OGM : Nathalie Kosciusko-Morizet et Chantal Jouanno
se rallient à l'appel des trois anciennes ministres de l'Ecologie Corinne
Lepage, Dominique Voynet et Ségolène Royal qui ont lancé fin octobre un appel pour revoir les
autorisations de mise sur le marché des OGM...
Après la polémique
suscitée par l'étude Seralini sur la possible toxicité d'un maïs OGM, cinq
anciennes ministres ou secrétaires d'Etat à l'Ecologie dépassent le
traditionnel clivage gauche-droite pour défendre ensemble le principe de
précaution. «Ne nous laissons pas impressionner par les pressions des
industriels», clame Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat du gouvernement Fillon
de 2009 à 2010. La sénatrice centriste (UDI) s'est ralliée à l'appel lancé fin
octobre par trois ex-ministres de l'Ecologie, Ségolène Royal (PS), Dominique
Voynet (EELV) et Corinne Lepage (Cap 21), rejointes rapidement par l'ancienne
ministre UMP Nathalie Kosciusko-Morizet.
«L'approche partisane
n'est pas de mise»
Venues de gauche, du
centre et de droite, les cinq femmes demandent à travers cet appel que «soient
revues, comme le permettent les textes communautaires et nationaux, les études
qui ont permis l'autorisation de mise sur le marché du NK603», le maïs OGM de
Monsanto étudié par le biologiste Gilles-Eric Seralini. L'étude, publiée le 19
septembre par ce chercheur engagé, mettait en avant la toxicité possible de ce
maïs génétiquement modifié pour résister au RoundUp, un herbicide également
commercialisé par la compagnie américaine. Deux organismes sanitaires français ont
depuis réfuté ces conclusions alarmantes tout en recommandant des études sur
les effets à long terme de la consommation d'OGM, quasi inexistantes
aujourd'hui.
Les trois initiatrices de
l'appel rappelaient leur «attachement au principe de précaution qui doit
l'emporter sur la présomption de non-toxicité de ces produits». Cet appel «doit
être entendu», estime NKM, même si elle «ne partage pas (les) options
politiques» de ses co-signataires. «Sur un sujet qui touche à la santé de nos
concitoyens, l'approche partisane n'est pas de mise», renchérit Chantal
Jouanno.
«Au niveau des partis, il
n'y a pas de culture commune sur cette question»
En politique, le débat sur
les OGM ne se résume pas au simple clivage gauche-droite. Nathalie
Kosciusko-Morizet, alors secrétaire d'Etat à l'Ecologie, avait subi en 2008 les
foudres de son camp lors d'un débat parlementaire sur les OGM. NKM avait dû
présenter des excuses à Jean-François Copé, alors chef de file des députés UMP,
et Jean-Louis Borloo, son ministre de tutelle, après avoir laissé entendre dans
la presse qu'ils ne la soutenaient pas suffisamment. Dans le cadre de l'étude
du professeur Séralini, le député UMP Bernard Accoyer s'était montré le plus
virulent lors de l'audition du chercheur par trois commissions de l'Assemblée
nationale début octobre. Mais le sénateur François Grosdidier, également UMP, a
pour sa part soutenu financièrement l'étude en puisant 100.000 euros dans sa
réserve parlementaire en 2006, alors qu'il était député.
«L'émergence de la prise
en compte des OGM en France a été davantage une position de personnalités,
souvent minoritaires, que de partis», décrypte Benoît Hartmann, porte-parole de
France Nature Environnement (FNE). «Au niveau des partis, à droite comme à
gauche, il n'y a pas de culture commune sur cette question, à part chez les
Verts», estime-t-il, notant que le «vrai clivage est entre ceux qui sont
informés et ceux qui ne le sont pas suffisamment et peuvent ainsi se laisser
instrumentaliser.» Sans souscrire en tant que tel à l'appel des ex-ministres,
le centriste Jean-Louis Borloo, en charge de l'Ecologie entre 2007 et 2010,
estime lui aussi que, «après avoir obtenu le moratoire sur le Monsanto MON810
(en février 2008), il paraît aujourd'hui indispensable de revoir les conditions
d'expertise».
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