Stéphane Le Foll, ministre
de l’Agriculture, vient de signer la prorogation du bail entre l’Etat et la
Société civile des terres du Larzac (SCTL) jusqu’en... 2083. La SCTL, qui
compte environ 55 membres, assure la gestion de 6 300 hectares sur le plateau
depuis 1985. Le 18 juillet, le bail emphytéotique a été porté de 60 à 99 ans,
sa durée maximale. Une chance pour les futurs agriculteurs du plateau :
« Cela va permettre aux nouveaux venus d’obtenir des baux sur toute leur
carrière », estime l’eurodéputé José Bové, passé du collège des
exploitants à celui des habitants de la SCTL.
Ces terres, prévues pour
l’extension du camp militaire du Larzac en 1971, furent l’enjeu d’un combat qui
dura dix ans, mené d’abord par une centaine d’agriculteurs, rejoints par des
dizaines de milliers de militants (voir le film Tous au Larzac de Christian
Rouaud). Suite à l’abandon du projet militaire en 1981, les terres retrouvèrent
leur vocation agricole. En 1985, l’Etat accorda un bail emphytéotique [1]
de 60 ans à la SCTL qui favorisa l’installation de jeunes. Ce « laboratoire
foncier », comme le présente José Bové, aurait permis d’augmenter de
20 % le nombre de paysans sur ce territoire.
Après le Larzac, au tour
de Notre-Dame-des-Landes ?
« Comment ne pas
faire le parallèle avec l’aéroport inutile de Notre-Dame-des-Landes ? »,
interroge la Confédération paysanne. « Tous les ingrédients sont en effet
réunis : inutilité du projet, initiatives paysannes, mobilisation
citoyenne, foncier détenu par les pouvoirs publics. » Des comités de
soutiens aux opposants à l’aéroport, venus notamment de Millau et de Rodez, ont
d’ailleurs cherché à interpeller le ministre avant la signature du bail.
« À quelques
centaines de kilomètres de là, à Notre-Dame-des-Landes, le gouvernement, en
plein déni, persiste à croire qu’il pourra noyer 2 000 hectares de bonnes
terres agricoles sous des milliers de tonnes de béton. Comment expliquer ces
deux poids deux mesures ? », interrogent les comités. Pour ces
derniers, la solution passe par le rejet du projet d’aéroport nantais et la
collectivisation des terres sur la « zone à défendre ». Pour
accentuer la pression sur les pouvoirs publics, un grand rassemblement festif
et militant est prévu les 3 et 4 août prochains à Notre-Dame-des-Landes. MCD
Notes
[1] Ce
type de bail accorde tous les droits et devoirs d’un propriétaire au détenteur
sauf celui de vendre le sol, avec l’obligation d’améliorer le bien en question.
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