Vautours fauves et pastoralisme : la LPO Drôme et 12 organismes appellent l’Etat à
organiser la concertation pour une cohabitation paisible.
Dans un courrier adressé aux Préfets des Régions
Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur,
datée du 10 juillet 2013, 13 organismes cosignataires demandent aux services de l’Etat concernés de mettre en place,
dans les meilleurs délais, une procédure d’expertise des cas supposés ou réels d’interventions de vautours sur animaux
vivants.
Ces 13 organismes, publics
et privés, sont tous spécialisés dans la protection de la nature et en
particulier dans le domaine des rapports pastoralisme/vautours.
La procédure devra, en
relation étroite avec les professionnels de l’élevage, les structures signataires
de la lettre et les services de l’Etat compétents, répondre très concrètement à
toutes les interrogations des professionnels de l’élevage, lorsqu’ils
suspectent une intervention des vautours, ante-mortem.
NB : Cette lettre a fait l’objet d’un long travail
de concertation initié en mai 2013.
PJ : Courrier du 10
juillet 2013 « Intervention de vautours fauves sur bétail encore vivant : prévention et
gestion de crises éventuelles. »
Contacts presse :
Roger MATHIEU : 06 30 12 20 52
Gilbert DAVID : 06 52 63 91 55
COMMUNIQUE DE PRESSE
Concernant le cas de
Plan-de-Baix (Drôme) survenu le mardi 9 juillet 2013
- La LPO Drôme désire
apporter les précisions suivantes :
- La LPO Drôme entend
parfaitement les déclarations de l’éleveur et ne les remet pas en cause;
- La LPO Drôme prend note
des constatations du vétérinaire de l’éleveur ;
Ces cas sont connus comme
exceptionnels et ont fait l’objet de multiples expertises dans les Pyrénées
(expertises effectuées par des agents de l’Etat et des vétérinaires mandatés et
spécialisés) ;
- Selon ces expertises
pyrénéennes, les très rares cas d’interventions de vautours sur bovins vivants
se sont toujours produits lorsque la mise bas se passait mal et que les animaux
étaient seuls, sans présence humaine, et immobilisés en présence de sang et de
placenta ;
- Il a été démontré que
jamais les vautours ne s’intéressaient à des animaux sains et en pleine
possession de leurs moyens ; devant ces conclusions, l’Etat a renoncé à
pratiquer des expertises systématiques ;
- La LPO Drôme rappelle
que dans la Drôme, il existe deux services d’équarrissage naturel (Parc naturel
régional du Vercors et “Vautours en Baronnies”) ; ces deux services
d’équarrissage naturel emploient 3 salariés et éliminent chaque année, grâce
aux vautours, 140 (cent quarante) tonnes d’ovins et de caprins morts (les collectes
concernent 150 à 200 éleveurs du Vercors et des Baronnies).
Sans compter les placettes
d’équarrissage particulières « agréées » sur lesterrains des éleveurs volontaires
et les tonnes de cadavres éliminés chaque année sur les zones d’estive
prévenant ainsi des risques de pollution des sources et rivières ;
- Que les vautours jouent,
ainsi, et particulièrement en montagne, un rôle sanitaire essentiel ;
- La LPO Drôme redit
qu’elle est prête à apporter toute son aide et sa compétence dans la biologie
et l’éthologie des vautours aux professionnels de l’élevage et aux services de
l’Etat pour une bonne cohabitation entre pastoralisme et vautours.
À Messieurs les Préfets des régions
Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur
Lyon, le 10 juillet 2013
Réf. MM/MPDT/2013-69
Objet : Intervention de
vautours fauves sur bétail encore vivant : prévention et gestion de crises
éventuelles.
Messieurs les Préfets des régions Rhône-Alpes et
Provence-Alpes-Côte d'Azur,
Depuis quelques années
dans les Alpes françaises et dans le Massif Central, les media font état
d’interventions, réelles ou supposées, de vautours fauves sur bétail encore
vivant.
Et ce sur un mode
remettant souvent en cause la coexistence paisible entre monde de l'élevage et
populations de vautours fauves.
Quelques éleveurs ont cru
que des vautours étaient impliqués dans la mort d'une partie de leur cheptel. A
notre connaissance, il a chaque fois été prouvé qu’il n’en était rien 1.
A partir d’une présentation par les media souvent
sensationnaliste, partielle, voire partiale, se sont développées des polémiques
locales, mettant en cause les
politiques de l'Etat de restauration des rapaces nécrophages (biodiversité) et
des services et bénéfices pour les éleveurs eux-mêmes comme pour la société en
général.
Il est certain que des
expertises menées par les services de l'Etat auraient permis dans la plupart,
voire dans tous les cas, de lever les doutes et éviter de ce fait que, sous l'effet
des media, les rumeurs colportées engendrent des polémiques locales et
remettent en cause les politiques de l'Etat envers les rapaces nécrophages.
Alors que la transhumance
est en cours, il paraît opportun d’anticiper dès maintenant d’éventuels incidents
et de prévenir :
· Toute nouvelle dérive,
toujours possible faute d’une information factuelle, complète, solide,
· Toute
instrumentalisation lui donnant un écho démesuré au profit d’intérêts qui ne
sont ni ceux des éleveurs, ni ceux de la restauration de la biodiversité, ni
ceux de la société en général et pas davantage de l’ordre et des pouvoirs
publics.
En 2011, le Ministère de
l'Environnement a mis en place une procédure de gestion de crise décrite dans
la Circulaire du 16 juin 2011 relative au Vautour fauve et aux activités
d'élevage (Ministère de l'Environnement et Ministère de l'agriculture, cf. http://circulaires.legifrance.gouv.fr/).
Cette circulaire
"engage les préfets de région et de département concernés à mettre en œuvre
différentes mesures de nature à concilier la présence du vautour fauve et les
activités d'élevage avant la mise en place en 2012 d'un plan d'action sur le
sujet". Elle fait état au chapitre 2 de "l'expérience acquise dans
les Pyrénées de l'impact du vautour fauve sur le bétail domestique" et
résume les actions conduites depuis 2002 et surtout 2007 dans les deux départements
des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées. Ceci avec notamment la définition
d'une procédure d'analyse lors d'événements où de supposés dommages sont constatés
sur le bétail.
Dans tous les départements
de Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur, seule la DDT de la Savoie a,
depuis 2011, mis en place une telle procédure. Les signataires s'inquiètent de l'inégalité
d'intérêt de l'administration selon les départements et de son apparente
inaction, Savoie exclue. Ceci en dépit des différentes alertes et messages déjà
émis, notamment par les structures gestionnaires des populations de vautours de
la Drôme. La restauration de la présence, saisonnière ou pérenne, des diverses
espèces Vautours est en cours dans les régions Rhône-Alpes et PACA. Or leur
présence ancienne s'est effacée de la mémoire collective des acteurs locaux. La naissance de rumeurs infondées, le
développement de controverses, y sont d’autant plus à craindre. Il importe
de les prévenir. Dans l'attente du plan d'action Vautour fauve, l’application
de la circulaire ministérielle du 16 juin 2011 (cf. supra) en donnera les
moyens. Les signataires demandent la simple application d'un certain nombre des
mesures qu’elle préconise :
a) Mise en place au niveau
départemental d'une cellule opérationnelle de veille par les services de l'Etat
et des établissements publics concernés permettant de surveiller l'impact, réel
ou supposé, de vautours fauves sur les activités d'élevage, avec le concours
des organisations concernées ;
b) Formation ad hoc de
vétérinaires. L'expertise vétérinaire constitue la donnée technique établissant
la nature et la chronologie des faits conduisant à la mort de l'animal. Elle
permet de déterminer si l'intervention de vautour(s) a commencé avant la mort
de l’animal et, dans ce dernier cas, s’il était ou non en plein possession de
ses moyens : état physique, liberté de mouvements, etc. La crédibilité exige
que les expertises ne soient jamais réalisées par un vétérinaire ayant un
rapport de clientèle avec l’éleveur concerné ;
c) Mise en place d'un
programme d'information sur les réalités de la biologie et l'écologie des
vautours, dirigée vers les services de l'Etat concernés (ONCFS, l'ONF, les DDT
et DREAL) et vers le monde de l'élevage, ainsi que les bénéfices de leur présence,
notamment pour les éleveurs 2.
d) Mise en place d'un plan
de communication apportant aux éleveurs toutes les informations nécessaires
pour suivre la procédure adéquate lorsque, observant des vautours sur les
cadavres de leurs animaux, ils ont des doutes quant au rôle de ces oiseaux dans
la mort du bétail.
e) Mise en place d'une
communication portant à la connaissance de tous les publics les résultats des
expertises réalisées par les services de l'Etat3.
f) Harmonisation de cette
procédure à tous les départements de Rhône-Alpes et PACA.
g) Conduite d'une analyse
prospective sur l'organisation d'un équarrissage naturel.
Il serait très
regrettable, et incompréhensible, que ces préconisations de la circulaire ministérielle
du 16 juin 2011 ne soient pas appliquées dans l'ensemble des départements
concernés des régions Rhône-Alpes et PACA.
L'ensemble des signataires
souhaite que le nécessaire soit fait rapidement dans chacun des départements
concernés des régions Rhône-Alpes et PACA pour qu’on y dispose très prochainement
d’une procédure harmonisée.
Nous vous prions d'agréer, Messieurs les Préfets, l'expression de notre plus
haute considération.
1 Dans deux cas grâce à des vétérinaires :
· En 2012 dans la Drôme :
brebis tuées par petit canidé ;
· Il y a quelques années
dans l’Ardèche une brebis et ses agneaux : intervention des vautours post
mortem.
2 Cf. Choisy J.-P. (2011) Les vautours à la croisée des politiques de
biodiversité, du tourisme, de l’environnement et de l’agriculture. Courrier de
l’Environnement, INRA, n°61, déc. 2011 : 69-83.
3 C’est une nécessité didactique de les replacer dans le seul cadre
explicatif opératoire : la biologie du comportement des vautours.
Les signataires :
SYNDICAT DE GESTION ASTERS VAUTOURS EN BARONNIES
DES GORGES DE L'ARDECHE : Christian SCHWOEHRER, Roger JEANNIN, Paul LAVIE, LPO RHONE, ALPES LPO PACA, Marie-Paule
DE THIERSANT, M. Gilles VIRICEL, LPO AIN, LPO ARDECHE, LPO DRÔME,
Brigitte FOURNIER, Bruno RAOUX, Gilbert DAVID, LPO ISERE, LPO LOIRE, LPO SAVOIE, Serge RISSER, Patrick BALLUET,
Yves JORAND, LPO RHÔNE, LPO HAUTE-SAVOIE, Elisabeth
RIVIERE, Jean-Pierre MATERAC.
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