Nouveaux affrontements sur le site du futur
aéroport de Nantes
(Photo : Affrontements
entre la police et les opposants à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le 24
novembre 2012. Jean-Sébastien Hébrard)
Huit personnes ont été
interpellées et trois blessées sur le site de Notre-Dame-des-Landes...
Des milliers de
manifestants protestant contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes se
sont rendus en fin d'après-midi à la préfecture de Nantes. Les CRS utilisent
des lances à eau pour tenter de les disperser, rapporte l’AFP. Certains
opposants lancent des pierres contre les forces de l'ordre, en scandant
«libérez la ZAD, libérez la ZAD» (Zone d'aménagement différé de l'aéroport) ou
«Ayrault, salaud», en référence au premier ministre Jean-Marc Ayrault, ancien
maire de Nantes
De nouveaux affrontements
ont éclaté ce samedi à
Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, entre les forces de l'ordre et les
opposants au projet d'aéroport qui suscite un malaise de plus en plus profond
chez les écologistes, et des milliers de citoyens, et des élus alliés au
gouvernement. Des cailloux, fusées de détresse et cocktails Molotov ont été
lancés en direction des gendarmes et CRS qui ont riposté par des tirs de
grenades, lacrymogènes ou assourdissantes. La préfecture de Loire-Atlantique a
signalé deux blessés du côté des opposants et un du côté des gendarmes,
transportés à l'hôpital pour des examens, dans cette contestation qui ne cesse
de grandir sur le terrain depuis un mois. Huit personnes ont été interpellées,
principalement pour des violences sur personne dépositaire de l'autorité
publique. Alors que les violences policières sont considérées comme normales
dans une démocratie aux aboies.
«Empêcher le camp de prendre des proportions
indestructrices»
Après une grande
opération d'expulsion menée sur trois sites vendredi, les gendarmes mobiles ont
pour mission de protéger l'intervention des entreprises du BTP mobilisées pour
la destruction illégales de maisons et cabanes en bois dans laquelle les
opposants sont installés depuis des mois. «L'objectif de l'action en cours est
d'éliminer toutes les constructions pour empêcher le camp de prendre des
proportions indestructibles», précise la préfecture de Loire-Atlantique, qui
évalue le nombre d'opposants sur place à «500, dont 150 très agressifs». En
réalité plus de 5000 personnes dont les trois quart de Loire Atlantique.
Les opposants au projet, des
agriculteurs, des étudiants, des retraités, des activistes, des élus ou de simples
citoyens, réfutent tout problème de saturation ou de sécurité de l'aéroport
actuel. Ils dénoncent la destruction d'une des dernières zones de
biodiversité exceptionnelle du département. Leur manifestation, il y a une
semaine à Notre-Dame-des-Landes, a rassemblé 48.000 personnes. «Le débat
public a déjà eu lieu, entre 2002 et 2003 pendant cinq mois. Il y a eu 16
réunions publiques, qui ont rassemblé 7.500 personnes», a déclaré Christian de
Lavernée, préfet de la région Pays de la Loire. « Réunion bidon et
consultation manipulatoire » pour les habitants.
Cohn-Bendit dénonce «une façon de gouverner
complètement archaïque»
Mais le gouvernement
autiste a affiché samedi sa détermination à mener à bien un projet porté par le
Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes. Les ministres de
l'Ecologie, des Transports et de l'Agriculture, Delphine Batho, Frédéric
Cuvillier et Stéphane Le Foll, à la botte, ont confirmé dans un communiqué la
«nécessité de poursuivre le déroulement du projet de transfert de l'aéroport de
Nantes-Atlantique, porté par deux régions, sept départements et les
intercommunalités de Nantes, Rennes, Saint-Nazaire et La Baule». Le
gouvernement réitère les engagements pris pour respecter la biodiversité et la
préservation des terres agricoles. Les ministres soulignent par exemple que les
250 hectares qui seront «artificialisés» seront compensés par la mise à
disposition de friches agricoles disponibles.
Archaïsme politique
Sur le plan politique, les
écologistes critiquent de plus en plus un dossier qui devient brûlant pour la
majorité. L'envoi d'un demi-millier de gendarmes pour empêcher les opposants
d'occuper le site est «une façon de gouverner complètement archaïque», estime
le cofondateur d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Daniel Cohn-Bendit. Pour
lui, «la manière dont cela se passe à Notre-Dame-des-Landes rend de plus en
plus difficile le maintien des écologistes au gouvernement», où le PS croit
«que l'on peut piétiner et les écologistes et les enjeux écologistes». EELV
avait déjà déploré vendredi l'ampleur de l'intervention des forces de l'ordre
«face à quelques centaines de militants et d'agriculteurs», critiquant «une
conception pour le moins étonnante de la 'force du droit' où il y a plus de
force que de droit».
Selon la préfecture, les
expulsions des jeunes se justifient par l'imminence des travaux préparatoires à
la future desserte routière de l'aéroport, qui doivent démarrer en janvier 2013.
Ceux de l'aéroport à proprement parler doivent débuter en 2014, pour une mise
en service en 2017. La construction et la concession du futur aéroport, situé à
30 km au nord de Nantes, ont été confiées au groupe Vinci, qui évalue son coût
à 560 millions d'euros. Il en déboursera 320, le reste étant payé par l'Etat
(125,5 millions d'euros) et les collectivités locales (115,5 millions d'euros).
Le projet est porté par l'Etat et soutenu par l'UMP, le Parti Communiste
Français et des élus socialistes. Belle brochette de productivistes invétérés
et de discoureurs sur l’environnement. Encore un Greenwashing de gauche. L’UMP
étant en décomposition.
MDC-APL
Notre-Dame-des-Landes: Pourquoi les écologistes
s'opposent à la construction de l'aéroport
Le projet d'aéroport dans
la région nantaise divise les écologistes et le gouvernement...C’est un
«Ayrault-port» dont ils ne veulent pas. Bon nombre d’associations, riverains,
agriculteurs ou militants environnementaux ne désarment pas contre le projet
d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, en Loire-Atlantique, alors que le Premier
ministre, Jean-Marc Ayrault, a répété ce mercredi que l’aéroport «se
fera».
Un aéroport de plus ou de trop?
«La première raison pour
laquelle nous sommes opposés à l’aéroport, c’est parce qu’il n’y en a pas
besoin!» explique Dominique Fresneau, de l’Association citoyenne intercommunale
des populations concernées par le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes
(Acipa). «L’aéroport de Nantes Atlantique compte trois millions de passagers,
alors que Gatwick (Angleterre) fait voyager 35 millions de passagers par an
avec la même surface», poursuit l’opposant au second aéroport nantais. Pour France
Nature Environnement (FNE), «le projet est surdimensionné, tablant sur une
augmentation délirante de la fréquentation». Si le trafic s’est en effet
intensifié ces dernières années à Nantes-Atlantique, c’est en grande partie à
cause de l’arrivée des compagnies low-cost. «Mais le low-cost ne vient que si
on l’aide par des subventions, et on ne sait pas combien la métropole nantaise
leur donne», reproche Dominique Fresneau.
Même si l’on considère que
le trafic de la métropole nantaise augmentera dans l’avenir, l’avion n’est pas
la meilleure solution, pensent les opposants au projet. «Il y a des
alternatives possibles, comme le train pour des longues distances», argue
Dominique Fresneau. Si les Nantais ne partiront pas en vacances aux Maldives en
TGV, l’impact écologique de l’avion ne semble pas compatible avec les objectifs
de réduction des gaz à effet de serre européens. «Comment diviser par quatre
nos émissions si on continue d’ajouter de nouveaux postes d’émissions les plus
générateurs de CO2?» questionne FNE.
«Une bagarre pour avoir la plus grosse… ville»
Notre-Dame-des-Landes va
également à l’encontre des engagements du Grenelle de l’environnement en termes
de biodiversité, poursuivent les anti-aéroport. A l’heure où l’on parle de
trames vertes et bleues et de lutte contre l’artificialisation des sols,
Dominique Fresneau rappelle que l’aéroport «détruirait 1.650 hectares de
bocage, dont certaines zones sont classées pour leur intérêt écologique». Adieu
flûteau nageant, pédiculaire des marais, rainette arboricole et triton marbré?
«Le fonctionnement même de l’infrastructure sera en outre source de nombreuses
pollutions nouvelles liées à son exploitation (kérosène, trafic routier,
dégivrant, bruit…)», ajoute FNE.
Pour Dominique Fresneau,
le projet est incohérent avec une politique équilibrée d’aménagement du
territoire et repose uniquement sur des ambitions locales. «Entre Bordeaux et
Nantes, c’est une bagarre pour avoir la plus grosse… ville», ironise-t-il. «Il
faut oser renoncer aux infrastructures nuisibles à l’environnement et pour
lesquels le service rendu est douteux, déclare Bruno Genty, président de FNE.
Voilà qui constituerait un signal fort de l’engagement de l’Etat pour la
transition écologique, au-delà des discours.»
Audrey Chauvet
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