À la conquête de la Polarité Nord-Ouest
Dans la cuvette, les
projets d’urbanisme ont définitivement changé de siècle. Finis les projets à
l’ancienne, concernant un seul quartier, une seule commune, ne voyant pas plus
loin que le bout de la rue. Aujourd’hui, la construction de bâtiments se
réfléchit en terme de « polarités ». Parfaitement, messieurs-dames.
Les technocrates de la Métro, communauté d’agglomération, ont décidé de cibler
trois « polarités », également dénommées « espaces-relais
majeurs », afin de « concevoir l’agglomération durable » :
la Polarité Nord-Ouest (Grenoble, Fontaine, Sassenage, Saint-Martin-le-Vinoux),
la Polarité Nord-Est (autour du domaine universitaire) et la Polarité Sud
(autour d’Echirolles, d’Eybens et des quartiers sud de Grenoble) . Ces
polarités structurent la future Ecocité, un label porté par nos élus pour
vendre leur territoire, avec un slogan accrocheur : « Vivre la ville
post-carbone dans les Alpes ! ». Tout un programme. Paula et Rité
sont des gens à peu près normaux. Les documents de communication leur donnant
envie de dormir, ils ont décidé de partir à la découverte de la « Polarité
Nord-Ouest ». C’est la plus importante et la plus avancée des trois
polarités, qui désigne le territoire englobant la Presqu’île et les projets de
l’Esplanade à Grenoble, des Portes du Vercors à Fontaine et Sassenage et du
parc d’Oxford à Saint-Martin-Le-Vinoux. Paul et Rité ont randonné vingt-quatre
heures entre les anciens et nouveaux quartiers, le long des canaux, des
ruisseaux, des rivières, et dans les quelques champs agricoles restants. Ils
ont abordé plein de gens, admiré les grenouilles et les chevaux, fait un feu au
bord de l’Isère. Récit de ce nano-périple de proximité, qui parle surtout du projet
des Portes du Vercors.
« On est déjà dans une cuvette très
polluée »
Bernard et Joëlle sont
maraîchers à Sassenage, leur terrain s’étend entre le chemin du Drac et le
chemin du Néron. Les deux hectares qu’ils possèdent sont situés sur la zone de
l’Argentière - au cœur du projet des Portes du Vercors - et devraient être
entièrement récupérés par la Métro. On a rencontré Bernard, dossiers sous le
bras et remonté, à une réunion d’information sur le projet des Portes du
Vercors. Quelques jours plus tard, assis par terre à côté de ses légumes, on a
taillé le bout de gras ensemble, avec vue sur les trois massifs.
« L’immeuble, tôt ou
tard il viendra »
Alain est l’un des
derniers maraîchers de Fontaine. Aux pieds des falaises du Vercors s’étendent
sa ferme et trois petits hectares - dont la moitié en location- qu’il continue
de cultiver avec l’aide de son infatigable père. Lui, n’est pas touché par le
projet des Portes du Vercors.
Cuvette 2030 : nos propositions
Pour la deuxième fois de
sa jeune histoire, Le Postillon a décidé d’être résolument constructif. Cette
fois-ci encore, nous ne nous arrêterons pas à la critique d’une Écocité
entièrement urbanisée, et de ces « polarités » uniformes et sans âme.
Devant le manque d’imagination de nos décideurs, qui planifient tous la même
chose à quelques étages d’immeuble près, nous vous proposons une vision
véritablement innovante pour l’avenir de notre ville et de notre agglomération.
Les nombreux comités de pilotage organisés au sein de notre comité de rédaction
ont accouché d’un plan ambitieux et fédérateur. Puisque nous sommes persuadés
que le bonheur des habitants n’a rien à voir avec l’attractivité d’une ville,
l’axe principal de notre projet est l’abandon de la volonté d’être une
« métropole européenne ».
Bédé
Avril 2013, Grenoble.
Troisième « atelier du changement » : Harlem Désir, premier
secrétaire du PS, continue son tour de France et vient piquer des idées au bon
peuple isèrois, qui ne ment pas. Malgré le service d’ordre, l’escadron de CRS
et la BAC en planque, Le Postillon s’introduit dans le gymnase pour lui aussi
s’abreuver à la source de la politique moderne : la démocratie
participative. Extraits de ce « temps fort de la vie démocratique »
(M. Destot).
Méchamment drone
As-tu déjà poussé ce
profond soupir de dépit ? Celui qui vient spontanément en essayant de
suivre un peu l’actualité des dernières innovations technologiques
grenobloises ? Celui qui donne envie de refermer le journal, de débrancher
Internet et de sortir dehors pour oublier tout ça, ramasser des morilles sous
la pluie, lire un bon roman au soleil ou simplement regarder voler les
martinets ? Le problème, c’est qu’à force, même les martinets ne pourront
plus s’égailler tranquillement. Alors autant dépasser ce dépit pour
s’intéresser à une des entreprises grenobloises qui monte, qui monte, tellement
qu’elle aimerait partir à la conquête des airs. Autant se fader des pages et
des pages de communication et un livre critique pour raconter l’histoire de la
naissance et du développement de Delta Drone, avant de retourner profiter du
ciel pas encore trop colonisé.
Hébergement d’urgence discount
Situés rue Verlaine à
Grenoble, les anciens locaux de la Direction départementale de la jeunesse et
des sports ont trouvé une nouvelle vocation. En décembre dernier, sous le joli
nom fleuri de « Mimosa », le bâtiment a ré-ouvert comme structure
d’hébergement d’urgence, selon la logique saisonnière de l’hébergement qui veut
que le nombre de places proposées augmente durant la période hivernale. À la
fin de la trêve hivernale, le centre est resté ouvert afin de répondre à la
demande croissante d’hébergements sur le département. On pourrait penser qu’il
s’agit de deux bonnes nouvelles : d’abord parce que les bâtiments publics
vides sont enfin utilisés pour héberger des personnes à la rue et ensuite parce
que l’État aurait décidé de respecter la loi sur la continuité de
l’hébergement, en arrêtant de remettre les gens à la rue avec l’arrivée du
printemps. Mais lorsqu’on demande aux personnes hébergées dans ce bâtiment ce qu’elles
pensent de leurs conditions de vie, on déchante.
Et des brèves à foison
Tarif pour 6 numéros (environ un an) = 15 €. Possibilité de réduction
pour des envois groupés ou pour des personnes désargentées : nous
contacter. Modalités : envoyer de la monnaie ou un chèque à l’ordre de
« Le Postillon », ainsi qu’un petit mot avec votre adresse. N’oubliez
pas de préciser le numéro à partir duquel vous voulez vous abonner. Ceux qui le
désirent peuvent ajouter leur email pour qu’on puisse les contacter en cas de
« retour à l’expéditeur ». La collection presque complète du
Postillon (à l’exception du numéro 11, épuisé) est disponible pour 20 euros,
frais de port compris.
Pour nous écrire : Le Postillon, 46 bis rue
d’Alembert,
38000 Grenoble
lepostillon/chez/yahoo.fr
04 76 21 46 45
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