Ce 29 juin, c'est jour de fête
aux Amanins. La fête de la terre et de l'humanisme accueillait les intervenanEs sur " L’UTOPIE EN CHEMIN" : Pierre
RABHI dialoguait avec Cynthia FLEURY
(philosophe), Thanh NGHIEM (pollinisatrice), Mathieu BAUDIN (prospectiviste) et
Cyril DION (Ex-Directeur de Colibris).
Les Amanins, une ferme où se cultivent simplicité
et authenticité
Pierre Rabhi, agriculteur, philosophe et essayiste,
a inspiré des initiatives d’agroécologie. Dans le centre agro-écologique des
Amanins dans la Drôme, se vit une relation à la nature et aux gens empreinte de
respect.
L’atelier de fabrication
des briques. Le projet de Michel Valentin, à l’origine des Amanins, était de
créer «une ferme un peu différente» pour « montrer aux gens qu’on peut vivre de
manière autonome, que la nature, à condition de bien en prendre soin, sait être
généreuse ».
Dans les pas de Pierre Rabhi
« Nous ne sommes pas
des donneurs de leçons, mais plutôt un carrefour d’échanges. » Voilà
comment Nathalie Girardini, 46 ans, gérante de la Société coopérative et
participative (Scop) du lieu-dit Les Amanins, en pleine campagne drômoise,
définit les acteurs de la ferme qu’acheta il y a huit ans Michel Valentin, chef
d’entreprise, décédé en 2012.
Emmanuelle Cauwel,
salariée de la Scop depuis six mois seulement, chargée de l’accueil, raconte ce
qui l’a attirée. « J’avais l’impression d’être robotisée, explique
cette ancienne secrétaire médicale en hôpital. Ici, nous sommes dans un lieu
fondé sur des principes qui me tiennent à cœur: le respect, la confiance, la
simplicité. L’écologie, aussi: je portais cela comme une envie, mais je ne
savais pas comment la mettre en pratique. »
Christian Couraud,
directeur de la MJC de Livron, une commune proche, et président de
l’association Les Amanins, termine sa salade totalement bio du jardin.
« Pas question ici de vivre en autarcie, insiste-t-il. D’ailleurs,
les Amanins, ce n’est pas un lieu de vie, ni une communauté. Disons plutôt que
nous sommes en réseau, pas du tout coupés du reste du monde, que nous sommes
tenus d’avoir un projet cohérent et ouvert, donc obligés à une exigence
économique exemplaire, mais que nous visons l’autonomie
énergétique. »
Un autre habitué, Michel
Chaudy, venu ce jour-là avec des amis, ajoute: « Considérez qu’il s’agit
d’un lieu expérimental, comme un phare, que cela fait rêver, que cela attire,
qu’on est dans une autre logique sociétale. Alors, oui, c’est la preuve qu’on
peut faire autrement. Mais ça ne va pas déboucher sur une autre
société. »
À l’origine se trouve un
homme que tous appellent avec affection par son prénom – Michel – et qui a
laissé après sa mort une envie intacte de prolonger son œuvre. Isabelle Peloux,
sa compagne, raconte comment tout a commencé: « Michel, fils de paysans,
était d’abord et avant tout un gestionnaire d’entreprise. Il avait notamment
fait des affaires dans l’hôtellerie et l’informatique. Mais il avait gardé une
passion pour la terre. Quand je l’ai rencontré, il était en pleine réflexion
sur le sens de sa vie. Six mois après notre rencontre, il me dit: “Je vais
déjeuner chez Pierre Rabit!” “Tu veux dire: Pierre Rabhi, l’auteur de livres
sur l’écologie?”» Celui-ci, en effet, avait récemment déclaré dans un
article de presse: « Si j’avais de l’argent, je saurais quoi en
faire! »
« Du coup, ils
ont parlé ensemble, reprend Isabelle Peloux. Pierre a évoqué un projet
qu’il avait de village-vacances-famille écologique. Michel s’est dit, de son
côté: “L’hôtellerie, je connais, le maraîchage, c’est mon dada. Et si on créait
une ferme un peu différente? On accueillerait des gens pour leur montrer qu’on
peut vivre de manière autonome, que la nature, à condition de bien en prendre
soin, sait être généreuse”. »
Après avoir cherché
quelque temps, ils ont fini par jeter leur dévolu sur cette ferme des Amanins,
un peu à l’écart du village où ils habitaient. Depuis, celle-ci a changé de
physionomie. Dehors s’étendent de larges panneaux solaires, derrière lesquels
se profilent les sommets du Vercors encore enneigés. Une ancienne grange a été
convertie en vaste salle de conférence où le bois est partout à l’honneur.
Ce jour-là sont
accueillies des personnes venues de divers coins de France, de Suisse et de
Belgique, ainsi que des adhérents de l’association drômoise
« Ensemble » qui se veut, selon son président René Lafont,
« culturelle, humaniste et citoyenne ». Chacun se régale,
dehors, sur la terrasse, de délicieuses lasagnes à la courge et aux orties.
Pourquoi s’être déplacés jusqu’ici?
Une visiteuse, Nadia
Salerno, explique: « Je souhaite m’installer non loin d’ici comme
agricultrice spécialisée en plantes aromatiques et médicinales. J’ai besoin
d’apprendre… » René Lafont se fait le porte-parole de son groupe:
« Nous avons déjà reçu Pierre Rabhi qui nous avait beaucoup marqués. C’est
aujourd’hui notre sortie de l’année, et nous avons choisi de visiter les
Amanins. »
Isabelle-Alexandrine
Bourgeois, journaliste fondatrice d’un portail de voyages solidaires, précise
« vouloir promouvoir le loisir en lien avec les questions utiles à la
collectivité ». Ce centre de vacances que sont pour partie Les
Amanins constitue un sujet de choix pour son site. Un homme, Robin Terrier,
explique qu’il travaille dans la recherche pour un laboratoire pharmaceutique
et qu’il se « pose de sérieuses questions sur l’agrobiologie ».
Trouveront-ils leur
bonheur lors de cette visite d’un jour? Peut-être une ambiance, une
bienveillance perceptible dans les relations, des propos échangés de l’étable
au potager en passant par l’atelier de fabrication des briques en terre crue et
en paille auront-ils fait « tilt ».
Pour Camille André,
23 ans, en année sabbatique après des études d’agronomie, croisée une
fourche à la main au milieu des vaches et des brebis, le séjour de trois
semaines ici aura permis de s’impliquer bien davantage : « J’ai découvert le rapport avec les animaux
et la compréhension de ce qu’on mange. Le bio, c’est un état
d’esprit. Pour l’instant, je suis comme une éponge. Plus tard, peut-être,
ferai-je partie d’un lieu comme celui-ci, très riche aussi sur le plan humain? »
Aux Amanins, il y va du
respect de la création comme du respect de l’être humain. Isabelle Peloux avait
déjà entendu Pierre Rabhi prononcer cette phrase: « Quelle planète
laisserons-nous à nos enfants? Et quels enfants laisserons-nous à la planète? » Et
elle se disait alors avec Michel Valentin :
« à travers les classes découverte que nous projetons d’ouvrir, nous
allons apprendre aux jeunes le cycle de l’eau et du vivant, à faire du pain, du
fromage, recycler les déchets. Mais il faut aussi promouvoir l’écologie
relationnelle, sinon, tout cela n’a aucun sens. »
Résultat, aujourd’hui, de
ce long mûrissement: la création d’une école aux Amanins qui fonctionne depuis
sept ans et qui ouvre ses portes à 34 élèves répartis sur cinq niveaux, du CP
au CM2. On y apprend, certes, les bases d’une saine écologie, mais
surtout, l’éducation à la paix y est fondamentale.
« Les enfants
vivent dans ce lieu où on respecte l’environnement, le travail de ceux qui sont
au jardin, de celui qui fait le pain, du coup, on finit son assiette. On va
aussi beaucoup dehors contempler la nature: les élèves savent que le beau fait
du bien et aide à trouver la paix en soi et, de ce fait, la paix avec les
autres. » Ouvrir l’espace de paix qu’on a en soi, cela marche aussi
pour les grands: aux Amanins, ils l’ont tous compris.
Au menu des Amanins
Stages
Aux Amanins sont organisés
des stages et des forums qui sont des carrefours d’échanges pour rencontrer,
dialoguer, construire. S’y expriment des intervenants du monde de l’écologie
sur des thèmes variés comme le montage de projets écologiques, l’éco et
l’auto-construction, le maraîchage, etc.
Deux événements à venir
cet été dans le cadre de ces stages: « Créer son écoprojet » du 2 au
7 juillet 2013, auquel participera Pierre Rabhi, et « Pédagogie
coopérative » du 20 au 24 août 2013.
Vacances
Des séjours à thème sont
proposés aux familles pour partager des moments de détente créatifs autour de
l’écologie. Contes, animations créatives, concerts, spectacles, ateliers de
danse, cours de cuisine, vie à la ferme, jardin potager… L’accueil se fait dans
un gîte écologique adapté aux besoins des familles et des enfants.
Rens.: www.lesamanins.com
Email: info@lesamanins.com
Tél. : 04.75.43.75.05.
LOUIS de COURCY (La Roche-sur-Grâne, Drôme)
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