Un gouvernement en pleine crise d' autoritarisme et de déni écologique...

Les bonnes raisons de la démission de Delphine Batho

POLITIQUE - la version des acteurs au plus près du dossier...

La sanction n’a pas tardé. Dix heures à peine après avoir qualifié le projet de budget 2014 de «mauvais», Delphine Batho a été débarquée du gouvernement. Une démission qui contraste furieusement avec la passivité avec laquelle avait réagi l’exécutif lors de couacs précédents impliquant notamment Arnaud Montebourg, Vincent Peillon ou Cécile Duflot.

Depuis son interview dans Paris-Match début mai, François Hollande, vieil anti-écologiste,  avait déjà haussé le ton. «La ligne, c’est le président de la République qui la fixe. (…) Et il n’y en a qu’une, et une seule, au sein du gouvernement et de la majorité.» «C’était explicite et le Président l’avait confirmé le lendemain à l’Elysée», confie une source élyséenne qui assume «bien évidemment» le «message qui est envoyé» à la majorité. «Chacun doit prendre ses responsabilités.» «Depuis l’avertissement de François Hollande, les équipes de l’exécutif étaient vigilantes sur les couacs», abonde une autre source proche du dossier.

Des propos clairs et francs

Au-delà de cette réaffirmation de l’autorité ‘autoritaire’ présidentielle, l’exécutif pointe du doigt la gravité des propos de la désormais ancienne ministre de l’Ecologie. «Jamais un ministre n’avait tenu de propos aussi catégoriques. Le budget est l’expression la plus forte de la ligne politique. Ce n’était donc pas acceptable, glisse sibyllin l’Elysée. L’opinion publique, croit il,  a besoin de sentir une équipe gouvernementale soudée, qui fait corps, qui ne fait qu’un.»

Ce qui aurait particulièrement déplu au plus haut niveau, avance une source bien informée au sein du gouvernement, c’est que Delphine Batho n’aurait jamais fait part de ses réserves sur les arbitrages budgétaires auprès du président de la République ou du Premier ministre à l’issue du conseil des ministres.

L’importance d’un budget décent

«Le budget est un temps spécialement fort, il doit engager l’ensemble du gouvernement, insiste-t-on de source gouvernementale. Ce n’est pas l’engagement écologiste ni la parité [le gouvernement n’est plus paritaire désormais] qui sont en cause.» Et de mettre en avant le profil pseudo-écologiste de Philippe Martin, le successeur de Delphine Batho. Un argument répété en cercle mardi soir par la majorité pour tenter, sans succès, de rassurer les partenaires écologistes qui se sont aussitôt réunis autour de Cécile Duflot pour voir quelle suite donner à la crise.

Le député Noël Mamère évoquant même publiquement la question du maintien d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) au gouvernement. «A l’exception de l’éducation, de l’Intérieur et de la justice, tous les portefeuilles sont visés par l’effort budgétaire, ce n’est pas l’écologie qui est spécifiquement mise à contribution», insiste l’Elysée.

«Delphine Batho est une victime expiatoire, il y a eu des couacs plus bien violents. Elle n’a pas dit à Ayrault qu’il la faisait chier avec son aéroport, elle», observe, dubitatif et sous couvert d’anonymat, un député socialiste. «Au-delà d’elle, c’est bien l’écologie qui est visée, je ne vois pas comment ça va fonctionner avec les Verts.» Mardi soir, l’Elysée indiquait qu’une prise de contact entre le chef de l’Etat et les écologistes n’était pas à l’ordre du jour. Encore une erreur politique de François Hollande qui va perdre moult villes et Communautés de Communes aux prochaines élections municipales dans neuf mois.

21h02: Nicole Bricq attend de voir
La ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq, déjà débarquée de ce même ministère,  a estimé mardi qu'il appartenait aux ministres écologistes du Logement Cécile Duflot et du Développement Pascal Canfin de décider de rester au gouvernement ».

20h50: Hollande aurait tenté le dialogue avec Batho
Selon l'entourage du président de la République, François Hollande a appelé Batho qui a refusé de revenir sur ses critiques à l'égard du budget 2014, ce qu'elle a refusé. La ministre a alors été convoquée à Matignon par le Premier ministre et la décision de la congédier a été annoncée peu après par l'Elysée.

20h47: Batho n'aurait pas parlé des arbitrages avant
Selon nos informations, une source gouvernementale fait savoir que Batho ne s'est jamais manifestée auprès du premier ministre ou du président de la République sur les arbitrages.
20h42: Pompili (EELV) confirme que les Verts restent au gouvernement
 «Je peux vous dire que les Verts ne quittent pas le gouvernement», confie-t-elle à la presse. «La question de la sortie du gouvernement a été évacuée assez vite».

20h38 : Les verts ne quitteraient pas le gouvernement
Selon France 2, les verts auraient pris leur décision et resteraient au gouvernement.

20h22:Une «leçon de dignité» pour le Parti de gauche
Selon un communiqué du Parti de gauche «le pire crime de lèse majesté de ce gouvernement est donc de critiquer l'absence totale de prise en compte de l'écologie (...) Le Parti de gauche salue le courage de Mme Batho qui a prouvé qu'elle n'avait pas de muselière et a ainsi refusé de rentrer dans les clous des politiques d'austérité qui font tant de mal à notre pays. C'est une leçon de dignité et nous en attendons autant des ministres issus des rangs écologistes d'EELV qui continuent de trouver toujours de bonnes raisons à rester dans ce gouvernement, ainsi que des parlementaires EELV au moment de voter ce budget de régression sociale et écologique».

La baisse importante du budget de l'écologie pour 2014 montre que ce gouvernement se désintéresse des questions environnementales, exclusivement considérées comme un axe de communication, voire de captation de voix pour les élections. Après l'échec de Villeneuve sur Lot, l'exécutif n'a toujours pas engagé une analyse de fond, la décision de François Hollande est une nouvelle illustration d'un déni de la réalité et d'une fuite dans les jupes des patrons. Il est urgent de changer cette politique absurde et sans vision »

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