Convoquée. Sèchement. Et
virée. Les deux nouvelles ont été annoncées hier, à quelques heures
d’intervalle, via Twitter... Quelle
classe! Delphine Batho, ministre française de l’Ecologie, avait osé
critiquer, le matin même, le «mauvais» budget – doux euphémisme – du
gouvernement. Budget qui prévoit 14 milliards d’euros d’économies en 2014,
dont 500 millions rien que pour son
ministère (et 500 postes en moins aux opérateurs : Agence de l'eau ou ADEME). L’écologie est-elle «bien une priorité?» s’est-elle interrogée
sur les ondes de RTL. «Il y a une déception à l’égard du gouvernement, il y a
un doute sur notre volonté de changement», a-t-elle encore déclaré. C’était
oublier un peu vite la maxime de l’un de ses illustres prédécesseurs,
Jean-Pierre Chevènement, alors en charge de la Recherche: «Un ministre, ça
ferme sa gueule; si ça veut l’ouvrir, ça démissionne.»
Mme Batho a donc été promptement... débarquée. Tout comme sa prédécesseure Nicole Bricq, dont la décision de suspendre les permis de forage pétrolier de Shell en Guyane avait signifié son déplacement abrupt vers le Ministère du commerce extérieur. C’était il y a un an à peine. François Hollande choisit-il vraiment si mal ses ministres de l’Environnement?
Hélas, ces évictions successives constituent plutôt la preuve du peu d’intérêt que porte le président de la République française aux questions écologiques et à la transition énergétique. Force est de constater qu’il préfère soutenir la construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes ou baisser le prix de l’essence que remettre en question la filière nucléaire ou freiner la consommation électrique.
Ironie de l’histoire, Delphine Batho avait été choisie à ce poste car, justement, on attendait d’elle qu’elle ne fasse pas de vagues. De fait, un an durant, la modestie de ses interventions a été remarquable. Absente sur les gros dossiers en matière d’énergie comme de transports, la ministre avait jusqu’ici su se montrer transparente et parfaitement inoffensive. Trop sans doute pour cette ancienne fidèle de Ségolène Royal.
Ce remaniement ministériel contraint également les Verts à repenser leur participation au gouvernement. Yves Cochet, ancien candidat à la candidature pour la présidentielle de 2007, a appelé ses camarades Cécile Duflot (ministre en charge du Logement) et Pascal Canfin (au Développement) à démissionner. Car eux aussi ont avalé des couleuvres. Que reste-t-il du volet programmatique de l’accord conclu fin 2011 entre le PS et Europe-Ecologie Les Verts, qui prévoyait notamment une réduction drastique de la production nucléaire, la fermeture progressive de vingt-quatre réacteurs et l’arrêt immédiat de Fessenheim? Pas grand-chose. Mais pendant ce temps, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, continue d’affirmer, sans rire, que «la transition énergétique reste une priorité».
Mme Batho a donc été promptement... débarquée. Tout comme sa prédécesseure Nicole Bricq, dont la décision de suspendre les permis de forage pétrolier de Shell en Guyane avait signifié son déplacement abrupt vers le Ministère du commerce extérieur. C’était il y a un an à peine. François Hollande choisit-il vraiment si mal ses ministres de l’Environnement?
Hélas, ces évictions successives constituent plutôt la preuve du peu d’intérêt que porte le président de la République française aux questions écologiques et à la transition énergétique. Force est de constater qu’il préfère soutenir la construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes ou baisser le prix de l’essence que remettre en question la filière nucléaire ou freiner la consommation électrique.
Ironie de l’histoire, Delphine Batho avait été choisie à ce poste car, justement, on attendait d’elle qu’elle ne fasse pas de vagues. De fait, un an durant, la modestie de ses interventions a été remarquable. Absente sur les gros dossiers en matière d’énergie comme de transports, la ministre avait jusqu’ici su se montrer transparente et parfaitement inoffensive. Trop sans doute pour cette ancienne fidèle de Ségolène Royal.
Ce remaniement ministériel contraint également les Verts à repenser leur participation au gouvernement. Yves Cochet, ancien candidat à la candidature pour la présidentielle de 2007, a appelé ses camarades Cécile Duflot (ministre en charge du Logement) et Pascal Canfin (au Développement) à démissionner. Car eux aussi ont avalé des couleuvres. Que reste-t-il du volet programmatique de l’accord conclu fin 2011 entre le PS et Europe-Ecologie Les Verts, qui prévoyait notamment une réduction drastique de la production nucléaire, la fermeture progressive de vingt-quatre réacteurs et l’arrêt immédiat de Fessenheim? Pas grand-chose. Mais pendant ce temps, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, continue d’affirmer, sans rire, que «la transition énergétique reste une priorité».
Christiane Pasteur
Trop, c'est trop. Cécile Duflot, ministre
écologiste du logement, est sortie de sa réserve pour apporter son soutien,
mardi 2 juillet, à sa collègue de l'écologie, Delphine Batho, qui a vu les
crédits alloués à son ministère baisser de 7 % pour 2014 (-500 000€). La transition écologique est "un cap politique
qui doit être réaffirmé très fortement", a indiqué Mme Duflot à l'AFP.
Pour elle, cela passe par "la fiscalité écologique", élément
"indispensable" alors que la France est parmi "les derniers
élèves de l'Europe" sur ce plan.
Un réconfort bienvenu
alors que Mme Batho a été convoquée dans l'après-midi à Matignon après avoir
critiqué publiquement le sort réservé à son ministère dès lundi dans Le
Monde. Des réserves renouvelées mardi matin sur RTL : "C'est un mauvais budget", a-t-elle lâché quelques
heures avant le début du débat d'orientation budgétaire à l'Assemblée
nationale. La ministre n'a pas été épargnée par le premier ministre qui a
choisi de rendre public l'annonce de son recadrage sur Twitter.
"Quelle logique sous-tend tout ça ?"
"Le premier ministre
devrait la féliciter et l'encourager à défendre l'écologie", a ironisé
François de Rugy, coprésident du groupe écologiste à l'Assemblée nationale. La
convocation de Mme Batho et la baisse des crédits de son ministère ne passent
ni sur le fond ni sur la forme pour les écolos. "C'est incroyable que la
communication du gouvernement ne soit pas mieux maîtrisée, enrage le
député de Loire-Atlantique. Pourquoi jeter en pâture le ministère de
l'écologie ? Quelle logique sous-tend tout ça s'il y en a une ?"
A l'heure où la droite demande la démission de Mme
Batho, Pascal Durand, secrétaire national d'EELV, s'est au contraire félicité
sur RTL que cette dernière ait parlé "haut et fort". "Elle est en colère parce qu'elle défend
l'écologie", a-t-il plaidé. Jean-Vincent Placé, président du groupe
écologiste du Sénat, ne le démentira pas, lui qui estime que "tous
les messages sont mauvais". "Il n'y a pas de message écolo, pas de
message social. Il n'y a même plus de message politique", a-t-il
affirmé. En fin de journée, le sénateur de l'Essonne a franchi un pas
supplémentaire en assurant que son parti n'était "pas loin de la
sortie" du gouvernement.
Fiscalité écolo
Mardi midi, les
écologistes ont eu l'occasion de faire part de leur mécontentement au ministre
du budget Bernard Cazeneuve qui recevait à déjeuner M. de Rugy, sa coprésidente
Barbara Pompili et M. Placé. Ces derniers ne comptent pas s'arrêter là et ont
prévu d'aborder le sujet lors de rencontres programmées dans les prochaines
semaines avec François Hollande : le 9 juillet pour M. Placé, le mardi suivant
pour M. de Rugy et Mme Pompili. "Ca montre bien que l'écologie ne fait pas
partie des priorités de l'Etat, s'agace Eva Sas, députée EELV de l'Essonne qui
était également invitée au déjeuner. On va porter le débat à un autre
niveau pour obtenir d'autres arbitrages."
Ces frictions
interviennent alors que des débats sur la fiscalité écologique sont en cours et
étaient à l'origine du déjeuner entre M. Cazeneuve et les écologistes. Le
ministre a également reçu la semaine dernière M. Durand pour évoquer le sujet.
Ces derniers souhaitent s'attaquer à la fiscalité sur le diesel, classé en
juin 2012 comme substance cancérogène par l'Organisation mondiale de la santé,
en introduisant une hausse de 2 centimes d'euros du litre. Ils
plaident également pour l'instauration d'une taxe carbone. "Les intentions
sont là et les perspectives sont intéressantes, assure M. de Rugy. Mais on ne
connaît pas ni le périmètre exact ni l'impact réel : ce n'est pas
arbitré."
Spécialiste du sujet, Mme Sas note également un point important de divergence.
"Le gouvernement envisage la fiscalité écologique comme une mesure de
rendement destinée à alimenter la réduction des déficits alors que nous
souhaiterions qu'elle finance une diminution de la TVA et la transition
écologique", déplore la députée de l'Essonne, qui met cependant en garde
l'exécutif contre une logique uniquement financière. "Nous n'assumerons
pas l'impopularité des mesures qu'ils veulent mettre en place. Nous ne sommes
pas pour une écologie punitive", assure-t-elle.
Historique :
- Delphine Batho : « Je veux des progrès
écologiques irréversibles »
A la mi-septembre, la ministre de l’Ecologie
pilotera la conférence environnementale du gouvernement. L’occasion de
détailler ses priorités, entre biodiversité et transition énergétique.
- Nous sommes en mai 2017. Après cinq
ans de « transition écologique », comment imaginez-vous la
France ?
Je l’imagine comme un des
pays les plus avancés au monde en termes de reconquête de la biodiversité. Je
l’imagine ayant mené une grande politique de sobriété énergétique, vertueuse
pour la lutte contre le changement climatique, mais aussi pour le pouvoir
d’achat et l’emploi, traduisant ce que doit être l’écologie sociale et
concrète. Je l’imagine engagée sur de bons rails pour étendre les énergies
renouvelables et ayant développé des savoir-faire, des technologies et des
filières industrielles dans ce domaine.
- Tout cela est-il possible ou va-t-il falloir
choisir ?
C’est possible. C’est
l’objectif de la mutation écologique qu’il faut accélérer. On est dans une
situation de crise qui se durcit. Ça ne doit pas conduire à se dire que
l’écologie, c’est pour plus tard. Au contraire, les choix qui conduisent à
relocaliser notre production industrielle, à réorganiser nos modes de
production et nos modes de vie participent d’une croissance sélective,
intensive en emplois. Les choix de court terme doivent être cohérents avec les
enjeux à plus long terme, surtout face au changement climatique et à la
raréfaction des ressources.
- Pendant la campagne, François Hollande avait
déclaré qu’il fallait au gouvernement un n°2 chargé du développement durable,
« un ministre au large champ : celui de l’énergie, des transports, du
logement, des grandes infrastructures et capable d’avoir prise sur les
questions fiscales ». Aujourd’hui, ces fonctions sont réparties entre
plusieurs ministres. L’ambition est-elle revue à la baisse ?
Non. Ça veut dire qu’on
l’organise différemment. Tout n’est pas concentré dans un seul ministère mais
il y a eu un choix très fort : rassembler l’écologie et l’énergie, ce qui
n’était pas le cas durant les dix-huit derniers mois du gouvernement précédent.
Les trois derniers mois, il n’y avait même plus de ministre de
l’Ecologie ! Ce qui prévaut dans l’organisation du gouvernement, c’est
l’esprit d’équipe. C’est aussi la volonté de passer à l’acte. C’est l’objectif
de la conférence environnementale des 14 et 15 septembre.
- Ce n’était pas le cas du Grenelle ?
La méthode de concertation
du Grenelle est un acquis. Il y a eu des avancées, mais le Grenelle a été
enterré lorsque Nicolas Sarkozy a dit : « L’environnement, ça
commence à bien faire. » Et puis les sujets difficiles avaient été évacués,
il y avait un manque de lisibilité des priorités. Faute de moyens, il y a eu
une traduction surtout réglementaire. Avec la conférence environnementale, nous
voulons nouer un nouveau partenariat écologique et inscrire notre action dans
la durée. La conférence sera annuelle. Ce n’est pas juste un moment fort et
derrière des déceptions. C’est la volonté d’un travail sérieux et concret sur
le quinquennat. Et nous avons deux priorités claires : la transition
énergétique et la biodiversité.
- Cette conférence sera, dit-on, celle de la
méthode…
Sur la transition
énergétique, oui, et je l’assume. C’est là que nous allons fixer les règles du
débat national qui s’engagera à partir de cet automne et qui débouchera à la
fin du premier semestre 2013 sur un projet de loi de programmation pour la
transition énergétique. Il s’agit d’avoir un grand débat démocratique avec
toutes les parties prenantes : les ONG, les syndicats de salariés, les
entreprises, les élus, les experts et les scientifiques, et surtout avec les citoyens.
Ce débat doit permettre la participation de tous, et il s’organisera de façon
décentralisée. Il s’agit de faire des grands choix pour l’avenir de la nation,
mais aussi de favoriser un changement culturel, une modification des
comportements.
Les enjeux de la politique
de l’énergie sont considérables – impact sur le changement climatique,
pour l’indépendance de la France et sa sécurité d’approvisionnement, pour le
déficit de la balance commerciale et la compétitivité de notre économie –,
et ce débat n’éludera aucun de ces aspects. Mais, à mes yeux, la priorité
numéro un, c’est la sobriété et une grande politique d’efficacité énergétique.
Sur les énergies renouvelables, nous définirons aussi des règles du jeu stables
pour la durée du quinquennat. Ces dernières années, les changements incessants
des règles, tarifs de rachats, moratoires et autres, ont profondément
déstabilisé les entreprises. La France a pris du retard.
- Ne craignez-vous pas qu’en choisissant la
biodiversité comme thème majeur de la conférence on ressorte l’éternel cliché
de la protection des petites fleurs et des paysages ?
Eh bien, vive les petites
fleurs et les paysages ! Ce n’est pas ringard et les Français ont au
contraire soif de contact avec la nature et toutes ses beautés. Une politique
de la biodiversité, ce n’est pas de mettre la nature sous cloche, car la
biodiversité c’est, comme me le disait un chercheur, « une bicyclette en
perpétuel mouvement et dont il ne faut pas perturber l’équilibre ». C’est
pourquoi je préfère la notion de « reconquête » de la biodiversité à
celle de « préservation ». Le problème, c’est qu’aujourd’hui, et pour
la première fois dans l’histoire de l’humanité, on est confrontés à un
changement global : la problématique du changement climatique s’ajoute à celle
de la perte de biodiversité, avec une interaction très forte entre les deux.
- Après le Grenelle, on devait réduire l’usage des
pesticides. La consommation a augmenté…
Le plan Ecophyto 2018
prévoyait en effet une réduction de moitié de l’usage des pesticides ; il
y a eu une augmentation de 2,5 %. J’ai
souhaité que la question du lien entre la santé et l’environnement soit pour la
première fois discutée lors de la conférence environnementale dans une approche
nouvelle. Le bisphénol, les perturbateurs endocriniens, les pesticides, la
pollution de l’air sont des sujets majeurs de santé publique.
- Y a-t-il une annonce-phare à attendre de la
conférence environnementale ?
Oui. La volonté, c’est de
placer le dialogue environnemental au même niveau que le dialogue social. On ne
vient pas avec des décisions construites d’avance. Mais, s’il y a aujourd’hui
une grande politique à laquelle nous travaillons d’arrache-pied avec Cécile
Duflot (ministre de l’Egalité des territoires et du Logement, ndlr) pour passer
à l’acte dans les prochains mois, c’est celle de l’isolation thermique des
logements anciens. Le président de la République s’est engagé sur l’idée qu’il
puisse y avoir un million de logements chaque année – la moitié neufs, la
moitié anciens – qui correspondent à cette volonté-là. C’est l’exemple même
d’une grande politique vertueuse écologiquement, socialement pour le pouvoir
d’achat, et économiquement car elle créera ou préservera des emplois dans un
secteur économique stratégique, celui du bâtiment et de la construction.
- Faut-il créer une filière spécifique ?
Non. On a des
savoir-faire, notamment avec l’Ademe (Agence de l’environnement et de la
maîtrise de l’énergie, ndlr). Les artisans et les entreprises maîtrisent les
techniques. Je ne crois pas à l’idée qu’on aurait un déficit de compétences. On
doit être capables d’accélérer et de mettre le paquet.
- Détaillons les sujets énergétiques. Sur les gaz
de schiste, où en est-on ?
La fracturation
hydraulique, qui est la seule technique d’exploitation des gaz de schiste, est
et restera interdite. En l’état actuel des techniques, les risques pour
l’environnement comme pour la santé sont avérés.
- Faut-il continuer à rechercher d’autres techniques ?
Ça, c’est la liberté des
industriels. Je n’ai jamais soutenu l’idée qu’il ne faudrait pas faire de
recherches, quel que soit le sujet. En l’état actuel des choses, il n’a été
montré nulle part qu’il pouvait exister des techniques d’exploitation qui ne
posaient pas de problème pour l’environnement et la santé. Le jour où la
démonstration inverse sera faite, il y aura peut-être un débat citoyen. Pour ma
part, je ne crois pas que l’avenir de la politique énergétique, ce soit de
nouveaux hydrocarbures. Et je constate, pour le regretter, que l’on parle
d’autant plus des gaz de schiste que la perspective d’un accord mondial
contraignant sur la lutte contre les gaz à effet de serre s’éloigne. Je
souhaite que la France soit en pointe dans la lutte contre le changement
climatique.
- Au large de la Guyane,
Shell réalise des explorations en vue d’éventuels forages pétroliers. Peut-on
imaginer autre chose après l’exploration ?
Il y a des explorations,
il y a une commission de suivi entre les élus et les associations qui est mise
en place. Je ne connais pas le résultat d’avance. Le déficit de la balance
commerciale atteint 61,4 milliards, notamment à cause des hydrocarbures.
La politique du gouvernement, c’est d’abord de soutenir massivement le
développement des véhicules électriques et hybrides. C’est une stratégie qui
vise à décarboner le secteur automobile. En attendant que ces stratégies aient
abouti, on a toujours besoin de mettre de l’essence dans les moteurs. Si on
peut réduire le déficit de la balance commerciale, cela fait aussi partie des
enjeux.
- Peut-on imaginer un
débat public avant l’exploitation de ces ressources ? Cela peut-il faire
partie de la réforme du Code minier ?
L’objet de la réforme du
Code minier est le respect de la Constitution et de la Charte de
l’environnement qui prévoit l’information préalable du public sur tous les
projets ayant un impact sur l’environnement. S’il fallait s’engager sur une
exploitation de la ressource, ce principe fondamental devra être respecté.
J’espère que les travaux du groupe de travail piloté par Thierry Thuot,
conseiller d’Etat et ancien rapporteur général du Grenelle, aboutiront à un
texte de projet de loi d’ici à la fin de l’année, après toutes les
concertations nécessaires.
- Quid du nucléaire ?
Sur le nucléaire, la
campagne présidentielle a permis de soumettre démocratiquement nos engagements
aux citoyens. Il ne s’agit pas de sortir du nucléaire, mais de réduire sa part
dans la production d’électricité de 25 points à horizon 2025, en
passant de 75 % à 50 %. Sur la durée du quinquennat, nous procèderons à
la fermeture de Fessenheim (plus vieille centrale française, dans le Haut-Rhin,
ndlr), nous achèverons l’EPR de Flamanville (Manche) et nous n’engagerons pas
de projets de construction de nouveaux réacteurs.
- Une mesure a été proposée par plusieurs
associations : l’arrêt des aides pour l’achat de carburant pour les
transporteurs. Cela peut-il faire partie des premières mesures de la
transition ?
Sur le secteur de
l’aviation, cela ne paraît pas possible à court terme au regard de la situation
de nos entreprises et du fait qu’elles s’acquittent déjà d’une forme de taxe
carbone avec la directive européenne ETS (1). Il faudrait un dispositif
mondial comparable qui s’impose à toutes les compagnies. Pour les autres
dispositions fiscales, nous en parlerons lors de la conférence
environnementale.
- On a vu, durant l’été, tous les efforts déployés
par le gouvernement pour aider le secteur automobile national. N’est-ce pas
incompatible avec ces vœux de transition ?
L’enjeu stratégique, je le
répète, c’est le véhicule propre ou le moins polluant possible. Tels que les
modes de vie sont organisés aujourd’hui, je crois difficile de se défaire du
véhicule individuel, je le dis d’autant plus que je suis élue d’un territoire
rural. L’enjeu est d’orienter les consommateurs et les constructeurs vers ces
véhicules.
- D’eux-mêmes, les constructeurs ne le font
pas ?
Ces entreprises privées
ont fait des choix stratégiques, ont retenu des plans de licenciements qu’elles
avaient sous le coude depuis longtemps. Plusieurs milliards d’euros ont été
investis dans l’automobile ces dernières années… pour en arriver là ! Que
peut faire la puissance publique ? Outre ce qu’elle doit faire en matière
de respect des règles, c’est orienter l’achat, par exemple vers la Mia,
fabriquée à Cerizay (Deux-Sèvres), la Zoé, à Flins-sur-Seine (Yvelines) ou
encore la 3008, assemblée à Sochaux (Doubs).
- Autre débat entre long terme et réalités de court
terme : le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes.
Comment l’arbitrer à moyen terme ?
Les recours juridiques
doivent arriver à leur terme.
- Mais cet aéroport s’inscrit-il dans la transition
écologique ?
Je vous ai répondu.
Respectons l’engagement qui a été pris et la concertation qui a eu lieu
localement au début du mois de mai (2). Nous ne sommes pas arrivés au
terme de ce processus.
- Avez-vous prévu des mesures qui favorisent le
« made in France » ?
Oui, avec Arnaud
Montebourg (ministre du Redressement productif, ndlr), notre volonté, c’est de
favoriser la relocalisation industrielle et de développer les circuits courts à
grande échelle.
- Ça existe déjà un peu côté alimentaire…
Les démarches qui existent
au plan local, notamment dans les cantines scolaires, doivent monter en
puissance. Il est dommage d’importer un certain nombre de produits bios parce
que la croissance de la demande est largement supérieure à celle de l’offre.
Sur les céréales, notamment, on a vraiment des grandes marges de progression.
Sur le bio aussi, sur les produits locaux, sur les produits de proximité et de
qualité.
- Retour en 2017. Vous vous imaginez dans le même bureau ?
Le poste a beaucoup changé d’occupant dernièrement…
Je ne sais pas où je serai
dans cinq ans. Mais je sais qu’une action efficace a besoin de durée. Je
veux réussir des changements en profondeur, remettre en marche ce ministère,
qu’il y ait des progrès écologiques irréversibles. Cela fait longtemps qu’il
n’y pas eu ce sentiment d’arracher des conquêtes, de franchir des caps. C’est
ça, mon objectif, pas mon destin personnel. —
- (1) « Emissions
trading scheme ». Système de quotas carbone lancé en Europe en 2005.
(2) L’accord prévoit que
« tous les habitants, exploitants et propriétaires ayant un titre au
moment de la déclaration d’utilité publique du 9 février 2008 ne sont pas
expulsables tant que les procédures juridiques engagées au Conseil d’Etat, à la
Cour de cassation et au Conseil constitutionnel ne sont pas épuisées ».
En 8 dates :
- 1973 Naissance à Paris
- 1988 Adhère à SOS
Racisme
- 1994 Adhère au Parti
socialiste
- 2004 Secrétaire
nationale du PS chargée de la sécurité
- 2007 Elue députée des
Deux-Sèvres
- 16 mai 2012 Nommée
ministre déléguée à la Justice
- 21 juin 2012 Nommée
ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie
- 2 Juillet 2013 virée du
gouvernement.
APL
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire