anti-nucléaires s'apprêtent à commémorer dimanche 9 mars sur
les ponts du Rhin, nous rappelle que fermer la plus vieille centrale nucléaire
de France située à Fessenheim est aujourd'hui une nécessité absolue. Pour la
sécurité de chacun, avant toute chose, mais aussi pour aborder de manière
lucide et volontaire la question de la transition énergétique.
UN IMPÉRATIF POUR LA SÉCURITÉ DE TOUS
Les faits sont têtus : une
catastrophe similaire à celle du 11 mars 2011 aurait en Alsace des conséquences
humaines et sanitaires encore plus dramatiques qu'à Fukushima. Le bassin de vie
de Fessenheim regroupe en effet une population cinq fois plus importante,
répartie entre trois pays, la France, l'Allemagne et la Suisse. La création de
zones d'évacuation comparables à celle de Fukushima (un rayon de 20 à 30
kilomètres autour de la centrale), pourrait contraindre les habitants de
Mulhouse, Colmar et Fribourg à abandonner leurs villes pour des conditions de
vie précaires et incertaines à l'instar des 343 000 « évacués »
de Fukushima.
Or, les risques liés à la
centrale de Fessenheim sont bien réels. Il s'agit de la plus vieille centrale
de France, construite en zone sismique, et située sous le niveau du canal
d'Alsace, donc inondable en cas de rupture de la digue qui la protège. De plus,
son radier (dalle de béton devant confiner le magma radioactif en cas de fusion
des réacteurs) est extrêmement fin et ne résisterait pas à un scénario
similaire à celui de Fukushima, contaminant au passage une nappe phréatique qui
alimente 6 millions de personnes, la plus grande d'Europe. Enfin, et malgré les
discours volontiers rassurants de l'Autorité de Sureté Nucléaire, elle génère
aujourd'hui 4 fois plus d'incidents que la moyenne des autres centrales.
UNE MESURE DE BON SENS ÉCONOMIQUE
La fermeture de Fessenheim
est donc une nécessité absolue pour la sécurité à moyen et long terme de la région
et des générations futures. C'est aussi une mesure de bon sens économique.
Comme le rapport de Wise-Paris commandité par Greenpeace France l'a montré, le
coût des opérations de mise à niveau nécessaires pour permettre à un réacteur
de continuer à fonctionner après 40 ans avec un niveau de sécurité correct
pourrait être compris entre 2,5 et 6,2 milliards d'euros, soit jusqu'à quatre
fois le montant prévu par EDF. À l'échelle de la France, les travaux menés par
Denis Baupin et les députés écologistes ont montré que ce sont 300 milliards
d'euros qui seront nécessaires à la rénovation et au renouvellement du parc
nucléaire national. La conclusion est claire : à Fessenheim comme ailleurs, le
nucléaire pas cher est un mythe dont il faut s'émanciper
UNE OUVERTURE POUR LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE
A long terme, seule la
transition énergétique pourra nous sortir de cette impasse sécuritaire et
économique. Plutôt que de dépenser des centaines de milliards d'euros dans des
centrales d'un autre âge, nous pourrions créer jusqu'à 630 000 emplois d'ici
2030 en investissant massivement dans les économies d'énergie et les énergies
renouvelables. Alors que le chômage de masse ronge chaque jour un peu plus
notre tissu social, ignorer le plus grand gisement d'emplois dont nous disposons
aux seules fins de préserver les profits d'EDF et les intérêts du lobby
nucléaire relève de l'aberration et du scandale.
Eolien, solaire,
géothermie profonde, biomasse, l'Alsace a le potentiel pour devenir le
laboratoire de la transition énergétique française et donc de bénéficier avant
les autres de ses retombées économiques. La fermeture de la centrale Fessenheim
est inéluctable, elle doit être irréversible. À court terme, le site recevra
les emplois directs et indirects nécessaires au démantèlement de la centrale,
une opération qui durera des années. À plus long terme, la reconversion sociale
et économique du site assurera la prospérité durable de la région.
Définir les contours de
cette reconversion prendra du temps et exigera une action vigilante et
concertée de tous les acteurs locaux, nationaux et européens. Mais une chose
est certaine : les pistes les plus prometteuses résident dans la
coopération avec nos voisins d'outre Rhin, à l'échelle du Rhin supérieur. Lors
du Conseil des Ministres commun du 19 février, la France et l'Allemagne ont
déclaré vouloir coopérer plus activement dans le domaine de la transition
énergétique. Les réflexions portent à l'heure actuelle sur la création d'un
grand centre d'innovation commun sur le stockage de l'énergie ou d'une usine
franco-allemande de cellules photovoltaïques, alliant ainsi excellence
industrielle allemande et savoir-faire technologique français. Quelle ville
mieux que Fessenheim peut incarner cette ambition commune ?
Sandrine Bélier
Députée européenne Europe Écologie du Grand Est
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