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dimanche 4 novembre 2012

L' alliance des "réacs" entrave la tarification progressive de l' énergie...



Politiques : Communistes et UMP ne font plus Chambre à part
Le Sénat rejette la tarification progressive de l'énergie. Le principe de tarification progressive : plus on consomme, plus l’énergie est chère…est de bon sens et promis par le candidat  François Hollande.
Le texte retoqué au Sénat prévoyait  une facturation des consommations de gaz et d'électricité selon un système de «bonus-malus». Une motion d'irrecevabilité présentée par les communistes a été votée.
Le Sénat a torpillé dans la nuit de mardi à mercredi le texte PS sur la tarification progressive de l'énergie à la suite d’une fronde des élus communistes, un nouveau coup de semonce pour le gouvernement après la censure du texte Duflot sur le logement.
Une motion d’irrecevabilité présentée par les sénateurs communistes du CRC et déjà votée jeudi en commission des Affaires économiques, a été ratifiée en séance avec l’apport des voix des sénateurs UMP et centristes.
Au Sénat, début octobre. La majorité de gauche tient à six voix au palais du Luxembourg.
Désunion : Deux textes soutenus par le gouvernement ont été rejetés hier et avant-hier par des sénateurs du CRC alliés à la droite.
Ils en pousseraient presque un ouf de soulagement : puisque c’est une proposition de loi (PPL, un texte d’origine parlementaire) et que la friture ne vient pas (cette fois) des rangs de l’équipe Ayrault, le rejet mardi au Sénat du texte sur la tarification progressive de l’énergie ne peut être rangé dans la liste des «couacs» gouvernementaux. Mais, pour les chefs de la majorité, cette affaire est un sérieux signal d’alarme : c’est le premier texte soutenu par le gouvernement à se faire retoquer par le Parlement depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir, au printemps.
«Collusion». Circonstance aggravante, la PPL, rédigée par le député de l’Isère François Brottes et instaurant un système de bonus-malus sur la consommation, a été repoussée grâce à une alliance de circonstance entre les sénateurs communistes (CRC) et ceux de l’UMP. Qui ont remis ça moins de douze heures plus tard au sein de la commission des Finances de la Chambre haute pour rejeter la loi de programmation budgétaire.
Face à ces coups de canif dans le pacte majoritaire, l’exécutif faisait mine de relativiser, hier. «Le Sénat est à gauche, mais il n’y a pas de majorité de gouvernement au Sénat : nous ne le découvrons pas aujourd’hui», explique un conseiller de l’Elysée. De fait, depuis septembre 2011, la majorité de gauche tient à six petites voix, et elle est composée de quatre familles : les socialistes, les radicaux, les communistes et les écologistes. Un Rubik’s Cube parlementaire délicat à manier, comme l’a prouvé le projet de loi sur le logement. Les sénateurs radicaux ont menacé de ne pas le voter il y a quinze jours, avant que le texte ne reparte à la case départ, annulé pour vice de procédure par le Conseil constitutionnel.
La vraie (mauvaise) surprise, c’est donc la combinaison des voix communistes et UMP. Une «collusion contre nature», selon le groupe PS du Sénat. Qui fait flotter un «petit parfum de IVe République» sur le palais du Luxembourg, appuie le ministre des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies.

«Lobby des pro-nucléaire au aboi». Les communistes qui votent avec la droite pour bloquer un texte préparant la transition énergétique ? «On assiste à la résurgence de l’alliance productiviste entre gaullistes et communistes. C’est comme ça que la France s’est engouffrée dans le nucléaire dans les années 70», s’époumone un sénateur socialiste, dénonçant la main du «lobby électricien» dans le coup de théâtre parlementaire. Les sénateurs socialistes estiment que certains ont voulu faire payer à François Hollande sa volonté de réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique français. Au final, les communistes ont «basculé dans l’opposition. Ils font de l’obstruction au Sénat pour se faire entendre», déplore un ministre. «On est loin de la révolution», soupire-t-il.
Etre entendus, c’est exactement ce que veulent les sénateurs communistes, qui, dans la droite ligne de leur candidat à l’Elysée, Jean-Luc Mélenchon, posent en «ayants droit» de la victoire de Hollande. Mais, face au mastodonte socialiste à l’Assemblée, il leur est quasiment impossible d’exister. Le Sénat est donc devenu leur unique caisse de résonance parlementaire. L’arrivée de Pierre Laurent, numéro 1 du PCF, sur les bancs du palais du Luxembourg fin septembre «radicalise aussi un peu les choses», glisse un conseiller ministériel, qui prédit d’autres votes négatifs, sur le projet de loi de finances ou le budget de la sécu. «Les sénateurs n’acceptent pas qu’on les chatouille sur le cumul des mandats : ils prendront tous les prétextes pour nous le rappeler», pronostique une ministre.
Pour la PPL Brottes, la balle est revenue dans le camp de l’Assemblée, mais les présidents des groupes PS des deux Chambres, Bruno Le Roux et François Rebsamen, ont annoncé une réunion afin de «prendre en compte le travail des sénateurs pour simplifier le texte», qualifiée «d’usine à gaz» par certains. Les communistes devraient figurer tout en haut de la guest list.
Productivistes contre progressistes
Le gouvernement est déterminé à faire aboutir ce texte» a déclaré après le vote la ministre de l’Ecologie Delphine Batho. «Je regrette que des élus de gauche, du groupe communiste, aient pu être instrumentalisés par la droite pour bloquer un texte de justice sociale et d’efficacité écologique», a-t-elle lancé provoquant les protestations des rangs communistes.
Elle avait ouvert le débat en fin d’après-midi en souhaitant un «débat constructif et fructueux». Elle avait détaillé le texte qui prévoit l’instauration d’un tarif progressif consistant à facturer la consommation de gaz, d'électricité et de chaleur (quels que soient le fournisseur et le type d’offre souscrite) selon un système de «bonus/malus» ainsi que son volet étendant les tarifs sociaux de l'énergie.
«Ceux qui dénoncent une usine à gaz oublient la complexité des réformes dont ils sont à l’origine», a-t-elle souligné visant la droite qui a mis en minorité la majorité gouvernementale en se ralliant à la motion d’irrecevabilité communiste.
Une motion d'irrecevabilité présentée par les communistes a été votée.
Le Sénat a torpillé dans la nuit de mardi à mercredi le texte PS sur la tarification progressive de l'énergie à la suite d’une fronde des élus communistes, un nouveau coup de semonce pour le gouvernement après la censure du texte Duflot sur le logement.
Une motion d’irrecevabilité présentée par les sénateurs communistes du CRC et déjà votée jeudi en commission des Affaires économiques, a été ratifiée en séance avec l’apport des voix des sénateurs UMP et centristes.
La gauche n'étant majoritaire que de six voix au Sénat, la motion a été mathématiquement adoptée.
C’est le premier texte soutenu par le gouvernement à être retoqué par une chambre du Parlement depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir. Ce rejet de la proposition de loi (PPL) du député PS, François Brottes, le monsieur énergie de la campagne de François Hollande, sonne comme un désaveu du gouvernement.
«Le gouvernement est déterminé à faire aboutir ce texte» a déclaré après le vote la ministre de l’Ecologie Delphine Batho. «Je regrette que des élus de gauche, du groupe communiste, aient pu être instrumentalisés par la droite pour bloquer un texte de justice sociale et d’efficacité écologique», a-t-elle lancé provoquant les protestations des rangs communistes.
Elle avait ouvert le débat en fin d’après-midi en souhaitant un «débat constructif et fructueux». Elle avait détaillé le texte qui prévoit l’instauration d’un tarif progressif consistant à facturer la consommation de gaz, d'électricité et de chaleur (quels que soient le fournisseur et le type d’offre souscrite) selon un système de «bonus/malus» ainsi que son volet étendant les tarifs sociaux de l'énergie.
M. Courteau avait remanié de fond en comble le système de bonus/malus le rendant «plus lisible», a vivement combattu la motion s'élevant contre une «majorité de circonstance» PCF-UMP-Centriste. «Cette motion retarde l’adoption de cette PPL et donc des dispositions sociales pour les personnes les plus en difficulté» a-t-il aussi déploré.
«C’est un vote contre l’ouverture des débats sur la transition énergétique» au nom «d’un accord sur le tout nucléaire», a fustigé l'écologiste Ronan Dantec, faisant allusion à la position pro-nucléaire du PCF.
Des tarifs pour aider les plus pauvres…
Le rapporteur de la proposition de loi sur les tarifs de l'énergie, Roland Courteau (PS), a annoncé jeudi qu’il démissionnait de cette fonction, après que les sénateurs communistes, centristes et UMP ont regroupé leurs forces pour déclarer le projet irrecevable, mardi. 
Ce camouflet «stoppe brutalement les travaux de la commission»,
En projet en ce qui concerne l'énergie, un volume de consommation déterminé chaque année en fonction de trois critères (la localisation de l’habitation, la composition de la famille et le mode de chauffage) sera «facturé à un tarif de base soit sensiblement en-dessous du tarif actuel».
«Si vous passez au-dessus (...), vous aurez un premier puis un deuxième palier d’augmentation de tarif», a relevé François Brottes, soulignant que le tarif social dont bénéficient 600 000 à 650 000 ménages serait maintenu.
Le périmètre du tarif social, fixé «très en-dessous» du tarif de base, sera élargi à «à peu près 4 millions de ménages» considérés en précarité énergétique, a-t-il indiqué. Et «nous allons mettre en oeuvre un système de trêve hivernale généralisée pour qu’il n’y ait pas de coupure d'électricité l’hiver».
Initialement : Portée par le député PS François Brottes, la proposition de loi instaurant une tarification progressive de l'énergie répond à une promesse de campagne de François Hollande. Elle instaure trois niveaux de consommation, à un tarif notablement inférieur à l'actuel en-deçà du premier seuil, supérieur au-delà du dernier. Coup d’envoi ce matin d’une des 60 propositions du candidat Hollande : le tarif progressif des biens de première nécessité que sont l’eau ou l’énergie. A rebours des lois du commerce qui multiplient les rabais pour que le consommateur achète en plus gros volumes, la révolution du tarif progressif fait exactement l’inverse. Discount sur les premiers mètres cubes d’eau ou kilowattheures (kWh) consommés, et surtaxation au-delà d’un certain seuil pour inciter à la sobriété.
François Brottes, député PS et président de la commission des affaires économiques, doit ainsi dévoiler sa proposition de loi (PPL) ce matin, avant de la déposer sur le bureau de l’Assemblée nationale. La première lecture est fixée au 26 septembre, avec la perspective d’une adoption avant la mi-novembre. Mais son effet sur les factures n’est pas attendu avant un an, le temps du réglage pour cette mesure complexe.
Paramètres. L’objectif est de faire baisser la facture en incitant à consommer moins et mieux, alors que l’énergie va coûter de plus en plus cher. Si le principe est simple, sa mise en œuvre est pavée de chausse-trappes. Jusqu’au bout, le texte a été remanié, et ses ambitions un peu rabotées. Selon la dernière version que Libération s’est procurée, l’eau, absente du dispositif, l’intégrera dans un second temps, à cause de la spécificité de sa gestion au niveau local. Seuls le gaz et l’électricité en réseau sont pour l’heure concernés. Le fuel et le GPL attendront aussi. Quelques rares pays pratiquent déjà des tarifs différenciés, mais aucun avec le niveau de modulation de la PPL. Qui doit éviter également de pénaliser les populations énergivores par nécessité. Trois paramètres sont retenus : la localisation géographique, la taille de la famille et le mode de chauffage. Car se chauffer à Mouthes (Franche-Comté), ville réputée la plus froide de France, coûte plus cher qu’à Nice.
Le croisement de ces trois paramètres donnera, pour chaque logement, un nombre de kWh pour le gaz et l’électricité. Sous ce plafond, le prix de l’énergie sera réduit. Au-delà, il sera majoré. Il n’y aura que deux tarifs, un bonus et un malus, mais une multiplicité de seuils puisqu’ils seront personnalisés. Leur établissement, forcément délicat, est renvoyé à des décrets.
Feuille d’impôt. Il avait aussi été imaginé de prendre en compte le DPE (diagnostic de performance énergétique), obligatoire lors de l’achat ou de la location d’un logement, afin de ne pas pénaliser les ménages modestes vivant dans des habitats énergivores, parce que mal isolés. Ce critère, difficile à mettre en œuvre, est abandonné. Par contre, le fisc monte en première ligne. La feuille d’impôt servira de support au recensement des ménages et au recueil d’informations. Seule la résidence principale sera concernée. L’habitat collectif, avec l’absence de compteurs individuels pour le chauffage, soulève une autre difficulté. Il sera néanmoins intégré. Inquisiteur, le dispositif sera suivi par la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés), dont un membre rejoindra le collège de la CRE (Commission de régulation de l’énergie).
Une autre difficulté sera de conjuguer ce dispositif avec celui en vigueur concernant les tarifs sociaux. Le champ des bénéficiaires sera élargi à tous ceux qui vivent sous le seuil de pauvreté, portant leur nombre de 650 000 aux 4 millions de foyers précaires. Les ménages modestes habitant «dans des passoires énergétiques» se verront appliquer une progressivité spéciale. La gageure sera ensuite d’identifier les logements énergivores et leur proposer des solutions. Par ces temps de disette budgétaire et face à des poids lourds, comme EDF ou GDF Suez, prompts à défendre leurs intérêts, le dispositif est conçu sur le papier pour être équilibré financièrement. Les bonus-malus seront gérés sur un compte de la Caisse des dépôts et consignations.
Mais cette révolution se heurte à de puissants intérêts. Jusqu’à présent, les producteurs se sont focalisés sur le risque de pénurie. «Les opérateurs se cristallisent sur les pointes de consommation, de façon à justifier des investissements supplémentaires et des prix toujours tirés vers le haut, analyse François Brottes. Il va maintenant falloir se mobiliser autour de systèmes qui inciteront les entreprises à moins tirer sur le réseau lors des pics de consommation.»
Delphine Batho, la ministre de l’Ecologie et de l’Energie, salue ce projet, dont le coup d’envoi coïncide avec le lancement du débat sur la transition énergétique. «C’est à l’Etat et au citoyen d’infléchir la politique énergétique en direction d’une plus grande sobriété, ce qui n’a pas été jusqu’à présent la pente naturelle du système», déclarait-elle à Libération. Hier, EDF disait avoir été consulté au début de l’été, mais tout ignorer du projet. Et mettait en garde : «Il va falloir éviter les effets d’aubaine.»
LAURE BRETTON, CATHERINE MAUSSION et DOMINIQUE ALBERTINI


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