Image d'archive du site
nucléaire de Fessenheim dans le Haut-Rhin, où plusieurs dizaines de militants
de Greenpeace sont entrés mardi matin. Photo prise le 14 novembre 2013
Pour dénoncer le manque de sécurité de la plus
vieille centrale nucléaire de France encore en activité et réclamer une
transition énergétique plus ambitieuse, des dizaines de militants de Greenpeace
ont fait mardi une spectaculaire intrusion dans l'enceinte de la centrale de
Fessenheim (Haut-Rhin).
Europe Ecologie-Les Verts
(EELV) a félicité Greenpeace pour ce "coup d'éclat", qui "met en
lumière la fragilité de nos installations nucléaires", selon ce parti qui
compte deux membres au gouvernement.
Arrivés en camion, une
soixantaine de militants de quatorze nationalités différentes, selon
Greenpeace, ont pu escalader les barrières du site à l'aide d'échelles, peu
avant six heures du matin. Ils sont parvenus à déployer une banderole sur le
dôme de protection d'un des deux réacteurs de la centrale, proclamant
"Stop risking Europe" (Arrêtez de faire courir des risques à
l'Europe).
En tout, 56 personnes ont
participé à cette action, dont "une quarantaine ont réussi à entrer en
zone protégée", a indiqué à l'AFP à Paris le porte-parole du ministère de
l'Intérieur.
La quasi-totalité ont été
interpellés, a indiqué Greenpeace à la fin de son opération.
En fin de matinée, les
forces de l'ordre cherchaient encore à maîtriser les derniers militants encore
juchés sur le toit de la centrale. Au même moment, les anti-nucléaires ont
enfoncé le clou en narguant les forces de l'ordre depuis cinq zodiacs à bord
desquels avaient pris place 13 autres militants.
Ils ont déployé une
nouvelle banderole sur le canal d'Alsace, à proximité immédiate de la centrale,
proclamant "Future is renewable, stop nuclear" (L'avenir est
renouvelable, arrêtez le nucléaire"), a constaté un vidéaste de l'AFP.
Leur action a pris fin en début d'après-midi.
Un camion de la
gendarmerie restait posté devant la centrale pour filtrer les entrées, a
constaté un journaliste de l'AFP.
Selon EDF, les
anti-nucléaires ne sont pas entrés dans les bâtiments sensibles de
l'installation.
L'autorité de sûreté
nucléaire (ASP) avait pour sa part mobilisé son centre de crise à partir de
7h00.
Le site était bouclé par
les gendarmes et survolé par un hélicoptère des forces de l'ordre. Côté
allemand, de l'autre côté du Rhin, un hélicoptère de Greenpeace évoluait
également non loin de la centrale.
Le directeur de la
centrale Thierry Rosso a déclaré à l'AFP que les militants avaient offert aux
autorités une occasion de "démontrer" qu'il n'est pas possible
"d'accéder à la zone la plus importante, à savoir la zone nucléaire, et
c'est cela qui est le principal enjeu."
Ces événements n'ont eu
"aucune conséquence sur la sûreté des installations qui (ont) fonctionné
normalement", a souligné un porte-parole d'EDF.
Appel à la France et à l'Allemagne
Par cette action,
Greenpeace entendait porter un coup d'arrêt à "la menace posée par les
centrales nucléaires vieillissantes en Europe", selon un porte-parole de
l'organisation, Cyrille Cormier.
"Ce n'est pas la
première fois que nous entrons dans une centrale. Mais au-delà de la sécurité
du site (...), nous voulons alerter sur les risques que posent Fessenheim et
toutes les centrales nucléaires en Europe", a-t-il ajouté.
"Fessenheim est un symbole de ces centrales,
elle a 37 ans. Nous voulons que
l'exploitation des réacteurs n'aille pas au-delà de 40 ans et que cette limite
soit inscrite en France dans la loi de transition énergétique, et dans le droit
européen", a-t-il expliqué.
Greenpeace souhaite
également "que la France et l'Allemagne militent en faveur d'un objectif
d'énergies renouvelables ambitieux d'ici 2030", a ajouté Cyrille Cormier.
En service depuis 1977 et
dotée de deux réacteurs d'une puissance de 900 mégawatts chacun, Fessenheim est
la seule des 19 centrales françaises dont la fermeture a été annoncée par le
président François Hollande pour fin 2016.
L'organisation n'en est
pas à sa première intrusion dans l'enceinte d'une centrale nucléaire. Les
dernières en date avaient donné lieu à des condamnations à six mois de prison
avec sursis, comme l'atterrissage en 2012 d'un parapente à moteur au Bugey
(Ain), ou une intrusion de neuf militants à Nogent-sur-Seine (Aube) en 2011.
Le syndicat FNM-CGT a mis en garde contre une fermeture de la centrale
de Fessenheim, qui selon lui "conduirait à importer de l'électricité de
centrales au charbon Outre-Rhin, pour partie responsables des pics de pollution
que nous venons de vivre". Ce qui est totalement faux (1).
Et les représentants
syndicaux des salariés de la centrale de proposer à Greenpeace "une action
plus courageuse: venir débattre publiquement et de manière contradictoire sur
les conséquences du réchauffement climatique, de l'industrie, de
l'emploi".
Sébastien BOZON, Julien SENGEL
Pourquoi cette pollution ?
L’épisode de pollution est vraiment terminé ?
L'épisode de pollution aux
particules fines est bien terminé. Alors que les concentrations en poussières
atteignaient encore à Lyon 81 µg/m3 samedi, elles passaient en dessous de
50 µg/m3 tout comme ce mardi matin.
- (1) La qualité de l'air s'était brusquement
dégradée à cause des épandages (engrais) des terres agricoles, dans le Nord de
la France, dans le Benelux. L'ammoniac ainsi généré s'était
répandu sur l'ensemble du territoire national, réagissant avec l'oxyde d'azote
émis notamment par la circulation automobile dans les villes.
La baisse de pollution est
due à la baisse du trafic observé au cours du week-end, à la réduction des
vitesses sur les routes encore effective lundi, et aux changements de direction
des vents. A partir de samedi, l'agglomération lyonnaise a été ventilée par des
masses d'air venues du nord ouest, beaucoup plus saines. Dès ce soir, la météo
devait se dégrader, et c'est une bonne nouvelle pour nos poumons. Et tablons
paradoxalement que l’Afrique sera de plus en plus polluée par nos émussions de
Gaz toxiques…Si les vents sont pérennes.
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