La Droite n’avait pas osé, la Gauche l’a fait…
Arrestation politique : Aurore Martin, la
militante basque française a été remise a la Police espagnole.
(Photo : Aurore
Martin, le 28 juillet 2011 à Hasparren dans le sud de la France Gaizka Iroz)
- Elle a été interpellée
ce jeudi après-midi par les gendarmes dans les Pyrénées-Atlantiques...
La militante basque
française Aurore Martin, membre de Batasuna (parti légal) et recherchée par
Madrid, a été interpellée jeudi dans les Pyrénées-Atlantiques, un an après une
première tentative d'interpellation avortée et alors que l’ Etat français affiche
sa «fermeté» et sa connivence avec l’ Etat espagnol (de Droite) concernant l'ETA.
Aurore Martin était visée depuis le 13 octobre 2010 par un mandat d'arrêt
européen (MAE) émis par un magistrat madrilène pour «faits de participation à
une organisation terroriste, et terrorisme», en l'occurrence avoir participé en
Espagne à des réunions publiques comme membre de Batasuna.
Passible de 12 ans
de prison
Autorisé en France, Batasuna
est interdit en Espagne où il est considéré comme une organisation terroriste
depuis 2003 et interdite pour ses liens présumés
avec le groupe séparatiste basque ETA. En Espagne, Aurore Martin est passible
d'une peine de 12 ans de prison pour les faits qui lui seraient reprochés.
L'interpellation d'Aurore Martin intervient dans un contexte particulier,
quelques jours après que le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a indiqué,
lundi, au quotidien espagnol El Pais
que la France poursuivra «avec fermeté» son combat contre l'ETA (et non
Batasuna ?) tant qu'elle n'aura pas déposé les armes.
Arrêtée jeudi à la demande de Madrid, elle a dans
la foulée été remise aux autorités espagnoles devant lesquelles elle doit
comparaître prochainement.
Aurore Martin «a été transférée à la frontière pour effectuer son
extradition vers l’Espagne» et sera transférée «dans les prochaines heures dans les locaux de la
Garde civile à Madrid pour être ensuite présentée à l’Audience nationale»,
la principale juridiction pénale d’Espagne, a indiqué le ministère dans un
communiqué publié dans la soirée.
Selon le parquet général
de Pau, la remise à l’Espagne pouvait être immédiate, sans contrôle judiciaire
préalable, car la jeune femme avait épuisé toutes les voies légales de contestation
de ce mandat validé par la cour d’appel de Pau le 23 novembre 2010. La
Cour européenne des droits de l’Homme à Strasbourg avait rejeté en mai un
recours de la militante contre le mandat d’arrêt émis par Madrid.
«Situation ubuesque»
L’annonce de son arrestation a semé la
consternation d'élus du Pays
basque, de gauche comme de droite, certains y voyant un geste du ministre de
l’Intérieur Manuel Valls peu propice à la paix. Kotte Ecenarro (PS),
vice-président du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques, a ainsi déploré une
«situation ubuesque, incompréhensible en
plein processus de paix» tandis que l’UMP Max Brisson y voit «un mauvais signe pour la paix». Aurore
Martin, qui avait accordé plusieurs entretiens à l’AFP, avait fait l’objet
d’une première tentative d’arrestation à Bayonne le 21 juin 2011, avortée
suite à l’intervention de dizaines de militants accourus en solidarité, au
point que les forces de l’ordre avaient renoncé.
Situation Légale en France.
Entrée en clandestinité le
21 décembre 2010, elle était par la suite réapparue publiquement lors de
quelques manifestations au Pays basque. A l'époque, le mandat délivré à son
encontre avait déjà suscité une levée de boucliers. Plusieurs voix s'étaient
ainsi élevées (partis politiques y compris la section locale du PS,
associations, syndicats, organisations de défense des droits de l’Homme) pour
dénoncer une procédure d'«extradition»
d’une Française basée sur des faits qui sont légaux en France. Dimanche, deux
militants présumés de l’ETA ont par ailleurs été arrêtés à Mâcon, dont Izaskun
Lesaka Argüelles, figure majeure du groupe séparatiste basque. L’ETA, groupe
armé classé organisation terroriste par l’Union européenne et les Etats-Unis, a
annoncé le 20 octobre 2011 qu’il renonçait à la violence, après plus de
40 ans de lutte armée pour l’indépendance du Pays basque et de la
Navarre. Mais l’Espagne comme la France exigent le démantèlement complet
de son arsenal et sa dissolution sans conditions, ce à quoi l’ETA se refuse
toujours.
Pourquoi maintenant ?
C'est en effet la première
fois qu’un ressortissant français est remis à l’Espagne pour des faits liés aux
affaires basques, selon une source policière, citée par l’AFP. Précision
juridique: depuis sa mise en place il y a dix ans, le mandat d’arrêt européen
remplace le système d’extradition en imposant à chaque autorité judiciaire
nationale de reconnaître, moyennant des contrôles minimums, la demande de
remise d’une personne formulée par l’autorité judiciaire d’un autre État
membre. «Je lutte non pas pour une
non-incarcération, mais pour une non-extradition en Espagne»,
soulignait-elle, et «s’ils me livrent à
l’Espagne, ça créera un précédent et cela bouleversera tout le système
juridique».
Qu'a décidé la justice espagnole ?
Jointe, Amaia Rekarte,
l’avocate d’Aurore Martin, a indiqué que sa cliente avait été présentée à 10
heures, ce matin à Madrid devant l’Audience nationale (la plus haute instance
pénale espagnole, ndlr). «Le procureur a
demandé son incarcération. Trois issues sont possibles: l’incarcération, la
libération sous caution ou sans caution.»
En fin de matinée, le juge
a décrété son placement en détention l’accusant d’un «délit d’appartenance à
une organisation terroriste». Selon le quotidien Sud Ouest, Aurore Martin a été
incarcérée sans possibilité de libération sous caution.
Comment a réagi Batasuna ?
Lors d’une conférence de
presse au siège de Batasuna à Bayonne, ce matin, l’un des responsables,
Jean-François Lefort, a jeté le doute sur le caractère «fortuit» du contrôle
routier qui a permis l’arrestation de la militante. «Nous réfutons la thèse d’un contrôle fortuit : au moment où
Aurore Martin a été arrêtée, il y avait un important peloton de gendarmerie à
un autre endroit où elle aurait pu passer.»
Il a aussi noté que le
mandat d’arrêt européen n’avait pas été appliqué par l’ancien ministre de
l’Intérieur Claude Guéant. «Il y avait un
accord tacite que Valls a cassé, une étape a été franchie», a-t-il
dit.
Pour Anita Lopepe, membre
de la coalition basque EH Bai, «Valls
s’aligne sur le Partido Popular, c’est un simple relais de Madrid à Paris».
Elle a estimé à «8 à 12» le nombre de militants basques français sous le
coup de MAE non encore activés.
«Nous exigeons l’arrêt
de toute forme de répression à l’encontre de tous les militants basques», a-t-elle ajouté, estimant que «la manifestation
en faveur des prisonniers basques prévue le 10 novembre de longue date prend
encore plus d’importance aujourd’hui».
Quelles sont les réactions politiques ?
Hier, l’annonce de son
arrestation a semé la consternation d'élus du Pays basque (de gauche comme de
droite) certains y voyant un geste du ministre de l’Intérieur Manuel Valls peu
propice à la paix.
«Ce que Claude Guéant
n’avait pas osé faire, le ministre de l’Intérieur de François Hollande, Manuel
Valls vient de le commettre.» réagissait hier la LDH, «Le gouvernement Ayrault vient d'écrire une page
déshonorante pour notre pays», fustige le conseiller municipal à
Pau, jugeant «insupportable et indigne»
qu’une ressortissante française, «militante
d’un parti autorisé en France, soit extradée pour des faits (...) non
punissables dans notre pays».
Kotte Ecenarro (PS),
vice-président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques, a ainsi déploré une «situation ubuesque, incompréhensible en plein
processus de paix» tandis que l’UMP Max Brisson y voit «un mauvais signe pour la paix».
Dans un communiqué
intitulé «Que cherche Manuel
Valls ?» EE-LV Pays basque s’est dit «choqué par l’attitude» du ministre «concernant le Pays basque et s’inquiète de voir
pratiquer une répression que rien ne justifie dans le climat actuel».
Le Comité de défense des
droits de l’Homme Pays basque a rappelé de son côté que «François Hollande lui-même avait apporté son
soutien à la jeune Aurore» quand il était candidat.
MCD-APL
Arrestation d’Aurore Martin : la LDH proteste et
condamne
La militante basque française Aurore Martin a été interpellée le 1er
novembre au matin, plus d'un an après une première tentative avortée à
Bayonne, ont annoncé la gendarmerie et le parquet.
Aurore Martin, membre de Batasuna, a été arrêtée à Mauléon
(Pyrénées-Atlantiques) en exécution d’un mandat d’arrêt européen délivré
par la justice espagnole, après un premier rejet récent pour insuffisance
de motif d’une demande identique. Cette arrestation atteste d’un
acharnement relayé par les autorités françaises.
La Ligue française des droits de l’Homme condamne avec force à la fois le
recours à une procédure aussi violente vis-à-vis des droits de la défense
et des libertés individuelles et l’aveuglement qui la sous-tend. Rappelons
que les juridictions espagnoles qui viennent d’obtenir la remise d’ Aurore
Martin sont des juridictions d’exception, ont été dénoncées par la Cour
d’appel de Pau comme ayant cautionné des actes de torture, et, pour cette raison, se sont vues refusées les demandes d’extradition formulées.
La décision du gouvernement français n’en est que plus incompréhensible et condamnable. Elle s’inscrit davantage dans la volonté d’une criminalisation des opposants politiques à l’initiative des gouvernements des deux pays que d’une lutte efficace contre le terrorisme.
La militante basque française Aurore Martin a été interpellée le 1er
novembre au matin, plus d'un an après une première tentative avortée à
Bayonne, ont annoncé la gendarmerie et le parquet.
Aurore Martin, membre de Batasuna, a été arrêtée à Mauléon
(Pyrénées-Atlantiques) en exécution d’un mandat d’arrêt européen délivré
par la justice espagnole, après un premier rejet récent pour insuffisance
de motif d’une demande identique. Cette arrestation atteste d’un
acharnement relayé par les autorités françaises.
La Ligue française des droits de l’Homme condamne avec force à la fois le
recours à une procédure aussi violente vis-à-vis des droits de la défense
et des libertés individuelles et l’aveuglement qui la sous-tend. Rappelons
que les juridictions espagnoles qui viennent d’obtenir la remise d’ Aurore
Martin sont des juridictions d’exception, ont été dénoncées par la Cour
d’appel de Pau comme ayant cautionné des actes de torture, et, pour cette raison, se sont vues refusées les demandes d’extradition formulées.
La décision du gouvernement français n’en est que plus incompréhensible et condamnable. Elle s’inscrit davantage dans la volonté d’une criminalisation des opposants politiques à l’initiative des gouvernements des deux pays que d’une lutte efficace contre le terrorisme.
Communiqué Ligue des Droits de l’Homme
Paris, le 2 novembre 2012
Paris, le 2 novembre 2012
Veyret Claude Président de la Section Locale
04 79 28 21 20
04 79 28 21 20
Section Dioise de la
Ligue des Droits de l’Homme
Chastel et Bassette
26150 Die
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