Les Femmes du bus
678 : Un «Bus», des abus.
Mohamed Diab évoque sans
clichés la lutte de trois Egyptiennes contre un fléau tristement banalisé. En
sortant de la salle, difficile de regarder les transports en commun comme
avant. Les Femmes du bus 678,
primé au dernier festival du Cinéma méditerranéen de Montpellier, dénonce un
fléau universel : le harcèlement sexuel.
Cette fois-ci, l’histoire
se déroule au Caire, et les victimes ont décidé de passer à l’action. Fayza,
une mère de famille voilée (interprétée par Bushra Rozza, star nationale
méconnaissable), est obligée de prendre le bus tous les matins pour se rendre
au bureau. Comme les autres passagères, elle y subit en silence les mains
baladeuses de congénères masculins. Seba, bourgeoise émancipée, donne des cours
d’autodéfense pour femmes, jusqu’au jour où elle se fait violer par une meute
de supporteurs, à côté de son compagnon. Nelly se bat contre sa famille
pour pouvoir porter plainte contre celui qui l’a agressée dans la rue. Les
trois femmes qui n’auraient jamais dû se rencontrer décident ensemble
d’utiliser la violence pour punir les harceleurs.
Dans ce film choral
rythmé, le harcèlement est montré comme un phénomène banal, récurrent. Assez
finement, le message féministe et humaniste de Mohamed Diab évite les clichés,
en montrant conjointement les inégalités et l’ampleur sociale du phénomène
(Seba peut faire son footing cheveux au vent, tandis que Fayza se couvre
entièrement pour sortir dans la rue). Et celle qui semble être la plus passive
est la première à se révolter.
Outre le personnage
simpliste du gentil inspecteur, ce sont finalement les hommes qui apparaissent
comme de tristes victimes - de leurs frustrations, des codes de virilité et de
l’honneur.
Les Femmes du bus
678 de Mohamed Diab
avec Nahed el Sebaï, Bushra Rozza, Nelly
Karim, 1 h 40 au Cinéma Le Pestel de Die
Ce jeudi 22 novembre à 20h30;
Vendredi 23 novembre à 15 h
Dimanche 25 novembre à 17 h30 et
Lundi 26 novembre à 20h30.
Kate Savalle : 04 75 22 03 19
SARAH BOSQUET
Violences faites aux femmes : les 25 novembre se
suivent et se ressemblent
En
1999 l'Assemblée générale des Nations unies déclarait que le 25 novembre serait
désormais la journée internationale de lutte contre les violences faites aux
femmes. Depuis, chaque année, les associations féministes se rassemblent pour
interpeller les gouvernements et faire reculer les violences sexistes.
En France, 75 000 femmes
sont violées par an et plus de 150 meurent sous les coups de leur compagnon ou
ex-compagnon. A peine 10 % des femmes violées portent plainte et environ 2 % des
violeurs sont condamnés. Le harcèlement sexuel touche 40 % des femmes en
Europe. Des chiffres qui dépassent l'entendement et qui ne bougent quasiment
pas d'une année sur l'autre.
Comme chaque 25 novembre, nous aurons sans aucun doute l'occasion d'entendre
le gouvernement rappeler ses engagements et le premier ministre fera quelques
annonces pour prouver sa détermination. Jouant dangereusement sur l'émotion
suscitée par un fait divers tragique, il déclarera vraisemblablement le
renforcement des dispositifs répressifs qui s'avèrent depuis des années peu
efficaces.
Parce que les responsables politiques refusent de
s'attaquer réellement aux violences sexistes, les 25 novembre se suivent et se ressemblent.
Les crimes sexistes sont
un fait social et politique qui nécessite un engagement qui aille largement
au-delà des mesures spécifiques contre les violences. Nous ne sommes pas
uniquement en présence d'une succession de faits individuels dramatiques :
quand 75 000 femmes sont violées chaque année dans un pays, cela fait
société. Les violences sont à la fois l'expression la plus dure de la
domination qui persiste sur les femmes et le reflet d'une organisation sexuée
de notre société, où femmes et hommes, s'ils ont légalement les mêmes droits,
n'ont pas encore les mêmes statuts et les mêmes possibilités d'émancipation.
Les violences sexistes ne
sont pas, pour l'immense majorité d'entre elles, le fait de psychopathes, de
malades qu'il faudrait soigner. Elles sont le fait d'hommes que tout le monde
qualifierait de "banals", pour lesquels on dirait – on l'a
d'ailleurs beaucoup entendu ces derniers mois – "je le connais bien, ce
n'est pas possible". Des patrons comme des employés. Des riches comme
des précaires. Des Français comme des étrangers. Des noirs comme des blancs.
Les violences sexistes concernent, pour l'immense majorité d'entre elles, des femmes
que tout le monde qualifieraient de "banales", pour lesquelles
on dirait "tiens, je n'aurais pas pensé que...". Des
cheffes d'entreprise, des mères de famille, des étudiantes, des employées ou
des cadres sup. Des femmes discrètes comme des grandes gueules. Des jeunes
comme des personnes âgées. Des minces comme des rondes. Des hétérosexuelles
comme des lesbiennes.
Ces violences sont une
honte pour notre pays. Et tant que la chape de plomb qui pèse sur elle ne sera
pas levée, l'égalité femmes hommes restera lettre morte.
Que la droite refuse
d'aborder les violences comme un fait social, cela se comprend aisément, elle
qui n'a jamais intégré dans son programme politique l'analyse des rapports
sociaux de sexe. Pour elle, les violences seraient une déviance qu'à force de
réprimer, on devrait pouvoir faire disparaître. De plus, vouloir lutter contre
un fait social d'une telle ampleur demande quelques moyens : pour éduquer,
pour prévenir, pour accueillir, pour juger, pour soutenir les associations. Et
puisque le gouvernement a fait de la rigueur et de l'austérité l'alpha et
l'oméga de sa politique, on l'imagine mal annoncer des moyens financiers pour
lutter contre des crimes qui au final, passent pour l'immense majorité d'entre
eux totalement inaperçus. La droite fait le pari qu'annoncer en grande pompe
des mesures sécuritaires ramènera sans doute plus d'électeurs du Front
national. C'est à la gauche de répondre à l'aspiration exprimée par des
dizaines de milliers de citoyennes et citoyens dans les différents appels
lancés par les associations féministes. Luttant pour l'émancipation des
individus de toute forme d'oppression, la gauche sait que les violences envers
les femmes dans la sphère privée et publique sont imbriquées dans les inégalités
qui existent dans toutes les sphères de la société : économique, politique et
sociale. La gauche sait aussi que c'est en parlant des violences, en faisant de
la domination masculine un sujet politique qu'on permettra de lever le silence
et d'entendre la parole des femmes, aujourd'hui bafouée. La gauche sait enfin
que si elle veut transformer en profondeur la société, elle doit faire de
l'égalité femmes-hommes une priorité de son mandat.
Si le nouveau gouvernement
qui est arrivé au pouvoir en 2012 prend des mesures immédiates pour enfin
appliquer la loi votée en juillet 2010, engage un travail massif de prévention,
d'éducation et de formation des professionnels, nous pourrons peut-être nous
retrouver le 25 novembre 2012 pour faire la fête. Mais pour ceci, il y a une
condition indispensable : intégrer dans les logiciels politiques une
analyse des rapports sociaux de sexe et affirmer la volonté de les transformer pour
aller vers l'égalité. Sur ce sujet, à gauche, le travail est devant nous.
Caroline de Haas, fondatrice de l'association Osez
le féminisme
Journée mondiale contre les violences faites aux
femmes
Le gouvernement a lancé
jeudi, à l'occasion de la journée mondiale contre les violences faites aux
femmes, vendredi 25 novembre, une campagne d'information sur les violences
conjugales, les viols et agressions sexuelles. Intitulée "Osez en
parler", elle rappelle le numéro d'Etat "39 19" d'aide aux victimes,
pour inciter les femmes à témoigner et porter plainte.
Il s'agit du premier volet
du troisième plan interministériel 2011-2013, présenté en avril dernier, doté
de 31,6 millions d'euros sur trois ans.
Ces violences
constituent "des crimes" et "un enjeu politique essentiel",
a indiqué la ministre des Solidarités, lors d'une conférence
de presse. En France, une femme décède tous les deux jours et demi,
victime de violence conjugale, a-t-elle rappelé, estimant que "pour
l'heure, le constat est accablant".
Seulement 2% de
plainte
Selon le bilan annuel sur
la délinquance de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses
pénales (ONDRP), en 2010, 22.963 faits
de violences sexuelles ont été constatés par les services de police et
de gendarmerie.
Et selon une enquête ciblée de l'ONDRP publiée en
juillet, 80.000 femmes ont déclaré avoir subi au moins un viol ou une tentative
de viol au sein du ménage entre 2008 et 2010. Durant cette période, 663.000 femmes et 280.000
hommes ont déclaré avoir subi desviolences physiques ou sexuelles sur deux
ans. Seulement 5% des femmes victimes de viol ou de tentative de viol de
leur conjoint l'ont signalé à la police, et seulement 2% ont porté plainte.
Violences sexistes
et sexuelles au travail
La campagne du
gouvernement, qui passe notamment par des annonces dans la presse et sur
internet, vise à promouvoir le numéro d'aide aux victimes de violences, le
"39 19". "Il n'apparaît pas sur les relevés téléphoniques,
est gratuit depuis un fixe et trois opérateurs de téléphonie mobile, Free,
Bouygues et Orange, viennent de s'engager à le rendre gratuit depuis un
portable", s'est réjouie la ministre.
Elle s'est par ailleurs
dite favorable à l'allongement de la prescription de 3 à 10 ans pour les
agressions sexuelles, réclamée par de nombreuses associations.
Le gouvernement prévoit de
lancer une deuxième campagne d'information sur les violences sexistes et
sexuelles au travail en mars prochain. Une troisième est prévue en 2013 sur la
prostitution.
Le 25 novembre,
mobilisez-vous contre les violences faites aux femmes
Chaque année le 25
novembre à l’occasion de la Journée Internationale pour l'élimination de la
violence à l'égard des femmes, de nombreuses associations et personnalités
appellent à la mobilisation en organisant à travers la France des animations.
Vendredi 25 novembre, à
travers toute la France de nombreux évènements sont organisés afin de dénoncer
et d’éliminer les violences dont sont encore victimes les femmes aujourd’hui.
Rendre
visible la question du viol
Le collectif Osez le
féminisme, en partenariat avec le Collectif contre le viol et Mix-cité, invite
par exemple les franciliens à venir combattre le tabou qui pèse sur les
victimes de viol en venant manifester à 18 heures place Igor Stravinsky dans le
4ème arrondissement de Paris. Osez le féminisme rappelle que 75 000 femmes sont
violées chaque année et que seulement 10% d’entre elles osent porter plainte.
L'objectif de ce rassemblement est donc de rendre visible la question du viol
dans le débat public et d'interpeller les candidates et les candidats aux
élections présidentielles sur des engagements précis par une Lettre ouverte.
Toutes
en jupe
En parallèle, un autre
mouvement propose une journée « Toutes en jupe » sur Internet et dans la «
vraie vie » en soutien à cette journée internationale contre les violences
faites aux femmes. « Toutes en jupe » compte ainsi booster le débat en faisant
le buzz. Déjà plus de 12 000 personnes sont inscrites sur la page Facebook de l’événement.
La parole aux hommes
Enfin l’association
Paroles de femmes se mobilise également en donnant cette année la parole aux
hommes. « Parce que l’égalité est aussi une affaire d’hommes, parce que la
lutte contre les violences doit se faire avec les hommes, Paroles de femmes a
demandé à 10 hommes, journalistes, écrivains, rappeurs, chanteurs, comédiens,
humoristes, sportifs, politiques de se mobiliser pour la journée internationale
contre les violences du 25 novembre », explique l’association dans son
communiqué. Ainsi Bruno Solo, Passi, Thomas Dutronc, ou encore Emmanuel Petit
ont donc décidé de témoigner et de briser le silence des hommes face à une
guerre des sexes qui n’a plus lieu d’être.
A cette même occasion, le
Mouvement Mondial des Mères International lance un vibrant appel afin que soit
ratifié, par un plus grand nombre de pays, la Convention du Conseil de l’Europe
sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la
violence domestique, Traité ouvert à signature depuis mai 2011, et qui à ce
jour n'a été ratifié que par une dizaine de pays.
Vous aussi mobilisez-vous ce vendredi contre les
violences faites aux femmes. Pour plus de renseignements sur ces
différents événements, rendez-vous sur les sites Internet des associations.
MCD-APL
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire