Jugement attendu ce vendredi 7 mars contre l’Action
citoyenne de Greenpeace au Tricastin
Des personnes venues
soutenir des militants de Greenpeace jugés le 14 janvier à Valence pour s'être
introduits dans la centrale du Tricastin. (Photo Philippe Desmazes.)
Une trentaine de militants s'étaient introduits en
juillet 2013 sur la centrale nucléaire pour y déployer des banderoles et
dénoncer le manque flagrant de sécurité.
Le jugement de
29 militants de Greenpeace, qui s’étaient introduits en
juillet 2013 sur le site du Tricastin (Drôme), est attendu à Valence au
lendemain de l’interpellation de 18 autres activistes de l’ONG pour une
action similaire, dans la centrale nucléaire de Gravelines (Nord).
Des peines de six mois à
un an de prison avec sursis ont été requises à l’encontre des 29 prévenus
– de nationalités française, russe, espagnole, roumaine, belge, suisse,
allemande, entre autres –, qui sont poursuivis pour «violation de
domicile» et «dégradations en réunion». Des délits passibles de cinq ans de
prison et 75 000 euros d’amende. Seuls neuf d’entre eux étaient
présents à l’audience, le 14 janvier, devant le tribunal correctionnel de
Valence. Le procès avait été renvoyé le 12 septembre à la demande
de Greenpeace et d’EDF, qui avait porté plainte. Le jugement, mis en
délibéré, est attendu jeudi après-midi.
A l’aube du
15 juillet, les militants avaient pénétré dans l’enceinte nucléaire en
escaladant des clôtures et en cisaillant des grillages, cadenassant des
portails pour retarder l’intervention des forces de l’ordre. Une vingtaine
d’entre eux s’étaient introduits en «zone de protection renforcée» et un plus
petit groupe «en zone protégée» au niveau de la station de pompage. Certains
avaient même réussi à se jucher sur des structures métalliques proches des réacteurs,
à l’aide de matériel d’escalade, pour y déployer des
banderoles. «Tricastin : accident nucléaire» et «François
Hollande : président de la catastrophe ?», pouvait-on y lire.
Greenpeace avait dit vouloir «pointer du doigt
toutes les failles de la sécurité dans la production d’énergie nucléaire». Contre un d’entre eux, accusé d’avoir bousculé un
gendarme lors de l’opération, le procureur Gilbert Emery avait réclamé «un an
d’emprisonnement avec sursis».
«Quand on fait le choix du
tout nucléaire, il est difficile de trouver un espace pour la contestation.
Est-ce qu’il est possible de discuter du nucléaire ailleurs qu’en s’enchaînant
à une centrale ?», avait plaidé le conseil des prévenus, Me Alexandre
Faro, demandant notamment au tribunal de requalifier les faits en «dégradation
légère». Cette opération coup de poing avait suscité de nombreuses
réactions : «une opération de communication qui ne prouve strictement
rien», avait dénoncé EDF. «Une action médiatique qui ne représente pas de
danger pour la sécurité des installations», avait assuré le ministère de
l’Intérieur. Une action «citoyenne» alertant les Français sur un «risque
terroriste», saluait au contraire le sénateur EE-LV Jean-Vincent Placé.
Blocage symbolique
Mercredi vers
6 heures, huit mois après l’intrusion au Tricastin, 18 autres
militants de Greenpeace ont été interpellés après avoir franchi le
premier grillage de la centrale nucléaire de Gravelines, dans le cadre d’une
journée d’action en Europe pour dénoncer les risques liés au vieillissement des
réacteurs nucléaires. Les activistes – 14 hommes et quatre femmes de
nationalités française, allemande, danoise, canadienne et britannique –
avaient l’intention de s’introduire dans la centrale pour déployer des
banderoles sur le réacteur, selon le ministère de l’Intérieur.
Ils ont été placés en
garde à vue, à priori pour 48 heures, à la fois pour violation de domicile
ou local industriel ou commercial et pour pénétration dans un bâtiment
intéressant la sécurité nationale, a indiqué le parquet de Dunkerque. Ailleurs,
une dizaine de militants ont bloqué symboliquement l’entrée principale de la
centrale nucléaire du Bugey (Ain) pour réclamer l’arrêt de ses réacteurs d’ici
à 2018, une action qui n’a pas entraîné de perturbation dans le fonctionnement
du site.
En Suisse, une centaine de
militants de l’organisation ont pénétré dans la centrale nucléaire de Beznau
pour exiger la mise à l’arrêt immédiate de ce site jugé trop vétuste. Au total,
six pays européens (France, Suède, Belgique, Espagne, Pays-Bas et Suisse) ont
fait l’objet d’actions simultanées de quelque 240 militants
de Greenpeace.
En mars 2013, un
militant avait été condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir survolé
en paramoteur la centrale nucléaire du Bugey. En novembre 2012, la cour
d’appel de Nîmes avait infligé quatre mois de prison avec sursis à deux
militants de Greenpeace qui s’étaient introduits dans la centrale de
Cruas (Ardèche).
MCD
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire